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Abbaye de Longpont, des ruines majestueuses, un si beau décor de fête !

Auteur : François Collombet
Article publié le 19 octobre 2018 à 15 h 02 min – Mis à jour le 22 octobre 2018 à 10 h 24 min

Ce fut l’une des plus grandes abbayes cisterciennes du royaume de France. De son glorieux passé, Longpont ne conserve que des ruines, des ruines grandioses à seulement 90 km de Paris ! Découverte…

Si des hommes ont vendu pierre par pierre l’immense église abbatiale, chef d’œuvre du premier gothique, ils ont conservé intact le palais des abbés commendataires. Aujourd’hui, plus de moines mais des « invités » profitant, à l’ombre de ces ruines majestueuses, de l’élégant palais abbatial aménagé au XVIIIe siècle et transformé désormais en château*. On vient ici à Longpont en séminaire, en congrès ou bien…, se marier et faire la fête. De là, quelques pas suffisent pour se perdre dans l’immense forêt domaniale de Retz, le long de ses quelques 500 kms de sentiers forestiers. C’est l’un des plus grands massifs forestiers de France et sans doute, l’une de ses plus belles hêtraies.
* L’abbaye de Longpont est un monument historique privé appartenant à la famille de Montesquiou.

Démolition de l’abbatiale de Longpont

Démolition de l’abbatiale de Longpont, construite au début du XIIIe siècle et transformée en carrière de pierre.

Il fallut plus de temps pour l’abattre que pour la construire

Longpont, abbaye fantomatique dont l’abbatiale avait la taille d’une cathédrale ! Imaginez-la, presque aussi vaste que Notre Dame de Paris avec un fronton qui atteignait le niveau des plaines environnantes ! De son glorieux passé cistercien, il ne reste que d’éblouissantes ruines au cœur d’un petit village picard niché en lisière orientale de la forêt domaniale de Retz (qu’on appelle encore Forêt de Villers-Cotterêts). Vision de carte postale sur écrin de verdure !

L’abbaye de Longpont, un magnifique décor de fête.

L’abbaye de Longpont, un magnifique décor de fête. Photo © DR

A Longpont aujourd’hui, tout est net, propre et romantique avec des ruines bien entretenues, un palais abbatial transformé en château et son parc à l’anglaise aménagé dans la vallée, là où les moines avaient des herbages et des pièces d’eau. Compiègne et Senlis sont tout proches, Soissons n’est qu’à à 15 km. On est sur la route de Reims et Paris se trouve à seulement 90 km. Nous sommes au pays des bâtisseurs de cathédrales (la Picardie en compte 6), inventeur de la voûte gothique. Alors, de cette immense abbaye figée dans ses ruines depuis la Révolution*, que faudrait-il retenir ? Serait-ce la beauté de l’édifice due au parfait équilibre de ses proportions (la largeur entre les murs intérieurs égale à la hauteur sous voûte centrale et les bas-côtés à la moitié de la nef centrale). Ou bien retiendrait-on comme un symbole, cette grande rose de 10 mètres ornant l’imposante façade haute de 40 m, au remplage disparu. Un vide incommensurable pour ce chef d’œuvre le plus accompli de l’art gothique.

* L’abbatiale fut transformée en carrière de pierre à la Révolution. Il a fallu près de 40 ans (de 1793 à 1831) pour la réduire à l’état de ruines majestueuses, soit plus de temps que pour la construire au début du XIIIe siècle.

L’ancien cellier gothique du XIIIe siècle voûté en croisées d’ogives, aménagé au XVIIIe siècle pour loger les hôtes des abbés commendataires

L’ancien cellier gothique du XIIIe siècle voûté en croisées d’ogives, aménagé au XVIIIe siècle pour loger les hôtes des abbés commendataires. Il sert aujourd’hui de salle de réception. Photo © François Collombet

Les hôtes du comte Anne-Pierre de Montesquiou Fezensac

Eh oui, l’histoire ne fut pas tendre avec Longpont : pillages, destructions, guerres. Si l’abbaye eut à subir les bombardements de 1918 puis ceux de 1940, ne pas oublier qu’elle fut également endommagée au cours des XVe et XVIe siècles par les bandes armées qui ravageaient la région (Bourguignons, Anglais, Huguenots…).
Aujourd’hui, l’abbaye dont les derniers moines cisterciens ont depuis des lustres rendu leur âme à Dieu, laisse place au tourisme et à l’hôtellerie : mariages (une spécialité), séminaires, conférences… Tous ces gens, la plupart hôtes du comte Anne-Pierre de Montesquiou Fezensac, viennent s’accaparer un peu de la sérénité (à défaut de silence) de ces lieux qui furent si longtemps régis par l’ordre de Cîteaux. Pour eux, le comte met à disposition l’ancien Cellier des moines, grande salle voûtée en croisées d’ogives, le cloître et l’ancien chauffoir de l’abbaye, plus 3 gîtes répartis dans le parc.

Chauffoir des moines (XIIIe siècle), exemple unique d’une cheminée centrale à hotte soutenue par quatre colonnes rondes.

Chauffoir des moines (XIIIe siècle), exemple unique d’une cheminée centrale à hotte soutenue par quatre colonnes rondes. Photo © François Collombet

Pour qui sonne le carillon de Longpont ?

Si on doit à Robert Planquette, Les cloches de Corneville (opéra-comique en trois actes), nous avons ici une œuvre musicale beaucoup plus sérieuse, Le Carillon de Longpont de Louis Vierne (pièce jouée à l’orgue). Il était, au début du XXe siècle, l’organiste de Notre-Dame de Paris et grand ami de la famille de Montesquiou. Il se trouvait régulièrement invité au château à Longpont au moment du 15 août ; une grande fête religieuse avec procession dans le village et le parc. On l’installait alors sur un chariot tiré par deux ânes avec un harmonium. Sans doute l’inspiration lui vint en entendant les 4 cloches du carillon de l’église pour composer cette œuvre qui fut dédiée à son frère René tué en mai 1918 non loin de là. Aujourd’hui, au clocher de Longpont qui fut détruit en 1918 et partiellement reconstruit en 1923, manque une cloche et une autre ne possède pas la sonnerie initiale. Donc impossible d’entendre retentir ce célèbre air, mais patience, une association pour la renaissance du carillon de Longpont a été constituée.

Abbaye de Longpont, des ruines majestueuses, un si beau décor de fête !

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