[Cinéma en salle] Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, de Emmanuel Mouret (2020)

avec Vincent Macaigne, Niels Schneider, Camélia Jordana, Emilie Dequenne, Guillaume Gouix, Julia Piaton, Jenna Thiam

Avec la réouverture (chargée) des salles, ne manquez pas Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait de Emmanuel Mouret d’autant qu’ avec son record de nominations aux Césars 20, l’unique récompense (amplement méritée) avec la meilleure actrice dans un second rôle pour la divine Emilie Dequenne cache une injustice tant le réalisateur de Mademoiselle de Jonquières touche à l’essentiel quand il s’agit de dessiner les relations amoureuses.

Le peintre du mystère amoureux

Depuis une vingtaine d’années maintenant, Emmanuel Mouret creuse le même sillon. Celui des relations amoureuses, en en décortiquant méandres, fièvres et complexité.
Avec son dernier opus, il atteint une sorte de plénitude à dépeindre un subtil marivaudage qui explore avec acuité nos contradictions. Au travers de nos incapacités à connaître ou maitriser réellement nos attentes ou désirs en matière, le réalisateur de L’Art d’aimer, et Caprice  parvient à nous dévoiler certains mystères du comportement amoureux.

Les chassés croisés des protagonistes et leurs échanges à propos de leurs expériences et ressentis mutuels tendent un fil subtil dans le labyrinthe de ce qu’il nous semble (devoir ou pouvoir) être de l’amour. Une façon d’ériger la danse des valses hésitations sentimentales des personnages en une insondable parade amoureuse, et illustrations du caractère volatile du désir et de nos atermoiements. Parfaitement construit, cadré et ficelé, Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait devient un savoureux précis de décomposition et de recomposition amoureux.

Un casting riche complète le tableau des mœurs

Côté cour, Vincent Macaigne, en Pierrot lunaire des sentiments à Niels Schneider en amoureux éconduit en passant par Guillaume Gouix, en ami rival incarnent une masculinité captive de sa perpétuelle insatisfaction.
Côté jardin, Camélia Jordana et Emilie Dequenne (toutes deux d’une justesse remarquable), quant à elles restent maîtresses de leur propres convictions sentimentalo-affectives. Elles nous prouvent par leur choix respectifs qu’aimer est aussi une affaire de décision. Pour finir la pétillante et néanmoins versatile Julia Piaton finit d’accorder au film avec Jenna Thiam (toute aussi frivole) une authenticité dans l’exposition de la fragilité de nos élans.

Post scriptum: Sélectionné au Festival de Cannes 2020, le propos délicat  serait-il parti avec une récompense? A vous de dire.

Le Discours amoureux vous ennuie, alors Mandibules vous surprendra

Si le verbiage sentimental n’est qu’une perte de temps, et d’énergie (loin des stratégies de Roland Barthes ou d’une Belinda Cannone), si Marivaux n’est pour vous qu’un nom de rue dans le 2ème arrondissement de Paris, vous pouvez toujours vous rabattre sur le « laisser-aller », Mandibules de Quentin Dupieux pour un voyage en absurdie abracadabrantesque et désopilant. (avec David Marsais, Grégoire Ludig, Adele Exarchopoulos, India Hair, Romeo Elvis, Coralie Russier).