Pop : Brian Protheroe, Pinball, 1974 (Chrysalis records)

Une remontée algorithmique des années 70 qui fait pop dans la tête et soleil dans le cœur.

[And so rock ?] En ces temps où lutter contre la morosité ambiante tient lieu de sport de combat, la catégorie poids plume d’une pop légère au swingue élégant s’avère vivifiante. Émergeant des limbes algorithmiques et directement ranimé des florissantes années 70 “Pinball” est le premier album de Brian Protheroe, modeste acteur britannique, mais très audacieux musicien. Cette pépite nous prouve que l’I.A. a de beaux bits devant elle pour continuer à nous surprendre.

De l’écran à la scène

Certains comédiens anglais ont pris pour habitude d’aller s’épancher sur – ce que l’on appelait encore au siècle dernier – un microsillon. Citons les meilleurs exemples, de David Hemmings, le mythique photographe de Blow Up (Antonioni) avec “Happens” (MGM 1967), vrai faux album des Byrds, à l’immense Richard Harris pour son éblouissant “The Tramp Is Shining” (Dunhill Records 1968).

Acteur mais surtout musicien accompli

Avant d’être acteur (à vrai dire, plutôt de second rang) Brian Protheroe est un musicien accompli. Dès ses douze ans, un apprentissage dans une chorale d’église a fini par faire de lui, un guitariste, pianiste, auteur, compositeur et interprète émérite. Ce qui nous mène à “Pinball” album largement méconnu par chez nous. Dans son pays d’origine, une référence du calibre de Noël Gallagher avoue avoir été bluffé en entendant pour la première fois ce titre et s’en être même inspiré.

Wikipédia, notre sainte mère à tous, raconte en anglais qu’un représentant du label Chrysalis entend et voit sur scène Brian Protheroe dans le rôle d’un chanteur pop. Charmé, un single plus tard, le “Pinball” en question se place à des hauteurs de vente suffisamment conséquentes pour qu’un album entier soit enregistré et diffusé en 1974.

Pas loin d’une cinquantaine d’années plus tard, resurgit une pop élégante, un poil surannée et pour tout dire rafraîchissante.
En ouverture “Clog Dancer” (Danseuse aux sabots), un air pop enjoué à la façon d’un rayon de soleil. Le charme opère instantanément. La suite nous donne raison, les titres s’enchaînent et forment un ensemble musical d’une insouciance de bon aloi. En égrenant les multiples références qui viennent aux oreilles, nous pouvons citer les contemporains de cette période Leo Sayer, Gilbert O’Sullivan ou 10CC. Parées d’atours multicolores qui peuvent rappeler des airs de comédies musicales hollywoodiennes, les compositions élaborées tranchent sur le tout venant. De caramboles rythmiques en envolées de cuivres et de cordes à la façon d’une longue houle océane, les guitares acoustiques swinguent allégrement pendant que des accords de piano bien sentis ponctuent le propos.

Je vous épargne la dissection morceau par morceau en vous recommandant prioritairement d’aller faire farfouiller vos oreilles autour du titre éponyme “Pinball”,  “Moon Over Malibu”, ballade qui se balance dans un hamac, “Mickey Dollar Dreams” folk rock progressif ou encore le funkisant “Monkey”.

Tout en continuant son modeste bonhomme de chemin d’acteur, Brian Protheroe ne s’arrêtera pas là en enregistrant cinq autres albums dont le dernier, Desert Road  pas plus tard que l’année dernière.

 

De quoi aller creuser pour voir si par hasard l’algorithme ne nous aurait pas démasqués.

#Calisto Dobson

Pour aller plus loin : l’interview de Brian Protheroe de Pinball à Desert Road (weracult.rocks)