Netflix : The Dig, de Simon Stone – News of the world, de Paul Greengrass (2020)

Tout juste diffusés par Netflix, The Dig, de Simon Stone et News of the world (La mission) de Paul Greengrass s’imposent déjà comme des « classiques » tant par la volonté de se tenir à un récit puissant, aux accents d’humanisme que par la gourmandise communicative de se glisser dans les canons du film de genre, le mélodrame et le western.

The Dig, de Simon Stone
Avec Carey Mulligan, Ralph Fiennes, Lily James, Johnny Flynn, Ben Chaplin, Ken Stott.

L’histoire tiré d’un fait réel est d’une grande simplicité : une aristocrate anglaise (Carey Mulligan) confie à un ancien ouvrier agricole autodidacte (Ralph Fiennes) la fouille l’un des moles de sa propriété à Sutton Hoo, pour dégager un éventuel vestige archéologique. Les recherches vont être si fructueuses qu’elle attire la convoitise du British Museum qui cherchent à les revendiquer.

L’époque – 1939 et les frémissements de la Seconde Guerre mondiale – et la saison – printemps et été – comptent beaucoup dans la magie de ce film terrien, dans tous les sens du terme ; par la terre qui envahit tous, par les personnages qui essayent de s’arracher de leur destinée, et aux nuages noires d’une guerre inévitable. Ici la campagne filmé au raz du sol, avec sa communauté isolée, fait oublier la ville et ses experts.

Dans cette fresque minimaliste, aux longs plans, le caractère des protagonistes se détachent, aussi fouillés que le site excavé. Les corps qui ne peuvent se toucher laissent libres l’apprivoisement des esprits, d’une éthique de la confiance, loin des artifices ou des titres. Tous les dialogues ramènent au rapport au temps qui constitue le ressort dramatique central du ; celui de l’empreinte de ceux qui nous précédent, de leur trésor, de ce chacun laisse sur le terrain à l’issue de la découverte, celui de la mémoire, du savoir livresque ou de terrain et de la transmission.
Au-delà du fait historique – l’invention du drakkar anglo-saxon et ses trésors surnommée « Toutankhamon britannique » – ce que réussit le réalisateur australien est de restituer les émotions d’une humanité bousculée par les évènements, l’âpreté des conventions sociales. Ce puissant hymne à la vie dans le brouhaha du présent est porté par un magnifique duo d’acteurs. Carey Mulligan et Ralph Fiennes partagent beaucoup dans une grande économie des mots et de situations.  Pour laisser le champs à une nature et une Histoire finalement souveraine.

 

News of the world (La Mission), de Paul Greengrass,
avec Tom Hanks, Helena Zengel, Elizabeth Marvel

A nouveau un canevas simple pour mieux creuser les ressorts du genre. Peu après la fin de la guerre de Sécession, un ancien officier sudiste trouve un maigre subside en lisant des articles de presse aux hameaux qu’il traverse. Il recueille une fillette de 10 ans, traumatisée, doublement orpheline (de ses parents tués par les indiens qui l’ont enlevés, puis isolés de ceux que la conquête de l’Ouest a massacrés). Sans renoncer à son rôle de conteur, il se met en tête de traverser le Texas pour la confier à ses oncles…

Convois, personnages archétypes, violence et poussière …le classicisme du réalisateur Paul Greengrass (loin des trépidants Jason Bourne), se refuse comme les frères Coen avant lui, de bousculer les canons du western hollywoodien de l’âge d’or. Au contraire, reprenant les ressorts de leur écriture cinématographique,  il multiplie les hommages appuyés aux plus grands chefs d’œuvre – de La Prisonnière du Désert (Ford) à Cent ­dollars pour un shérif (Hathaway). Ce retour aux sources du genre fascinera autant les nostalgiques de grands espaces, de carioles et de (quelques) coups de colt que les férus de récits humanistes.

Car tous les fils narratifs se concentrent sur ce périple rédempteur pour deux êtres que tout sépare, sauf d’être marqué à vif par la violence et le non sens de la vie. Chacun a sa manière tente de retrouver ses marques,  marqué par la guerre ; le capitaine Jefferson Kyle Kidd (Tom Hanks) tente de panser les plaies de ses concitoyens meurtries par des récits aussi vivants et résilients que possibles. Sa rencontre avec Johanna (Helena Zengel) donne un sens supplémentaire à sa vie….
La force du film tient au retour de la puissance des mots et de leur capacité à relier les êtres entre eux, malgré les drames du passé. Pour réussir sa métaphore des Etats Unis d’aujourd’hui, le cinéaste de Capitaine Phillips peut s’appuyer sur Tom Hanks, sobre et engagé, filme au plus près des émotions, pour tenter de recoudre le tissu d’une nation déchiré les errements trumpiens. Le premier film Bidien en quelques sortes, et c’est plutôt une qualité.