Concert : L'invention du pianoforte... Cristofori 1709 à Florence, par le Teatro d'Arcadia (recithall)

9 avril 20h30, filmé en direct sur récitalhall.com

Après le concert, un « chat » est prévu avec Edoardo Torbianelli et l’ensemble Teatro d’Arcadia 
avec Christina Boner (soprano), Jan Thomer (alto), Marc Hantaï (traverso), Sam Chapman (théorbe), Leonardo Bortolotto (viole de gambe).
Production La Nouvelle Athènes/Festival baroque de Pontoise

Edoardo Torbianelli, la soprano Christina Boner et l’ensemble Teatro d’Arcadia invitent à faire une véritable remontée dans le temps à la fois esthétique et historique, précisément en 1709 à Florence. Avec les Duetti da Camera écrits par Alessandro Scarlatti, Giovanni Bononcini, Martino Bitti, Carlo Tessarini… les musiciens recréent l’audition d’un instrument inédit, le Gravicembalo col piano e forte (avec une copie Cristofori 1726 de Collection Kerstin Schwarz). L’invention ne cessera de se perfectionner en mécanique et en puissance sous le nom de pianoforte ou fortepiano jusqu’à certaines pages de titre d’œuvres de Schumann !

Trois questions à Edoardo Torbianelli fondateur de l’ensemble Teatro d’Arcadia

Pourquoi l’instrument de Bartolomeo Cristofori est révolutionnaire ?

Scipione Maffei mentionne l’innovation de Bartolomeo Cristofori (1655-1731) dans une importante revue scientifique et culturelle italienne pour la 1ere fois en 1711 : Gravicembalo col piano e forte, un clavier capable de graduer l’intensité du son. Cette innovation était décrite comme une chose depuis longtemps souhaitée mais considérée jusqu’alors irréalisable…
L’invention de Cristofori n’est devenue révolutionnaire que lorsque ce nouvel instrument (ou mieux le résultat de presque 80 ans d’évolution grâce à ses successeurs ….) a su interpréter les nouvelles exigences esthétiques d’une société en pleine transformation.

Ce genre de clavier – capable de sonner avec la douceur et l’harmonie d’une harpe-  saura inspirer dans les années suivantes de nouvelles atmosphères sonores liées aux expressions les plus intimes de l’être humain ou aux évocations de la nature.
À son époque, il faisait sensation par sa capacité à reproduire dans un jeu de touches la flexibilité d’une voix.

Qui était Bartolomeo Cristofori ?

Cristofori était un artisan facteur d’instruments de Padova, dont les expérimentations sur les claviers à dynamique variable (capacité de jouer forte ou piano) étaient arrivées à se faire connaître à la Cour des Medici à Florence à la fin du XVIIe siècle.
Invité par Ferdinando, habile musicien et grand mécène des arts, Cristofori deviendra le responsable de la collection d’instruments de la Cour, et développera dans ce contexte ses recherches constructives autour du prototype du « clavecin à marteaux », tout gardant une activité de facture et de restauration d’autres types d’instruments.
Grâce à son élève Giovanni Ferrini et une nouvelle génération de facteurs, le cembalo di martelletti (clavecin à marteaux) aura une diffusion très importante en Italie dans les décennies postérieures à sa mort.

Qu’a apporté l’invention du pianoforte ?

L’instrument à clavier à l’époque baroque était le seul instrument capable d’unifier sous les doigts d’une seule personne, de nombreuses voix – presque un « tableau pratique » des possibilités combinatoires de la polyphonie et du contrepoint…-. C’est la raison pour laquelle il était l’instrument privilégié du compositeur. Cette invention a probablement su conjuguer définitivement et avec grande envergure, l’aspect de pure maîtrise architecturale de la musique au clavier, avec la dimension sensuelle normalement associée à la mélodie vocale ou instrumentale.

Cette évolution s’est poursuivie jusqu’au piano, évocateur de l’orchestre ou du chanteur (d’opéra ou de lied…) de la grande tradition romantique.