Musical : Cole Porter in Paris, Christophe Mirambeau - Caroline Roëlands (Châtelet)

jusqu’au 1er janvier 2022, Théâtre du Châtelet , 1 Place du Châtelet, 75001 Paris
Lyrics et musique : Cole Porter – Conception, dialogues et mise en scène : Christophe Mirambeau
Chorégraphie : Caroline Roëlands, Décors et costumes : Casilda Desazars, Lumières : Renaud Corler
Orchestration : Pablo et Samson Tognan, Jean-Yves Aizic, Antoine Lefort et Matthieu Michard
Avec Léovanie Raud,  Marion Tassou , Charlène Duval,  Richard Delestre, Yoni Amar, Matthieu Michard

Sous le prétexte que le compositeur américain Cole Porter (1891 – 1964) se fixa 10 années à Paris (1918-1929), Christophe Mirambeau à la fois musicographe et metteur en scène, Caroline Roëlands, la chorégraphe et la troupe des Frivolités parisiennes  troussent un spectacle rythmé et enlevé dans un Paris des années folles idéalisé.

Un spectacle champagne qui tombe à pic

La chorégraphie de Caroline Roëlands réussit de magnifiques musical staging dans Cole Porter in Paris Photo © Thomas Amouroux

Christophe Mirambeau connait bien son Cole Porter. C’est lui qui avait en 2013 mis en scène « La Revue des Ambassadeurs », l’unique spectacle monté et produit par l’américain à Paris. Pour croquer la vie rêvée de cette icone de son temps, son partis pris est de jeter le spectateur dans la folie créative du Paris des années 20 et 30 avec comme trame narrative la biographie sentimentale et surtout musicale du musicien. « C’est un livre d’image, un livre de musique, un livre d’humeur, d’évocation, de couleurs et cela n’a rien d’un biopic” prévient le metteur en scène.

« Tout Cole Porter est dans ses chansons »

La Troupe des Fivolités parisiennes embale le rythme de Cole Porter in Paris au Châtelet Photo © Hélène Pambrun

S’il a puisé notamment à partir de sa correspondance pour animer les ressorts d’un trio plutôt moderne, Cole Porter, incarné ici par trois chanteurs,… était le mari d’une milliardaire, Linda Lee Thomas, et l’amant de Boris Kochno, dernier secrétaire de Serge de Diaghilev, c’est surtout ses lyrics, – « qui se lisent quasiment toutes à double sens et se rapportent à des éléments de sa vie et à sa sensibilité » rappelle Mirambeau- qui lui servent de poussée dynamique : « Pour ce spectacle, je donne à voir l’humeur et le parcours de Porter à Paris dans les années 1920. Les chansons ne sont pas exclusivement 20’s, mais se rapportent à la personnalité de Porter et à sa vie et ses émotions parisiennes. »

Une revue tirée au cordeau sans temps mort

Dans un décor volontairement dépouillé sauf quelques modules géométriques et un escalier qui permet toutes les figures de chorus, le show embarque littéralement le spectacle dans un flot musical quasi ininterrompue sauf par quelques « récitatifs » souvent redondants avec les chansons qui précédent ou suivent.
Heureusement, la troupe des Frivolités Parisiennes fait le show ; il y a d’abord l’orchestre qui occupe la scène, et la vingtaine de chanteurs-acteurs toujours bien placés réussit à animer l’immense scène du Chatelet avec des musical staging impeccablement réglés.
Comme toujours, la réussite de la comédie musicale tient ici davantage à l’énergie communicative transmise qu’à la chaleur de l’émotion partagée.

Le souffle de liberté des années folles

La troupe des Frivolités parisiennes méne tambour battant les tubes de Cole Porter Châtelet Photo © Hélène Pambrun

Peu de temps mort ni de réelle émotion qui n’est d’ailleurs manifestement pas recherchée. La troupe incarne et restitue surtout un souffle de liberté (pour quelques privilégiés et créateurs ) qu’évoquent l’imaginaire des années folles. Le plus francophile des compositeurs américains leur offre un terreau musical sur lequel elle peut surfer sans risque de chute ! D’autant que tout a été calibré pour les mettre à l’aise, et le spectateur le ressent. De « C’est magnifique ! » tirée du célèbre Can-Can, à Anything Goes, les tubes – Can Can,  Most Gentlemen Don’t Like Love – déroulent joyeusement orchestrés.
Il faut saluer le travail d’orfèvres d’orchestration qui rend cette musique si moderne : «  Il n’y a pas d’orchestration d’origine à proprement parler car ces partitions étaient orchestrées selon les nécessités artistiques et économiques selon les shows et les lieux où elles étaient jouées. Insiste Mirambeau C’est tout un travail conceptuel avec les orchestrateurs à partir des matériels piano/chant originaux. Nous le réinventons dans les sonorités et les couleurs d’époque, avec un petit détail français : nous avons un accordéon dans l’ensemble ! »

Chapeau (de forme) à la Troupe des Frivos !

Pas d’hommage à Cole Porter sans smoking et haut de forme en chorus Châtelet Photo © Hélène Pambrun

A l’issu de ce spectacle pétillant, mené tambour battant, sans trop d’aspérité, mais qui brosse un esprit libre et décomplexé, Christophe Mirambeau et sa troupe ont réussi leur pari ; nous donner l’envie de redécouvrir « la forme de génie absolu de cet artiste » notamment dans le somptueux et incontournable chef d’œuvre Top Hat avec Fred Astaire et Ginger Rodgers dont Porter signe l’essentiel des lyrics !

#OlivierOlgan

A écouter : 42e rue France Musique

https://youtu.be/EpBtIpY6Ck8