Cinéma : Hommage à l’acteur Chadwick Boseman (1976 – 2020)

Le 28 août dernier après une lutte acharnée contre un cancer du côlon ignoré de tous, disparaissait l’acteur Chadwick Boseman.
Unanimement salué par la planète cinéma et au-delà, Singular’s a souhaité rendre hommage à l’interprète du Roi T’Challa alias Black Panther au travers de deux de ses films plutôt méconnus : “Message from the King” (2016) « Manhattan Lockdown » (2020)

Chadwick Boseman © DR

Du super héros à l’héroïsme au quotidien

Ce n’est pas peu dire que Chadwick Boseman est désormais considéré comme un véritable héros. En dehors de son rôle iconique dans la franchise Marvel consacrée au premier personnage afro-américain de super-héros “Black Panther” (le film de Ryan Coogler a été un des plus gros succès Marvel), il aura lutté héroïquement en toute discrétion contre la maladie qui l’a finalement emportée.

En effet durant quatre années il a enchaîné une dizaine de tournages en comptant son film posthume “Ma Rainey’s Black Bottom”, qui devrait sortir prochainement, mais aussi et surtout alterné les chimiothérapies et les opérations.
La nouvelle de sa disparition fut un choc puisque personne ne le savait malade en dehors de ses proches. Il aura donc réussi à faire comme si rien n’était en affichant un sourire permanent face à son adversité tout en étant capable de soutenir son entourage.
Un exemple d’humanité altruiste.

Un décollage tardif grâce à des biopics marquantes

C’est à l’âge “canonique” de 37 ans qu’il décroche le rôle d’une autre icône de la pop culture noire américaine Jackie Robinson, célèbre joueur de baseball dans le film “42” (réalisé par Brian Helgeland “Payback”, “Chevalier”), uniquement en VOD dans nos contrées.

Un an plus tard c’est la consécration puisqu’il incarne le “Godfather of Soul” himself James Brown (“Get On up” de Tate Taylor).
Ce qui lui ouvre les portes d’une notoriété à même de lui offrir la possibilité de choisir ses rôles.

Un parcours d’une cohérence exemplaire

Cependant en dehors de ces trois rôles à la stature emblématique, sa filmographie désormais close révèle un parcours d’une cohérence exemplaire. L’acteur n’a eu en effet de cesse de s’engager dans des personnages à même d’illustrer la cause afro-américaine. L’actualité brûlante du sujet dans son pays lui aura donnée plus que raison.

Je tiens particulièrement à attirer votre attention sur deux de ses films qui sans défendre directement la cause “Black Lives Matter” souligne à mon sens le fameux “Say it loud I’m black and I’m proud” de James Brown.

“Message from the King” (2016)

Le film réalisateur belge Fabrice Du Welz (auteur du très remarqué film d’horreur “Calvaire” en 2004), raconte l’immersion dans un Los Angeles hostile de Jacob King sud africain originaire de Cape Town à la recherche de sa soeur disparue. Morte dans des circonstances plus que troubles il devra en quelques jours en retrouver les responsables. Cette production Netflix sortie par chez nous en salles est actuellement disponible sur Amazon Prime Video (allez comprendre).  Il s’agit d’un thriller genré “revenge movie” qui éclaire la volonté de Chadwick Boseman d’incarner autre chose que le cliché convenu du noir américain uniquement rattaché à sa condition de racisé.

Un homme noir mais sud africain va se confronter à une société étrangére à priori dangereuse dans laquelle il manque de repères. Il y opposera un point de vue qui en remontrera à ceux qui pensent être les maîtres du jeu et n’avoir de compte à rendre à personne surtout pas à un pauvre noir sud africain.

 « Manhattan Lockdown » (2020)

Sorti en catimini, le film réalisé par Brian Kirk III jusque-là surtout connu comme faiseur d’épisodes de séries), révèle une autre facette de Chadwick Boseman dans le choix de ses rôles. Un inspecteur de police afro-américain fils d’un héros de la Police, doit retrouver deux tueurs de flics empêtrés dans une machination qui les dépasse. En dehors de l’intérêt de ce film d’action prenant et d’une grande intensité narrative, il expose une facette de l’homme afro-américain en citoyen honnête, d’une moralité sans faille. Opposé à des collègues convaincus que la corruption est un mal pour un bien qui compense les difficultés du quotidien il se montrera inflexible face au dévoiement d’une fonction dont l’exemplarité se doit d’être irréprochable.

Ce n’est sûrement pas un hasard si Chadwick Boseman a accepté ce rôle “mineur” dans sa carrière fulgurante. Sans doute taraudé par sa maladie il n’a eu de cesse d’avoir la volonté de démontrer que quelque soit l’adversité, nous devons conserver notre dignité, notre intégrité et défendre nos valeurs.  A Message from the King.