[Cinéma en salle] Promising Young Woman de Emerald Fennell (2021)

avec Carey Mulligan, Bo Burnham, Alison Brie , Alfred Molina et Clancy Brown. 108 mn.

#MeToo et #BalanceTonPorc entrainent certaines cinéastes féminines – Coralie Fargeat (Revenge , 2018) et  aujourd’hui Emerald Fennell (Promising Young Woman, 2021) – à se libérer des codes machistes du thriller pour en concocter de nouveaux d’une façon plutôt radicale, mais osons le souligner plutôt bien ficelé.

La vague #MeToo puis sa congénère française #BalanceTonPorc n’ont pas fini de déferler. Malgré leurs inévitables outrances il était sans aucun doute nécessaire que certains hommes apprennent à leurs dépens qu’une femme n’a plus à subir de quolibets sexistes et encore moins de violences sexuelles ou pas. Un réveil brutal a pu ainsi en saisir certains autres.
Alors que le milieu du cinéma a commencé une introspection qui peut parfois donner lieu à des scènes de camp de rééducation, les films s’emparent aussi du sujet sous toutes ses coutures.

Revenge de Coralie Fargeat

En dernière date, un thriller américain essore de façon assez radicalement maline le propos. Et lorsqu’il s’agit d’une réalisatrice, nous ne pouvons que saluer la réussite de l’entreprise. Pour ce qui est de la radicalité pure et dure exploitée par une femme derrière la caméra je conseille vivement Revenge de Coralie Fargeat… sorti en 2018 qui dans une esthétique éclaboussante de couleurs primaires relate la vengeance pleine de détermination furieuse d’une jeune femme de prime abord plutôt minaudeuse se révélera une fois violée particulièrement retors. La réécriture radicale du genre allait-elle constituer un référent ?

Le contre pied de Promising Young Woman, d’Emerald Fennell.

Un plan d’introduction sur des déhanchements d’hommes dans une boîte de nuit filmés à hauteur de pelvis, une façon de reluquer âprement une gente masculine sans glamour nous révèle une note d’intention. Un quarteron d’entre eux aviné au bar remarque une femme seule en piteux état (entendez complètement saoule) , sur une banquette. L’un des quatre se lance et se propose de la “raccompagner”. Or celle-ci est en fait un leurre. Elle piège les amateurs de femmes alcoolisées, proies faciles. Au moment fatidique elle les met face à leur bassesse et cherche ainsi à venger son amie d’enfance suicidée après une expérience dégradante de viol collectif soi-disant consenti sous l’effet de l’alcool. Enfermée dans son incapacité à faire le deuil de son amie elle fera le sacrifice de sa propre existence et de son bonheur pour que les coupables soient réellement traduits en justice.

Prenant  de bout en bout, sans aucune scène explicite à l’exception d’une scène (de meurtre) particulièrement dure, Emerald Fennell parvient à retourner le gant de la honte. L’originalité de son dispositif narratif met le doigt sur cette désinvolture que peuvent avoir les hommes envers l’intégrité des femmes. Cela n’a rien de révolutionnaire en soit mais permet d’enfoncer un peu plus le clou, pour en finir (enfin) avec ces excès testostéronés (complaisamment filmés en Occident) qui veulent que seule la virilité (triomphante ?) ai droit au chapitre.

#Calisot Dobson