Culture

Cinéma/Disney+ : The Beatles : Get Back - The Rooftop Concert, de Peter Jackson (2022)

Auteur : Calisto Dobson
Article publié le 27 juin 2022 

Documentaire de 65 mn dans quelques salles.
Minisérie de trois épisodes de 2 heures sur Disney+.

[And so Rock ?] Rendons grâce à Peter Jackson, le réalisateur du Seigneur des Anneaux de bousculer un mythe bien ancré depuis plus de 50 ans : loin d’un groupe en perdition, les Beatles se sont séparés en pleine apogée créative. La qualité exceptionnelle de leurs derniers enregistrements aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. En voici les preuves définitives avec le mythique The Rooftop Concert du 30 janvier 1969 sur le toit de l’immeuble Apple Corp. (leur label de disque) et Get Back, la minisérie sur Disney+.

Let It Be, une infime partie de la réalité

Lorsque naît le projet d’un film autour des sessions d’enregistrement de ce qui deviendra Let it Be et Abbey Road, le diptyque final de la plus grande aventure pop de tous les temps, personne ne sait encore qu’il s’agit là d’un chant du cygne.
Michael Lindsay-Hogg, jeune réalisateur de 28 ans, est chargé par les Beatles eux-mêmes de faire un film autour du quotidien de leur  démarche créative de ce qui deviendra leur deux derniers albums.
Sa consigne ? Tout filmer, ne rien s’interdire. D’après la légende, le tournage aurait été brutalement interrompu après l’apparition de dissensions rendant l’ambiance délétère. Le film qui en fût tiré et titré Let It Be, disparu des radars depuis des lustres, montrera une infime partie de la réalité.

Reprendre 60 heures de rush

En 2017 Peter Jackson reçoit d’Apple Corps (entreprise fondée par les quatre de Liverpool en 1968), l’insigne honneur de mettre les yeux et les oreilles sur plus de 60 heures d’image et 150 heures de son inédits. Plusieurs années de visionnage, d’efforts et de montage aboutiront après le projet d’un film, à une minisérie de trois épisodes de 2 heures chacun disponible sur Disney+.
Ce document que nous pouvons sans aucune exagération qualifier d’exceptionnel retrace une toute autre histoire. Celle de quatre copains toujours espiègles, bourrés d’une envie irrépressible ; celle de faire la meilleure musique. Pour tout amateur de ce groupe enchanteur, les découvrir en studio plus de 50 années après développer leur processus créatif est un ravissement.

 

Un concert mythique restauré

Au-delà du documentaire, la récompense ultime ce sont ces 53 minutes de concert sur un toit, un jour froid de janvier 1969. Longtemps disponibles sous le manteau, les images et le son ont été méticuleusement restaurés en 4K.
Précipitez-vous en salle sur les quelques poignées de séances à venir. En dehors d’une profonde mélancolie qui pourrait vous étreindre, voir les Beatles en concert au sommet de leur art est ensorcelant. Le dispositif des 10 caméras installées par Lindsay Hogg qui a permis de saisir l’ambiance de la rue – les réactions des passants, certains amusés, d’autres enchantés et quelques uns grincheux – nous montre à quel point les temps ont  considérablement changés. L’intervention des bobbies est à ce titre d’une émouvante drôlerie.

Entre une séance de répétition et celle d’un enregistrement en direct face à un public de rue ne sachant rien de ce qui se passe. Les mots manquent tant il semble s’agir d’un rêve. Leur maîtrise tout en simplicité, leur décontraction, leur plaisir évident, pince le cœur lorsqu’on pense à ce qu’il est advenu quelque onze ans plus tard un certain 8 décembre 1980.

Chacun sait que cette alchimie ne sera jamais retrouvée. Perdre cet adjuvant produit par l’association de leur talent fût une grande perte. Plus aucun groupe de pop music n’a été capable de reproduire une magie pareille. Les quelques (célébrissimes) morceaux joués par les Beatles, de Get Back à I’ve Got A Feeling jusqu’à One After 909 en passant par Dig A Pony ou encore Don’t Let Me Down, nous laisse à nouveau orphelins des quatre mecs les plus cool de la Terre.

#Calisto Dobson

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