Erwin Wurm, créateur de ‘sculptures photographiques’ (à la MEP)

Maison Européenne de la Photographie
jusqu’au 21 octobre 2020
du mercredi au vendredi de 11h à 19h45 – samedis et dimanches de 10h à 19h45
5/7 Rue de Fourcy, 75004 Paris

La recherche ‘sculpturale’ de la photographie

Il est encore temps de découvrir le travail – parfois loufoque – d’Erwin Wurm, artiste autrichien qui, faute d’entrer dans le département « sculpture » de l’Ecole des Beaux Arts de Vienne dont il rêvait, est reçu seulement dans celui « des arts plastiques », s’est pris à transformer littéralement le sujet photographique pour ne produire que des “sculptures photographiques”.

Rotoria, NZ (Hotels Rooms) 2001 Photo Olivier Olgan

Des apparences bousculées

Réunissant quelque 200 tirages réalisés depuis les années 1980, sur deux étages, la MEP offre une plongée dans les apparences sans cesse bousculées, toujours transitoires d’Erwin Wurm.

Né en 1954 à Bruck an der Mur, en Autriche, Il vit et travaille aujourd’hui entre Vienne (Autriche) et New York (Etats-Unis). Après des études à l’école d’Art appliqué de Vienne puis à l’Académie des arts plastiques de Vienne, Erwin Wurm concentre ses recherches sur la « déconstruction » de la sculpture.  Détournements d’objets quotidiens, décalages des usages et des corps, performances dans l’espace urbain ou intérieur,…son travail mêle pêle mêle au sens littéral sculpture, performances, vidéo, dessin et photographie, cimenté par un sens aigu de l’absurde des interactions provoquées, par nature éphémères mais que la photographie saisit sans mobile apparent.

Erwin Wurm, One minute sculptures 2000 Photo Olivier Olgan

Au cœur de ces connotations visuelles, la relation au corps, en plaçant fréquemment le spectateur dans une relation paradoxale avec les objets.

Erwin Wurm, One Minute sculptures. Photo Olivier Olgan

Emblématique, sa série One Minute sculptures où il invite ses modèles à devenir ‘œuvre sculptée’ grâce à ses indications précises. L’objectif ? Bousculer les usages avec une radicalité jouissive où le créateur fait feu de tout objet, position et situation. En assumant en permanence qu’il s’agit de « sculptures », définies ici comme des volumes à plusieurs dimensions, l’artiste touche sa cible quand il triture pulls, sous-vêtements…. le textile devenant un relief en soi. Avec ce sel supplémentaire quand on apprend que leur utilisation a fait l’objet d’une commande d’une marque, qui au vu du résultat s’est rapidement retirée du projet !

De cette interrogation permanente sur ce qui est socle, épaisseur ou tout simplement dimension, Wurm offre une production aussi stimulante que déconcertante, d’une mordante ironie, mais toujours à la limite du non sens, au risque du vide.

Erwin Wurm, Empty spaces for thoughts, 1999 Photo Olivier Olgan