Vins & spirits

Un des plus grands experts mondiaux du vin est… anglais. Steven Spurrier publie ses mémoires [nous livrons ses meilleurs flacons]

Auteur : Isabelle Bachelard
Article publié le 28 juin 2018 à 1 h 03 min – Mis à jour le 30 juin 2018 à 19 h 08 min

En 1976, le britanniquissime Steven Spurrier, qui avait déjà surpris en créant la première école de dégustation de vin sur le sol parisien, fit découvrir les crus de Californie au reste du monde. En 2018, il publie ses mémoires ‘Wine – a Way of life’ (Adelphie Press) , relance son Académie du Vin à l’international et recommande les vins qui l’ont accompagné durant sa longue carrière.

Dans la France de la fin des années 2010, il n’y a pas des millions de gens qui connaissent Steven Spurrier, alors qu’il est devenu une des personnalités les plus importantes du vin à l’échelle mondiale. Il signe une autobiographie originale de 350 pages qui se lit avec délectation même si on n’a pas un verre de vin à la main – mais à condition de manier la langue de Shakespeare, particulièrement bien distillée par ce natif du Derbyshire, passé par la public school exclusive de Rugby.

Ceux qui le connaissent sont bien sûr les grands amateurs de vin, ceux qui lisent le magazine anglais Decanter dans lequel il signe une colonne et qui l’a désigné comme « homme de l’année » en 2017. Un titre qui est décerné à un vigneron, à un homme du terroir, plutôt qu’à un citadin, fût-il expert, critique et écrivain. Il y a surtout tous ceux qui sont de sa génération ou plus jeunes et qui ont découvert le vin grâce à lui. Ils sont nombreux.

Steven Spurrier et Eduardo Chadwick, propriétaire de Vina Errazuriz au Chili, respectivement Homme de l’année 2017 et 2018 du magazine Decanter, lors de la dégustation de l’Académie du Vin au restaurant Taillevent, le 6 juin 2018. Photo © Isabelle Bachelard

Paris dans les années 70

C’est en 1971 que Steven Spurrier a acheté, presque par hasard, une boutique de vin à Paris, les Caves de la Madeleine, dans un passage alors pittoresque du 8è arrondissement. Ce sujet britannique qui avait fait ses classes chez le plus ancien caviste de Londres s’était ensuite offert un « grand tour », long périple dans les vignobles, s’arrêtant quelques mois pour travailler comme stagiaire chez les plus grands vignerons de France et d’Espagne, tels les Guigal en Côte Rôtie ou les Barton à Bordeaux (château Léoville-Barton, cru classé Saint-Julien). Très vite, les conseils qu’il prodigue à ses clients verre en main dans la boutique changent d’échelle lorsqu’il acquiert un local adjacent : dans cette « Académie du Vin » des étrangers en poste à Paris viennent se frotter aux bases de la culture française, avant d’être rejoints par autant de français qui se rendent compte enfin que « ce n’est pas parce qu’on est français qu’on connait le vin ».

Steven Spurrier Bride Valley Vineyard, Dorset, vignes amphithéâtre. Les douces collines du Dorset abritent les vignes de Bride Valley Vineyard, plantées par Steven et Arabella Spurrier à partir de 2009, à une trentaine de kilomètres de Kimmeridge, le village qui a donné son nom au calcaire kimmeridgien de Champagne et Chablis.

Le vin, un art de vivre selon Steven Spurrier

L’autobiographie de Steven Spurrier, Wine – A way of life, se présente bien. Le livre est d’un format confortable, relié, discrètement illustré de quelques photographies en noir et blanc. La couverture montre l’auteur souriant tel un prince trônant parmi ses bouteilles. Il écrit dans un style qui lui ressemble, à la fois sobre et sophistiqué, une langue classique, qui tire parti de la richesse et de la précision du vocabulaire et de la grammaire anglais. L’histoire commence par un porto Cockburn’s vintage 1908 dans lequel son grand-père lui laisse tremper les lèvres en 1954, lorsqu’il atteint ses 13è fêtes de Noël et arbore son premier pantalon long. Elle se poursuit entre l’Angleterre, la France, les Etats-Unis et tous les endroits où l’on apprécie le vin. Steven Spurrier étonne par le naturel avec lequel il égrène ses souvenirs, avec une grande précision, un incroyable recul par rapport à sa propre histoire. Rares sont les gens qui racontent avec autant de naturel leurs échecs comme leurs réussites.

L’Académie du Vin Tokyo. Photo © Isabelle Bachelard

L’Académie du Vin « into the future »

Le 2 septembre 2017, Steven Spurrier a fêté à Tokyo les 30 ans de l’Académie du Vin Japon avec une dégustation “master class” de ses huit vins préférés en 50 ans de carrière. Le 14 octobre, il a refait cette dégustation à Londres au club 67 Pall Mall, récemment ouvert, et quelques jours plus tard au restaurant Macéo à Paris chez Mark Williamson, un des nombreux professionnels qui ont été formés sous sa douce autorité. La « tournée » de l’Académie du Vin ambitionne de se poser aussi au Canada, aux Etats-Unis et jusqu’en Inde, en partenariat avec la famille Sekhri de « Fratelli Vineyards ».

Crédits photo : Isabelle Bachelard

Steven Spurrier. Wine – a Way of Life, éditions Adelphi Press, £20.00 (inédit en français].

Les vins

Parmi les vins présentés à la dégustation de l’Académie du Vin au restaurant Taillevent

La méthode champenoise de Steven Spurrier

Bride Valley…

Les vins

Parmi les vins présentés à la dégustation de l’Académie du Vin au restaurant Taillevent

La méthode champenoise de Steven Spurrier

Bride Valley Vineyard Rosé Bella brut, 29,50 £

Un autre effervescent anglais

Nyetimber classic cuvée NV, 55,90 €

Parmi les vins d’Eduardo Chadwick

Don Maximiano 2015 Aconcagua Valley, 80 € env.

Sena 2012, 140 € env.

Caviste Apogé
21 Esplanade du Général de Gaulle
02060 Paris La Défense
Tél. : 01 49 03 03 03

Présentés par l’Académie du vin à Paris, au restaurant Macéo, avec quelques variantes de millésimes à Tokyo et Londres « Mes vins préférés en 50 ans de carrière »

-Riesling Schlossberg 2015 Domaine Weinbach

Domaine de Chevalier 2012 Pessac-Léognan

Wineandco : 90 €

-Corton-Charlemagne 2004 Domaine Bonneau du Martray

-Beaune Clos des Fèves 2009 Domaine Chanson

-Château Langoa-Barton 1995 St-Julien

Millesima : 49€ le 2015

-Châteauneuf du Pape 2001 Château de Beaucastel

Millésimes : 90 €

-Vouvray Le Mont demi-sec 2008 Domaine Huet.

Dans la même veine :

Le petit roman du vin, du cofondateur des guides Gault-Millau, Christian Millau (décédé le 5 août 2017) qui fut également grand reporter, critique littéraire, chroniqueur judiciaire, mémorialiste, bien sûr gastronome.
Les éditions du Rocher – Date de parution : 16/09/2010 – 128 pages; 10,10 €.

Le vin conté et raconté, suivant un parcours qui commence chez un épicier de la Montagne Sainte-Geneviève, voisin de l’École Polytechnique, qui y joue un rôle. Et où à l’arrière boutique, des Chassagne-Montrachet, Pommard, Chambolle-Musigny, Coteaux du Layon, Chateauneuf-du-Pape, Beaumes-de-Venise, Condrieu… attirèrent l’attention de l’auteur. Un roman dans lequel il mit notamment définitivement fin à la vieille querelle : bordeaux ou bourgogne ?

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