[Documentaire Une maison, un écrivain] Jean d’Ormesson, le vagabond des beaux quartiers (France 5)

le dimanche 11 juillet 22h35, samedi 17 juillet 20h20,  France 5

Dans la collection Une maison, un écrivain, Jean Rousselot signe un magnifique portrait de  Jean d’Ormesson, le vagabond des beaux quartiers (diffusé les 11 et 17 juillet sur France 5). L’occasion de découvrir l’intimité de l’écrivain au regard bleu dans son hôtel particulier de Neuilly, éclairée des témoignages de ses proches ; son épouse Françoise, sa fille Héloïse, son cuisinier-intendant, Olivier Cadot, sa dernière assistante, Audrey Siourd ou encore de François Sureau, le complice du livre à quatre mains, Garçon de quoi écrire.

Entrer dans l’intimité d’un personnage

Entrée de l’Hotel de Neuilly, Jean d’Ormesson, le vagabond des beaux quartiers (France 5) © A Prime Group

« Longtemps je me suis demandé quoi faire. Je flottais dans l’incertitude et dans l’indécision. J’imaginais une vie entière sans signification et une mort inutile. Malgré les charmes pour moi réels de la paresse et de l’insouciance. Mourir sans avoir rien me remplissait d’angoisse » Ainsi commence le film documentaire de Jean Rousselot, sur l’un des écrivains les plus prolixes et les plus populaires français. Le réalisateur habitué de la collection Une maison, un écrivain, puisqu’on lui doit notamment : Edmond Rostand, De Cyrano à Arnaga, La Boisserie de Charles de Gaulle, dernier écrivain de la France ou encore Alexandre Dumas et le rêve de Monte-Cristo.

Un côté très bohème

« En observant le rapport d’un homme à un lieu, on entre dans l’intimité d’un personnage. En l’occurrence, cela raconte aussi quelque chose du couple, C’est Françoise qui s’est occupé de tout de la décoration à l’intendance. Ils vivent ensemble mais certains univers comme la chambre ou le bureau de Jean d’Ormesson sont des pièces à part » confie Jean Rousselot.

Le salon de l’Hotel de Neuilly, Jean d’Ormesson, le vagabond des beaux quartiers (France 5) © A Prime Group

Et pour cause.
En effet La surprise la plus importante du film est sans doute le « bordel » dans lequel vivait l’écrivain (excusez nous mais cela vient tout seul) au regard de ses bureaux ou de sa voiture : partout livres,  journaux ou papiers jonchent le sol, ce qui tranche avec le personnage policé médiatique. « Il jetait les choses dès qu’il les recevait » témoigne son épouse. Il pouvait avoir un mètre de hauteur, de livres et de courrier avec comme un petit chemin » renchérit Olivier Cadot, son cuisinier-intendant. Il faut dire que l’écrivain recevait un courrier monstre, 50 à 60 lettres par jour. L’auteur de La Gloire de Dieu, qui aimait écrire dans le silence, avait un côté très bohème. « Il avait un côté nomade, très peu enraciné » renchérit son ami l’écrivain François Sureau. « C’est pour cette raison que j’ai intitulé le film, Le vagabond des beaux quartiers » explique le réalisateur.

Sans doute la perte du château familial de Saint-Fargeau, qu’il avait été contraint de vendre, a été un traumatisme pour le jeune Jean, qu’il ne souhaitait plus s’attacher à un lieu

Un homme de l’étonnement

Il aimait débusquer la joie en toute chose, gardait une capacité d’émerveillement, « il a gardé un regard d’enfant sur le monde » confirme Héloïse, sa fille
Le thème du temps est omniprésent, matière de nos vies.

« Il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien.
Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tous un monde »
Voyez comme on danse.

 

Salle à manger, Jean d’Ormesson, le vagabond des beaux quartiers (France 5) © A Prime Group

Jean d’Ormesson s’amusait de l’effarement de François Sureau de le voir habiter « une maison qui ressemblait à un bâtiment de banquier d’affaires des années 30″.
C’est aussi le lieu de déjeuners brillants où sont réunis au hasard des jours :  Jean Tulard, Régis Debray, Pierre Nora, Bernard Pivot,… et des  dîners « où il y avait systématiquement de la soupe » confie Olivier.
Mais Jean d’Ormesson est aussi celui qui a fait entrer la première femme Marguerite Yourcenar à l’Académie française, lui qui en avait été le benjamin à seulement 48 ans. « Il était un puits de science mais il avait cette qualité immense de ne jamais vous faire sentir que vous étiez une ignorante ou un ignorant » renchérit Audrey Siourd, son assistante. Un des rares écrivains de son temps à être entré vivant dans la Pléiade.

Montage alerte et plongée bienveillante dans l’intimité

Jean Rousselot dévoile un Jean d’Ormesson émouvant toujours attachant,  qui passionnera les nombreux admirateurs de l’écrivain de La Douane de mer et dévoilera une facette plus familière pour beaucoup d’autres.

#Patricia de Figueiredo