Culture

Pour Marina De Caro, le nom des couleurs est un enjeu autant politique que symbolique

Auteur : Marc Pottier, Art Curator basé à Rio de Janeiro
Article publié le 5 avril 2022

[Découvrir les artistes d’aujourd’hui] Par son œuvre transversale et ses engagements politiques sur la dénomination et la symbolique des couleurs, l’artiste argentine Marina De Caro revendique que couleurs, art et luttes sociales ne font qu’un, pour mieux développer de nouvelles formes esthétiques et engagements collectifs. La Galerie In Situ-Fabienne Leclerc de Romainville qui représente l’activiste en France prépare plusieurs occasions de découvrir cette œuvre radicale, tout comme le FRAC Franche-Comté qui l’invite depuis plusieurs années.

Cromoactivismo, le militantisme par la couleur

Avec ses frontières poreuses, entre expérimentations pluridisciplinaires, engagements politiques, l’œuvre de Marina De Caro se glisse mal dans une seule

Marina De Caro, Cromoactivismo,29 11 2016, Marcha del Orgullo LGTBIQP. Columna Orgullo en Lucha.

case. S’accumulent tour à tour des projets pédagogiques, des participations à des collectifs divers dont celui d’artistes femmes et une production souvent expérimentale qui couvre et associe à l’expérience du corps, le textile, le dessin, la sculpture et la vidéo.
Née en 1961 à Mar del Plata l’artiste travaille aujourd’hui à Buenos Aires où elle fait partie, entre autres, depuis 2013, du collectif « Cromoactivismo ». Ce militantisme artistique intervient poétiquement et transversalement, à partir de la couleur, par des actions directes dans des événements politico-sociaux en promouvant des réunions d’affiches (chromoactivations). Des affiches sont fabriquées (en carton, peintes à la main) puis emmenées dans la rue ou sont encore travaillées directement dans le cadre de manifestations. Parmi les dernières activations du chromoactivisme figure le travail avec la colonne « Pride in Struggle » dans le cadre des manifestations de fierté LGTTBIQP et dans l’action pour la légalisation de l’avortement en Argentine.

Qu’est-ce que le Chromoactivisme ?

Un militantisme poétique et transversal
En tant qu’artistes, nous vibrons avec la couleur.
La couleur altère toute perception, toute pensée, toute existence.

Marina De Caro, Cromoactivismo, 10 05 2017 Marcha contra el fallo 2 x 1 Foto Pablo Mehanna

Le chromoactivisme donne de la couleur au sol
Le chromoactivisme croit que la couleur n’est pas innocente
Le chromoactivisme mise sur l’émotion et l’affection
Le chromoactivisme est une dynamique sociale
Le chromoactivisme est une nouvelle construction de relations
Le chromoactivisme est une interface entre intelligence individuelle et collective
Le chromoactivisme est un essai micropolitique qui arrache un geste sensible
Le chromoactivisme n’acceptera pas le monopole de Pantone.co
Le chromoactivisme veut libérer la couleur
Le chromoactivisme affecte la réalité avec sa carte de couleur
Pantone NON !!!!! Couleur politique OUI !!!!!
Colore ton militantisme poétique

Le collectif, comme dynamique créative

Marina De Caro, Pizarrón, 2006, Club del Dibujo, arteBA. Buenos Aires, Argentin

« Il y a un écho que les expériences des œuvres d’art émettent vers les territoires sociaux, politiques et éducatifs. Sans aucun doute, travailler avec les autres a été l’espace où je me suis permis, au cours des 15 dernières années, d’essayer d’autres aspects possibles du système de l’art, de réfléchir à la façon d’habiter nos réalités multiples et diverses… Maintenant, je m’interroge sur la matérialité, la valeur des images et des mots comme support, le sens du corps et de ce qui est proche, un espace pour se retrouver. Quel est le sentiment de cette rencontre avant de pouvoir la nommer ? Comment est la reconnaissance de cette présence ? Définir un espace minimum pour un rituel de nouvelles histoires et théories pour soutenir ce monde à venir. A partager aujourd’hui pour l’après. » précise l’artiste pour éclairer sa démarche.

Marina De Caro veut libérer la couleur

Marina De Caro, Naves nubes 2021, Tierra de la emociones perdida, Ruth Benzacar Galería de Art

Au fil des œuvres qui envahissent l’espace public, le corps sent la couleur et fait que nous vibrons avec elle. « Celle-ci altère toute perception, toute pensée, toute existence » nous confie-t-elle. On pense bien entendu aux avancées visuelles et théoriques du peintre abstrait russe Vassily Kandinsky (1866-1944) captant la manière dont la peinture peut faire vibrer l’âme de celui ou celle qui la contemple. Son manifeste « Du Spirituel Dans l’Art » y détaille les effets des couleurs sur l’esprit.
Mais les déclarations de Marina explorent aussi d’autres directions, dans une démarche plus politique. Elle dénonce une Industrie de la couleur qui fait qu’aujourd’hui tout passe par le pantone, dans la continuité de la critique de l’historien Hervé Fischer, Les couleurs de l’Occident. « Ce dernier (re)donne des noms aux couleurs cassant ainsi la culture des symboles où chacun pouvait y mettre son imagination » explique l’artiste qui, en s’opposant aux mass-médias, souhaite « renommer les couleurs », une opportunité politique de les penser collectivement en leur redonnant ainsi une valeur symbolique ou tout simplement celle qu’on leur a dérobée.

Redonner la parole à la couleur

Marina De Caro, Negro que mueve el universo, 2018, Museo de los Inmigrantes, Buenos Aires. Argentina

Invitée à ouvrir un espace au Musée des Immigrants, à Buenos Aires, Marina De Caro a souhaité travailler un paysage de couleurs. Il s’agissait d’un sol en céramique émaillé à la main, qui permettait au visiteur de ressentir la vibration de la couleur comme une projection du désir. Cela commençait par la couleur blanche, celle des tuiles du bâtiment. Puis, en entrant dans la salle d’exposition, on pouvait ensuite découvrir le travail d’un nuancier imaginé avec ses collègues du « Cromoactivismo », qui voulait faire un lien avec la tradition anarchiste des immigrés espagnols et Italiens. Le public rencontrait aussi deux fauteuils avec plusieurs livres qu’il était invité à lire. A partir de citations bibliographiques de textes et de publications anarchistes, fut attribué des noms aux couleurs. La lecture faisait que le visiteur était invité à ne pas traverser trop rapidement l’exposition et puisse ainsi profiter de cet espace poétique.

« Cette proposition est née de l’intention de redonner la parole à la couleur, de nommer à nouveau les couleurs à partir d’expériences communes, historiques et féministes, politiques et anarchistes. Le nom de chaque couleur rend compte d’autres histoires, qui jusqu’à présent ont été réduites au silence ou entendues comme un doux murmure : les couleurs, leurs noms, nos expériences font revivre une tradition politique. »

Un grand coup de pied dans la fourmilière des habitudes

Marina De Caro, Tragedia griega, 2005 Galería Alberto Sendros. Buenos Aires, Argentina

Construire une fusion entre le cérébral et le perceptif, réenchanter ce qui relève, avant tout, de la performance et de la poésie. Le parcours de Marina De Caro ressemble un peu à celui d’une de ses mentors, l’artiste brésilienne Lygia Clark (1920-1988) et pose aussi un véritable défi à toute exposition. Des récits, des sensations et des souvenirs font que son œuvre devient immatérielle et collective pour mieux se transformer en une forme de « structuration du soi », une forme d’esthésie dynamique, à la fois individuelle et politique.
Ainsi à la 7ème biennale du Mercosul de Porto Alegre au Brésil, son projet ‘Grito e Escuto’ (Je crie et j’écoute), affirme d’emblée qu’une Biennale n’est pas le lieu pour parler d’art ! Pour elle, « l’art n’est pas dans l’institution et qu’il faut donc tout remettre à plat. Comme l’art est un chemin qui dirige vers la connaissance et est donc un objet épistémologique, il faut chercher d’autres acteurs, monter d’autres système pédagogique, forcer des expériences, qu’elles marchent ou non, ne pas toujours vouloir tout montrer et bien entendu toujours penser pour tous les publics ». Elle avait ainsi organisé des ateliers hors de la biennale avec des rendez-vous qui allaient au-delà de ses dates officielles. Une partie de son budget fut consacré pour laisser de l’argent pour les artistes de Porto Alegre…des portes grandes ouvertes pour repenser sans limite ce qu’est l’univers de l’art.

Déborder l’art au-delà des espaces réservés

Marina De Caro, El mito de lo posible, 2011 Biennale de Lyon, Lyon.

Avec la création de sculptures précaires faites main, conçues à partir de matériaux issus de la vie courante tels que des vieux papiers ou des cartons, installations qui impliquent souvent la participation de la population locale, comment ne pas penser à son collègue suisse Thomas Hirschhorn (1957-). Leurs œuvres sont traversées par les questions, les contradictions et les scandales qui taraudent la société contemporaine, marquée par la mondialisation. Tous deux militent en faveur de davantage de justice et d’égalité. Leurs installations apparemment désordonnées, improvisées et pauvres sont en fait fortement structurées. Le « faire exister l’art au-delà des espaces qui lui sont consacrés » est une devise qu’ils partagent.

Ne jamais hésiter à tout risquer

« En tant qu’artistes contemporains, nous prenons des risques et faisons de nombreuses tentatives pour affecter la réalité, pour ouvrir le monde en en matérialisant un autre ou en réalisant des actions qui remettent en question des codes sociaux et culturels apparemment permanents.

Marina De Caro, Horizonte de sucesos, 2015 Contra la gravedad, Museo de Arte Moderno de Buenos Aires. Argentine

L’art n’est pas seulement une question de visibilité, c’est aussi une expérience manifestée par un cri, un son, un mouvement, l’art est celui d’un artiste convaincu. La certitude est cette expérience dans laquelle, en tant qu’artistes, nous sommes convaincus du pouvoir d’une idée, d’une impulsion, d’un désir et nous le suivons jusqu’au bout, en risquant tout. Un artiste transforme et matérialise cette certitude en une œuvre. Le reste du temps on vit dans l’incertitude… » éclaire celle pour qui être artiste est déjà une attitude politique.

Poser des questions en chantant

« Desperadas por el ritmo, 2022.Encuentro Nora Dobarro + Karaoke con Las Desesperadas por el ritmo e invitadas_ Silvia Sánchez y Fátima Pecci Carou Créditos Gentileza Centro Cultural Recoleta

Autre collectif auquel Marina De Caro appartient, Desperadas por el ritmo (désespérées pour le rythme), un groupement d’artistes femmes dans leurs 50aine ou 60aine qui s’entraident et cherchent à pouvoir continuer à travailler en posant la question de qu’est-ce qu’être aujourd’hui une femme artiste dans ces tranches d’âges. Elles chantent dans les espaces publics en scandant comme des mantras le plus grand nombre de noms d’artistes que possible. Peu importe pour elles si elles chantent mal. Leurs actions ne tournent pas le dos à une certaine forme d’humour. Elles n’hésitent pas à investir des lieux tels que le parc de la Mémoire de Buenos Aires, lieu de souvenir à la mémoire des victimes de la terreur d’État, pendant la dictature militaire de 1976 à 1983

Être constamment en alerte

Marina De Caro, El universo en un hilo, 2017 opera, Museo TACEC, La Plata. Argentin

« En tant qu’artiste et historienne de l’art, avec un héritage familial du langage architectural et une longue expérience de la danse, je travaille et enquête sur le corps dans ses multiples dimensions, sensibilités et fugues qui s’entremêlent. Le corps est l’interface entre l’individuel et l’intelligence du collectif, entre pratique et théorie. Je considère que toute approche du corps est nécessaire mais en même temps pas suffisante. Présenter une image, nommer les expériences, c’est ouvrir la question, formuler une idée, sculpter un concept. » complète l’artiste qui a aussi une formation en philosophie.

Relation entre la couleur, la poétique affective et la désobéissance

Marina De Caro, Chromotopia, projet de tissus, 2021

Le travail sur l’anarchisme que nous avions mentionné au Musée des Immigrants de Buenos Aires s’est poursuivi dans une résidence en France, avec le Frac de Franche-Comté. Le résultat de ce travail est un opéra sur la couleur, le féminisme et l’anarchisme. « Chromotopia » est conçu pour deux chanteurs et danseurs, une guitare électrique, des percussions, une clarinette et une contrebasse. La pièce interroge la relation entre la couleur, la poétique affective et la désobéissance : comment le comportement versatile de la couleur, dans sa capacité à être affectée par la présence des autres, est-il lié à la transformation politique ?
La mise en scène s’appuie sur un dispositif spatial construit à partir de toiles réalisées pour une exposition décalée en 2023, à la suite des agendas bousculés par la pandémie. Les couleurs et les textures se mélangeront dans des tableaux superposés et jouant de transparence. Par un système de suspension et de machinerie, la mise en scène offrira une expérience visuelle et scénique autour de la couleur et de sa perception créant des tensions entre les tonalités.

Le ressort utopique du Fouriérisme

C’est au Frac de Franche-Comté à Besançon, Maria De Caro a découvert le philosophe, Charles Fourier (1772-1837) figure du « socialisme critico-utopique » connu pour son projet de Phalanstère, une architecture qui abriterait une exploitation agricole, une communauté domestique, paisible et libertaire dans un monde en harmonie, où les développements de toutes les passions aideraient à construire une civilisation sans injustice et sans compétitivité. Au cours des dernières années de sa vie, Fourier écrivit des lettres à différents intellectuels et politiciens espérant que quelqu’un financerait son projet. Il publia dans la presse parisienne une notice annonçant que tous les jours, à midi, il serait chez lui à Saint-Pierre, à Montmartre, pour recevoir qui voulait investir de l’argent dans sa création.

Marina De Caro, video bastardo edición POrto alegre avec Claudia Paim Luciano Zanette, Marcelo Gobatto 2006

L’attente en espagnol a la même racine que l’espoir, le sentiment de savoir qu’à un moment donné, ce tant attendu arrivera. Connaître l’attente de Fourier et son espoir dans la solitude a décidé Marina De Caro de lui rendre hommage et de l’accompagner dans cette utopie. A Besançon, la ville où il était né, elle a donc décidé d’attendre quelqu’un qui voudrait parler sur Fourier, ses idées, son phalanstère ou quelqu’un qui le nommerait simplement et se souviendrait de sa sensibilité à la société. Ainsi Marina De Caro se demande et nous demande ce que serait aujourd’hui ce Phalanstère imaginé par Fourier ? Comment serait un monde sans injustice ? Quel pourrait être cet espace, cette construction idéale et cet avenir tant attendu ?

L’art est un monde à partager

Marina De Caro, C(r)OSMOS livre de nuanciers, couleurs dont les noms sont inspirés de citations anarchistes, hommage aux immigrants anarchistes arrivés en Argentine au XIXe siècle.

L’enseignement est la dynamique par laquelle Marina De Caro estime finaliser son travail. En réalisant une œuvre elle s’en nourrit en découvrant des sensibilités, des idées, des façons de lier espaces, relations et comportements, projection politique… Partager avec les autres pour nous aider à penser d’autres systèmes d’art possibles, d’autres liens avec l’art, d’autres façons de faire monde et miser sur la transformation de tout ce qui est possible sont ses finalités. L’éducation est cet espace où elle met sur la table les résultats de son apprentissage.

Pour elle, il s’agit d’un espace micropolitique. « Je pense que tout ce que je fais dans l’art, c’est aboutir à une nouvelle méthodologie pédagogique absolument nécessaire. » conclue-t-elle. Nul doute qu’il sera passionnant de rentrer dans sa danse lors des prochaines expositions à la Galerie In Situ-Fabienne Leclerc, Romainville et le Fonds Régional d’Art Contemporain – FRAC Franche-Comté, de Besançon.

Pour suivre Marina De Caro 

  • Le site de Marina De Caro
  • La Galerie In Situ-Fabienne Leclerc, Romainville
  • Le Fonds Régional d’Art Contemporain – FRAC Franche-Comté,
  • Sur le cromoactismo
  • Sur Fondo FluidoLe Fond Fluido est un projet conçu par des artistes (Marina De Caro, avec Cecilia Garavaglia, Adriana Bustos y Mariela Scafati)  et des collaborateurs pour tester d’autres liens possibles au sein du système des arts visuels, de nouveaux modèles d’association et de collaboration pour cette communauté. L’idée principale de cette initiative est de construire un système artistique avec une économie solidaire, un système artistique collaboratif avec tout le monde et pour tout le monde, un nouveau statut pour les acteurs de la culture. Le Fluid Fund est un fonds économique commun pour les artistes résultant d’une alliance entre artistes et galeries d’art. Il s’agit d’une construction en mouvement pour répondre aux besoins des artistes liés au logement, à la santé, aux soins et à d’autres situations imprévues.
    S’allier à un dispositif de solidarité économique pour les artistes en situation d’urgence, tel que celui proposé par la FF, permettra, en plus de collaborer au soutien de l’économie de l’artiste, d’attirer l’intérêt de ceux qui soutiennent non seulement les valeurs culturelles et économiques, mais aussi les valeurs de solidarité. Ces personnes intéressées qui, en raison de la même situation, se sont éloignées de la possibilité d’acheter des œuvres d’art, trouveront une nouvelle motivation pour participer et collaborer à la culture et aux arts visuels.

Les référents de l’agir collectif de Marina De Caro : Raquel Forner, Yente, Ana Gallardo, Cristina Schiavi, Margarita Fernández, Delia Cancela, Val Flores, Verónica Gago, Colectivo Ni una menos, Rita Segato…
Les femmes qui sont ses mères et grand-mères, ses exemples en Argentine : Madres de Plaza de Mayo, Abuelas de Plaza de Mayo

La transformation, une recette de cuisine maison :

Visualisez un sorcier
Concentrez-vous sur votre état magique
Lire le journal
Identifiez l’actualité que vous souhaitez transformer
Trier pour ne pas mélanger les énergies
Mettez-les informations retenues dans l’eau pendant 5 minutes
Préparez les outils, la musique et les couleurs.
Mélangez les journaux et ajoutez la couleur de
Transformation, la couleur de votre désir.
Égoutter sur un tamis
Placer un journal sec sur le tamis
Appuyez pour retirer l’eau
Reprenez le tamis et de l’autre côté
Vous trouverez un autre état. Vous avez fait
Un premier pas vers la transformation.

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