Littérature : Le prix, de Cyril Gely (2019)

en poche dans la collection Points-Editions Albin Michel (2020)

Le romancier Cyril Gely éclaire avec une précision clinique  les relations et le destin d’un couple de savants Lise Meitner (1978 – 1968) et Otto Hahn (1879-1968) qui ont collaboré 30 ans sur la « chimie nucléaire » ; elle a dû fuir l’Allemagne nazie en 1938, lui obtient seul le Prix de Nobel de chimie en 1944….

Des dialogues resserrés et intenses

Cyril Gely s’est fait une spécialité des dialogues au cordeau de personnages plongés dans des situations historiques exacerbées. Sa pièce Diplomatie (en 2011 adaptée au cinéma) confrontait le Général Dietrich von Choltitz et le consul général de Suède Raoul Nordling dans un huis clos décisif à l’hôtel Meurice à l’aube du 25 août 1944 si  Paris devait-il être sauvé de la destruction. Il a signé, également, le scénario de Chocolat, récit dramatique du premier clown noir dans le Paris de la Belle époque.

« Une femme n’avait pas sa place dans la société scientifique de l’époque. » : le roman nous plonge dans un règlement de compte au sens propre et figuré entre deux scientifiques de haute volée : Lise Meitner (1978 – 1968) et Otto Hahn (1879-1968) qui ont collaboré étroitement durant 30 ans au Kaiser Wilhem Institut de Berlin de 1908 jusqu’en 1938 qu’elle a du quitter avec la montée du régime nazi. Le duo se retrouve face à face en huis clos que quelques instants avant que Hahn reçoive le Prix Nobel de Physique… distinction qui honore des travaux auxquels elle n’est pas évidemment pas étrangère…

De multiples fils tirent l’intrigue

L’auteur à partir de faits historiques réels tisse une toile serrée d’enjeux : Lise, protégée du célèbre Max Planck, qui lui ouvre son département de physique a bien formé un couple avec Otto Hahn lui chimiste et elle physicienne de chercheurs sans l’être dans la vie. Cette émulation les portera dans une amitié et une complicité fructueuse inédite. Amie avec Albert Einstein la physicienne ne vivait que pour la passion de son métier, « La fission nucléaire reconnait Hahn c’est à cause d’elle que nous nous sommes séparés… » Hélas l’’Histoire ne l’a pas retenue de cette façon…. et le vide est terrible.

 

Si les questions de physique nucléaire peuvent paraitre stratosphériques à certains, l’expérience de l’auteur sait très habilement nous garder les pieds sur terre voir même dans la glaise de sentiments très humains, il crée un suspense d’une précision d’horloge nucléaire. L’effet miroir de cette histoire à la fois avant-gardiste et tourmentée sur la nôtre crée une stimulation supplémentaire.

Avis Si les questions peuvent paraitre stratosphériques, l’expérience de l’auteur de nous garder les pieds sur terre et dans la glaise des sentiments crée un suspense et l’effet miroir période à la fois avant-gardiste et si tourmentée.