Théâtre : Le Titre est provisoire, de Christophe Corsand (Studio Hébertot)

Jusqu’au 1er mai. Du jeudi au dimanche à 19h. Studio Hébertot  78 bis Boulevard des Batignolles – 75017 Paris- réservation  
Mise en scène par Jean-Philippe Azéma,
Avec Olivier Doran, Christophe Corsand et Magali Bros en alternance avec Élie Rapp. 

Si la comédie de Christophe Corsand se situe dans le monde du théâtre, cette variation savoureuse sur la difficulté de dire la vérité en face peut  s’appliquer facilement dans d’autres milieux. Tous les rouages – de l’enthousiasme à la rouerie –  sont impliqués et bien joués. Le Titre est provisoire sous des allures de plongée savoureuse dans le métier d’acteur offre pléthores de répliques qui peuvent servir dans bien d’autres occasions.

Toute vérité est-elle bonne à dire ?

Le Titre est provisoire, de Christophe Corsand s’appuie sur une savoureux trio Photo DR

Manu, un comédien, invite chez lui son copain Thibaud pour une lecture d’une pièce qu’il a reçu d’une jeune auteure qu’il ne connait pas. Emballé pour la monter notamment pour des raisons financières, il essaye de convaincre son complice qui la trouve vraiment mauvaise. L’arrivée de l’auteure, Jeanne l’oblige à prendre des formes….
Pour bien fonctionner dans sa fonction de loupe d’un microcosme – même si l’obstacle de la vérité à dire s’installe dans tous les milieux, de l’appréciation d’une cuisine familiale à une note de synthèse pour un conseil d’administration – il vaut mieux que l’auteur connaisse bien son milieu. Ecrite (et interprétée) par le comédien Christophe Corsand, la pièce sent et surfe sur du « vécu », confronté par le risque de la critique, de l’incompréhension de l’auteur et l’aveu d’intentions plus ou moins sincères.

Une mécanique bien huilée

Christophe Corsand et Olivier Doran, deux comédiens face à l’auteure Magali Bros DR

Sur cette mécanique simple – dire au non la vérité de ses objectifs et la vérité sur une création – il faut une mise en scène tirée au cordeau qui mettent en valeur les caractères frottés à leur contradiction. Celle de Jean-Philippe Azéma dans un décor dépouillé, réduit à l’essentiel concentre le spectateur sur le jeu des acteurs où répliques, intonations et postures peuvent être un tremplin aux rires ou à l’émotion
Tous les rouages – de l’enthousiasme à la rouerie – manifestement Christophe Corsand les connait bien et les fait magistralement joués au plus grand plaisir des spectateurs ! Rajouter sur la pierre chaude du dialogue de sourds entre deux comédiens aux motivations divergentes, l’irruption de l’auteure ne fait que de rajouter des étincelles et relancer le parti pris comique.
Dans le rôle de Manu, Christophe Corsand est parfaitement roublard dans le candide qui veut arriver à ses fins. Son complice Olivier Doran, campe un Thibaud condescendant dont la sincérité est pourtant attachante. Enfin, Magali Bros habite avec conviction cette jeune auteure sûre de son œuvre. Cette comédie alerte offre une plongée savoureuse dans le métier d’acteurs dont les répliques peuvent servir dans bien d’autres occasions.

#Patricia de Figueiredo