Cinéma : Les fleurs de Shanghaï de Hou Hsiao-hsien (1998)

Avec Tony Leung, Michiko Hada et Michelle Reis
Reprise en salles d’un chef d’œuvre du cinéma asiatique (en version restaurée).

Découvrir Les fleurs de Shanghaï (Hai Shang Hua) de Hou Hsiao-hsien en salle,

c’est à la fois franchir de la plus intime des façons la porte d’entrée de l’univers clos d’une maison de tolérance aux codes surannés et  celui particulièrement éclectique d’un cinéaste asiatique majeur, parsemé de réussites à l’ampleur admirable ne serait-ce que sa dernière réalisation “The Assassin” Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2015.

HHH, un maître du cinéma taiwanais

D’origine taïwanaise, Hou Hsiao-hsien (HHH pour les intimes) est un des maîtres du renouvellement du cinéma asiatique des années 80. Sa filmographie encensée par l’intelligentsia critique particulièrement française est jalonnée de films aux contenus qui allient esthétique formelle et évocation historique.

Pour l’éclairer, Singulars recommande le documentaire de la série « Cinéaste de notre temps », “HHH, un portrait de Hou Hsiao-Hsien” de Olivier Assayas, réalisateur français d’entre autres “Carlos, le prix du chacal” et tout dernièrement “Cuban Network”.

Un jeu en apesanteur dans un confinement hors du temps

Rien ou presque ne vient de l’extérieur perturber la vie des Maisons des Fleurs.

A l’intérieur comme suspendu le temps s’étire et se contorsionne au rythme des affaires de ces maisons closes dans le Shanghai de la fin du 19ème siècle.

Confinées dans le quartier occidental de cette ville de tous les fantasmes exotiques, des hommes de haute extraction exclusivement chinois viennent savourer tous les plaisirs que peuvent offrir une maison de tolérance.

Au cours d’un récit extrêmement codifié, entretenu par la présence de “maîtresses” et de leurs « bienfaiteurs » entourés de servantes toutes dévouées, se nouent et se dénouent un jeu de dupes d’une société particulièrement raffinée. Le jeu est magistralement illustré notamment par ces libations cadencées par un genre de “pierre, papier, ciseaux” obligeant le perdant à boire.

Une mise en scène raffinée à l’image de l’élégance de monde éphémère

D’une esthétique éblouissante qui décrit un monde enfuit, au travers d’une petite quarantaine de séquences comme autant de toiles de maître, HHH déploie une grammaire cinématographique d’un raffinement inégalé.

Immergez-vous dans ces bacchanales lascivement élégantes dont les vapeurs d’opium, les fumeries s’enchaînant, ponctuent les tractations entre clients protecteurs,  maîtresses asservies, servantes dirigeantes ou soumises et négociateurs intermédiaires.

Dans le livret « Le Prix des sentiments » signé de Charles Tesson (critique et maître de conférence à la Sorbonne nouvelle) actuellement distribué gratuitement dans les salles qui programment le film, l’auteur écrit à propos du film :  » une expérience de cinéma unique, dont le charme envoûtant vous ensorcelle, tout en vous ouvrant les yeux entre principe de plaisir (l’amour sans conditions) et principe de réalité (les conditions de l’amour). »

Rarement évoquée avec autant de distinction cette société disparue nous apparaît dans toute sa splendeur révolue et peut laisser apparaître en filigrane les profondes mutations de nos contemporanéités.

Pour aller plus loin

Annoncée pour le 12 octobre 2020, une édition BluRay/DVD Prestige Limitée chez Carlotta Films intégrera en autres suppléments :

      • le documentaire « HHH » d’Olivier Assayas,
      • et le livret « Le Prix des sentiments » signé de Charles Tesson (critique et maître de conférence à la Sorbonne nouvelle).

 

#CalistoDobson