Histoire : Alain Corbin La Rafale et le Zéphyr (Fayard)

Histoire des manières d’éprouver et de rêver le vent, Fayard Histoire, 174 p., 19 €

Quoi de plus insaisissable que le vent ? Alain Corbin rappelait dans Terra Incognita que jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les hommes n’avaient aucun savoir scientifique sur les masses d’air qui circulaient autour d’eux. Avec cette savoureuse Histoire des manières d’éprouver et de rêver le vent, l’historien des sensibilités dote le lecteur de véritables ‘semelles de vent’; un savoir qui le rend léger, et des mots pour ressentir le vent. L’occasion aussi d’aller à l’exposition Tempêtes et naufrages. De Vernet à Courbet au Musée de la Vie romantique jusqu’au 12 septembre, dont il signe la préface du catalogue.

Le vent est un élément de lecture historique

Même si avec Lavoisier (1776) domine une « pensée aériste » Alain Corbin avec sa verve et limpidité habituelles embrasse toutes les réalités mais surtout les imaginaires soufflées par le vent. Sa force réside dans la jubilation de nous rendre intelligent autant dans le savoir imbibées des découvertes scientifiques les plus récentes que dans l’émotion intime des « manières d’éprouver le vent ». Puisant ses exemples de la Bible au cinéma, de la science à l’émotion, Corbin fascine par les territoires mentaux qu’il arpente et partage de sa plume gourmande et instruite.

«Notre vie est du vent tissé» selon Joseph Joubert (1754-1824)

Après l’arbre, l’herbe, le silence, et plus récemment Terra Incognita, l’historien brosse avec La Rafale et le Zéphyr (Fayard) : « un des grands pans de l’histoire des sensibilités, c’est l’histoire de la sensibilité météorologique« . Point d’ancrage pour traiter aussi bien des «progrès de la compréhension de la circulation atmosphérique» que de «l’ascension d’un “moi météorologique”» – tant le vent, «objet littéraire, n’a cessé d’inspirer les écrivains», Victor Hugo en tête. En ces temps où souffle la tempête, ce champ est passionnant.

Pour aller plus loin : L’exposition Tempêtes et naufrages. De Vernet à Courbet au Musée de la Vie romantique jusqu’au 12 septembre en constitue la parfaite vitrine illustrée.