Culture

Concerts à la bougie : Fever monte le son avec son concept Candlelight.

Auteur : Patricia de Figueiredo & CalistoDobson
Article publié le 26 aout
2021

Créés depuis deux ans par la plateforme événementielle Fever, les concerts Candlelight (à la bougie) s’inscrivent dans des lieux originaux à des prix abordables. Solal Azeroual, le directeur artistique explique la démarche pour séduire et attirer un public de plus en plus jeune. Après la musique et le ballet classique, la musique de film, l’offre s’est élargie au jazz ainsi qu’à des répertoires plus profanes. Singulars était à la Monnaie de Paris le 20 août pour un concert dédié à Miles Davis et son “Kind Of Blue”, et le 21 pour les tubes de Louis Armstrong.

Le Candelight dans la cour de La Monnaie de Paris le 20 aout avant la représentation Photo Patricia de Figueiredo

Fever se définit comme le “Netflix des expériences”

L’idée de La Monnaie de Paris vient d’une première expérience immersive autour de la fameuse série La Casa Del Papel (sur Netflix) que Fever, une start-up américaine basée à Madrid a organisé il y a quelques mois. « Comme c’est l’histoire d’un braquage de banque, (la série se déroule dans la Fabrique Nationale de la Monnaie Espagnole), c’était un clin d’œil de le faire dans le lieu qui bat la monnaie, de même que de faire jouer des cuivres ici » s’amuse Solal Azeroual, le directeur artistique. « En découvrant l’endroit, j’étais sous le charme, il se prête merveilleusement à des concerts en plein air, de plus l’acoustique sans la nécessité d’une sonorisation, restitue l’authenticité des sons grâce aux murs d’enceinte. »

Rendre accessible la musique savante, classique et jazz

Les Candelight programment de la musique classique Photo Luc Faure

En se lancant à La Fête de la musique de 2019, Candlelight n’avait pas prévu l’arrivée d’une certaine pandémie. Ce qui a momentanément rendu compliquer le déploiement du concept… Le pari d’origine était d’attirer un jeune public, des personnes qui n’assistent pas à des concerts de musique classique. Pour le réussir, le choix s’est porté sur des lieux atypiques, et un éclairage cosy à la bougie. Avec des valeurs sûres au programme : Beethoven, Chopin, Brahms et Les Quatre saisons de Vivaldi. Le succès a été immédiat. Tous les concerts se jouent à guichets fermés. 70% des spectateurs ont moins de 40 ans !

Nous sommes ici, plus dans une culture de la demande que de l’offre. En effet, la plateforme utilise les datas et sollicite les attentes des internautes. La promotion se fait sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram et autres Tiktok, pour des places au prix maximum de 40 euros.
Forte de ce succès, Fever annonce d’ores et déjà plus d’une centaine de concerts par mois prévus sur toute la France, toutes musiques confondues.

Le 20 aout, Singulars était à la Monnaie de Paris

Tâchons plutôt de tenter de vous immerger au moins mentalement dans une soirée aux bougies telle que celle organisée vendredi 20 août.
Arrivés devant la Monnaie de Paris il est presque surprenant, nous n’en n’avons plus trop l’habitude, de voir une file d’attente qui va jusqu’à contourner le coin du 11 quai de Conti. Le professionnalisme de l’organisation et la qualité de l’accueil font que le contrôle du désormais incontournable pass sanitaire et bien évidemment celui des billets se déroule sans aucune attente superflue.
15 minutes plus tard, nous voilà installés dans la magnifique cour d’honneur de la Monnaie de Paris face à une estrade centrale qui n’attend plus que ses musiciens.

Des LED créent une atmosphère particulière

Les LED sont à la fois gages de sécurité et de lumière constante Photo Luc Faure

Tout autour et parsemant la scène sont disposées des groupes de bougies non pas flambantes mais tremblantes d’une lueur de LED. Pendant quelques secondes, peu vous traverser l’esprit que la promesse n’est pas tenue. Il n’en est rien. Pour deux raisons, de jour comme de nuit, ce type de “bougies” diffuse la même clarté qu’une chandelle et comme nous l’a très bien fait remarquer la maîtresse de cérémonie, la sécurité des musiciens évoluant au milieu de ces  lumières est en jeu. Surtout que dès la nuit tombe le charme opère et la promesse d’une atmosphère particulière au sein d’un écrin tel que ce lieu est respectée.

Aucune barrière entre les musiciens et le public

Dominique Mandin Saxo Tenor anime la soirée dédiée à Miles Davis Photo Patricia de Figueiredo

C’est avec humilité que le sextuor se présente, nous sentons le trac qui les étreint. Le leader (Dominique Mandin au saxophone ténor) exprime leur bonheur d’avoir l’occasion de jouer en cet endroit en offrant l’opportunité de pouvoir profiter de l’acoustique du lieu.
Face à un public jugé à priori non initié, qui n’a jamais assisté à un concert de jazz, le sax ténor introduit le programme, Miles Davis autour de “l’album de jazz le plus vendu au monde” le fameux “Kind of Blue”… Sans doute que par souci de retenue Dominique Mandin n’insiste pas plus auprès de son public alors qu’il s’agit pour les connaisseurs d’une pierre angulaire du jazz.

Toujours est-il que le premier morceau annoncé « All blues” résonne à la façon d’une gageure dans l’enceinte. La prouesse est partagée entre le cas d’école, reproduire à la note près une œuvre aussi renommée et lui insuffler une inflexion originale. Sans se départir d’une honnêteté artistique vaillante, le pari est gagné. Assez rapidement l’atmosphère sans virer à l’extase se décongèle. Les interprétations s’enchaînent offrant à chacun son morceau de bravoure. Que ce soit le remarquable pianiste Ludovic Allainmat ou encore le notable batteur Philippe Soirat, chacun défend son pré-carré avec autorité, camaraderie et surtout simplicité. Après une bonne heure d’incursion au cœur du répertoire d’un des plus grands jazzmen du monde, un petit rappel sans sortie de scène pour interprétation tout en maîtrise de “So What” titre incontournable du chef d’oeuvre “Kind Of Blue”. C’est sur des applaudissements nourris que les musiciens se retirent pour une pause avant le deuxième set de la soirée prévue à 22h00.

Carte blanche pour le choix des musiciens

Le pianiste Ludovic Allainmat est une révélation du concert dédié à Davis Photo Patricia de Figueiredo

Le casting des musiciens apporte également sa caution novatrice : « Nous organisons de nombreuses auditions, confirme Solal. La demande est très forte pour venir jouer dans nos concerts, notamment auprès des jeunes musiciens. Nous pouvons ainsi donner leur chance à quelques futurs grands de demain
Aujourd’hui, c’est dans toutes les grandes villes d’Europe que Fever organise désormais ses prestations évènementielles musicales qu’il élargie aussi à des offres bien être (massage Thai, cours de HoopTic), gastronomiques (Ferver Chef) ou des Fever Talks (conférences sur les sujets plus divers : de la pensée d’un arnarqueur (le 7 sept) à « Amour et plaisir » (le 18 sept). Le succès ne se dément pas.
Pour l’avoir vécue, la démarche est originale et enthousiasmante.

#PatriciadeFigueiredo #CalistoDobson

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