Auteur : Patricia de Figueiredo Article publié le 1 février 2019 à 22 h 28 min – Mis à jour le 7 février 2019 à 10 h 35 min
Métier du geste, de l’œil et de nez, le relieur main est un réenchanteur à haute valeur ajoutée. Sébastien Tiessen vit son art en véritable gardien et rénovateur d’un patrimoine de papiers.Reliure, brochure, dorure, restauration de livres anciens… tout ce qui touche au livre comme objet n’a aucun secret pour Sébastien Tiessen. « Contrairement aux idées reçues, le terme reliure ne désigne pas simplement la couverture, rappelle l’artisan dans son atelier au sous-sol de la célèbre enseigne Bourgogne Reliure, mais l’assemblage des feuillets qui sont solidaires des plats cartonnés.»
Du ‘débrochage’ au ‘vernissage’ : des feuilles au livre d’art
Des dizaines d’opération sont nécessaires pour qu’un paquet de feuilles deviennent un livre. Les commandes vont du travail va de la reliure courante à des ‘demi-chagrin’ ou des ‘dos ornés’, de la réfection des ‘mors’, des ‘dos fendus’ ou des ‘coiffes’, de la restauration des papiers sans oublier les cartonnages ou les créations… Après chacune de ses prises en main, l’ouvrage se réenchante avec ses vapeurs sécrètes de colles, de vernis ou de cuir ou tout simplement une tenue fier qui transcende les étagères…
Dans ces temps difficiles pour un art qui ne fait rêver que les bibliophiles, des carnets, véritables livres d’heures sortent aussi de l’atelier de la rue de Bourgogne, installé depuis 1885.
Démonter, coudre, couper, encoller, grequage, arrondissure, massicot, titrage sur balancier, cousoir, polices, fleurons et palettes, couture-ruban pour de la toile, ficelle pour du cuir… autant de termes et de verbes remontées de la nuit des temps, propres à définir la pratique de cet artisanat séculaire, qui participent d’un métier où la main, l’œil et l’amour de l’objet sont essentiels.
De l’objet de collection aux demandes plus étranges
Quand on lui demande quelle réalisation l’a le plus marquée, il répond sans hésiter la restauration d’une intégrale des œuvres de Molière dans une version originale.
Mais il faut aussi savoir répondre à des demandes plus intimes : « Une cliente désirait relier tous les carnets de dessins de ses enfants avec une reliure rose » se souvient l’artisan.
Le temps passé sur un livre peut varier de 2 heures pour une simple reliure en bon état d’un ouvrage contemporain à…. 500 heures pour des pièces uniques ! « Mais la moyenne se situe autour de 10 à 15 heures » tempère Sébastien.
Issu d’une famille de relieurs, Sébastien Tiessen a tout naturellement suivi les traces de son père et son grand-père qui exerçaient le métier à Nancy. Lui-même y est resté 20 ans.
Mais faute de clients suffisants pour que l’activité soit rentable, il décide en 2017 de monter à Paris. Il reprend, avec l’aide de soutien financier de Pascal Pluchard qui devient le propriétaire, Bourgogne Reliure l’un des plus anciens ateliers de reliure de Paris, datant de 1885.
Ainsi, l’ancienne boutique de Marie-Christine Lafont, rue de Bourgogne, à quelques pas de l’Assemblée nationale que connaissait bien les bibliophiles a retrouvé une nouvelle vie. De nombreux trésors bibliophiles aussi !
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