Rentrée Littéraire : Céline Bentz, Mikaël Hirsch, Sandro Veronesi

Dans la pléthore de l’offre, l’omniprésence des poids lourds habituels, Singulars valorise pour une première sélection de la rentrée littéraire quelques pépites romanesques qui méritent et stimuleront votre attention : Oublier les fleurs sauvages de Céline Bentz (Préludes éditions), L’assassinat de Joseph Kessel de Mikaël Hirsch (Serge Safran éditeur) et Le Colibri de Sandro Veronesi (Grasset).

Oublier les fleurs sauvages, Céline Bentz, Préludes éditions
325 p. 17,90€

Amal, jeune libanaise brillante issue d’une famille musulmane sunnite aimante et soudée est promise à un bel avenir après ses études à Nancy. Elle tombe amoureuse de Youssef un chrétien maronite, communiste tout comme son frère ce qui va accentuer ses tiraillements entre les deux cultures et les deux pays…. Librement inspiré de sa propre histoire, le premier roman de Céline Bentz brasse les problématiques d’intolérance, de religion, de la place de la femme dans la société et du poids de la tradition tout constituant un hommage émouvant au Liban, où la guerre fratricide rebat perpétuellement les cartes, obligeant sans cesse à choisir son camp : « Considérer qu’il fallait prendre les gens un par un, pour ce qu’ils étaient – indépendamment de leurs appartenances -, c’était en ces temps-ci devenir relativement relativiste.  Cesser de penser par assignation, c’était rendre l’action politique et militaire, soldat, idéologue, croyant, pèlerin, se cachait un homme qui avait peut-être bien plus de valeur que les slogans et les couleurs qu’il arborait. » Un magnifique récit qui n’oublie pas d’être aussi un roman d’amour.

 

L’assassinat de Joseph Kessel, Mikaël Hirsch, Serge Safran éditeur
160 p. 16,90€

L’anarchiste ukrainien Nestor Makhno n’a plus qu’une idée en tête en ce 19 juin 1926, tuer Joseph Kessel qui vient de publier Makhno et sa juive le peignant comme un monstre, un meurtrier froid prenant plaisir à tuer, lui qui a vécu les camps, la souffrance et l’humiliation. Mais quand la rencontre a lieu avec l’écrivain, Makhno ne maîtrise plus rien et rien ne se passe comme il l’avait imaginé. « N’ayant qu’un très faible langage littéraire – il n’avait lu qu’un peu des Frères Karamazov à Boutyrka -, l’anarchiste avait un don infaillible pour repérer les exaltés, les faussaires pathologiques et les mythomanes en tout genre, bref, les écrivains. »

Le roman de Mickaël Hirsh, croque le décor d’un Paris entre les deux guerres où les cabarets russes et l’opium sont les points de ralliements de géants de la littérature tels Malraux et Cocteau. Libraire, l’auteur, Mickaël Hirsh, dont son roman Le Réprouvé avait été sélectionné pour le Prix Femina 2010, nous offre une précieuse occasion de côtoyer et de connaitre différemment l’auteur des Cavaliers et du Lion.

 

Le Colibri, Sandro Veronesi, Grasset
384 p , 22€

Le colibri, c’est le surnom de Marco Cerrera. « Tu réussis à t’arrêter dans le monde et dans le temps, à arrêter le monde et le temps autour de toi, et même parfois, à retrouver le temps perdu » lui dit joliment Luisa, la femme qu’il aime mais avec qui rien n’est simple. Aucun des deux n’arrive à quitter leurs conjoints respectifs. Sans compter le frère de Marco qui ne lui parle plus, et l’ombre de sa sœur qui s’est suicidée.

D’une plume délicate et déliée, Sandro Veronesi confirme de livre en livre son statut d’auteur important. Sa manière unique de croquer les liens de l’amour, les façons d’aimer, le destin et ce qu’on en fait a été couronnée par le Prix du Livre étranger France-Inter/Le Point. « On devrait tous savoir – et ce n’est pas le cas – que le sort d’une relation entre deux personnes est toujours fixé dès le départ et une fois pour toutes : pour prévoir la fin qui l’attend, il suffit de regarder son début. »

#PatriciadeFigueiredo