Voyages

Les magies méditéranénnes des jardins du Domaine du Rayol

Auteur : Olivier Olgan
Article revu le 5 août 2021

D’un domaine de villégiature d’exception sur la corniche des Maures, le paysagiste Gilles Clément a crée au Rayol un Jardin magique, celui « des Méditerranées et des cinq continents » qui est à la fois une invitation à remonter le temps puisque cet enclace naturelle a fêté ses 100 ans, mais aussi à préparer le futur avec des expérimentations environnementales. Plusieurs rendez-vous sont à noter l’Exposition VITReAUX de mer et Surprises sous-marines, photographies d’Henri Eskenaz, jusqu’au 26 septembre, la 4e Biennale de land art “Mobilis in mobile”, expérience artistique et collaborative entre paysagistes et plasticiens jusqu’au 3 octobre. 

Le Rayollet avec vue sur les Iles du Levant @ Olivier Olgan

Deux facons (libres) de découvrir le domaine : histoire et nature

L’angle historique – avec sa dimension architecturale art déco – facilite l’apprivoisement  de cet espace naturel protégé de 20 ha, qui avant d’être la propriété du Conservatoire du littoral, fut celle des familles Gourmes, puis Potez.

C’est à Alfred et Thérèse Courmes (mariés en 1910) que l’on doit villas et fabriques sur leur propriété : en premier lieu la ferme ainsi qu’une spectaculaire pergola d’inspiration antique (1910), l’Hôtel de la Mer (1912-1919), le puits et le pittoresque Bastidon et enfin une seconde villa plus moderne et intime, la villa Rayolet (1925). Alfred Courmes disparaît en 1934 et Thérèse, sa femme, en dépit de son attachement au Domaine, le vend au célèbre ingénieur aéronautique Henri Potez.

L’Hotel de la mer du Domaine du Rayol Photo Olivier Olgan

Ce dernier à partir de 1940 jusqu’en 1974 vit avec sa famille dans la Villa Rayollet. C’est aussi à cette période qu’est construite la majestueuse descente d’escaliers encadrée d’ifs en-dessous de la pergola, le grand degré, puis La Maison de la Plage en 1949.

Laissé à l’abandon jusqu’en 1989, le Conservatoire le reprend pour en préserver les richesses naturelles unique de cette côte varoise.

Se fondre dans un jardin en mouvement

Apparenté au maquis des régions méditerranéennes, le Fynbos est l’une des formations végétales que l’on retrouve dans le jardin d’Afrique du Sud du Rayol Photo ©
Domaine du Rayol

Depuis sa rénovation, c’ est aussi un magnifique laboratoire de la biodiversité végétale planétaire, méditérannéenne et au-delà. Avec la volonté revendiquée de garder l’esprit des lieux, tout en proposant un voyage entre nature et culture, car patrimoine architectural et naturel s’y marient, voyage dans des paysages méditerranéens lointains, voyage enfin en soi car un ressenti d’unité, entre le visiteur et le jardin. Gilles Clément l’initiateur de la technique du Jardin en mouvement le répète ; « Le Domaine du Rayol est un jardin où la mise en scène des paysages n’est pas considérée comme une fin en soi, mais comme un moyen de rendre intelligible la complexité du vivant ».

Une diversité confiée aux rythmes du climat local

Le Jardin de Californie à l’automne avec la floraison des arbousiers © Domaine du Rayol

Ainsi, au fil de ses périgranations, le visiteur – bien aidé par le plan remis à l’entrée – se retrouve dans le fynbos d’Afrique australe, le matorral du Chili, le mallee et le kwongan d’Australie, le chaparral de Californie, le maquis et la forêt provençale, paysages caractéristiques du climat méditerranéen. Mais le talent des jardiniers est de le transporter au détour d’un chemin ou d’une marche au cœur d’un jardin d’Amérique aride ou d’Amérique subtropicale, du Jardin d’Asie avec ses spectaculaires bambous ou encore les formations végétales à fougères arborescentes de Nouvelle-Zélande…. « Nommer les plantes, rappelle Alain Moreau, chef jardinier du Rayol, c’est comprendre d’où elles viennent, comment elles s’assemblent et finissent par former un jardin qui nous raconte l’histoire de la planète. »

Seul ou accompagné par un guide, la visite du Domaine du Rayol constitue une véritable cessure dans le temps. Et vous vous sentirez, selon le joli mot de Margerite Yourcenar, « responsable de la beauté du monde. »

Informations pratiques et bibliographie

Domaine du Rayol, Le Jardin des Méditerranées
situé au Rayol-Canadel-sur-Mer, au pied du Massif des Maures et face aux Iles d’Hyères, dans le Var, entre Le Lavandou et Saint-Tropez.
ouvert 9h30 tous les jours, toute l’année (sauf le 25 décembre).
Avenue Jacques Chirac (anciennement Av. des Belges) – 83820 Rayol-Canadel-sur-mer
Tél. 04 98 04 44 00

jusqu’au 26 septembre, Exposition VITReAUX de mer et Surprises sous-marines, photographies d’Henri Eskenaz
jusqu’au 3 octobre, 4e Biennale de land art « Mobilis in mobile », expérience artistique et collaborative* entre paysagistes de l’École Nationale Supérieure de Paysage (ENSP) de Marseille et plasticiens de l’École Supérieure d’Art et Design Toulon Provence Méditerranée (ESAD-TPM).

Visites thématiques

  • mercredi 21 octobre 2020 : 100 ans d’histoire au Domaine du Rayol
  • samedi 2 et dimanche 3 octobre 2021, GONDWANA, la Fête des Plantes méditerranéennes, rendez-vous incontournable pour tous les amateurs de jardin, tant pour la qualité des pépiniéristes et exposants présents que pour la programmation culturelle et festive renouvelée chaque année.

A lire : Le Domaine du Rayol, Oser les Méditerranées, de Jean-Philippe Grillet et Gilles Clément, Actes Sud, 2019, 39 €

Paru à l’occasion du 30e anniversaire de l’acquisition du Domaine du Rayol par le Conservatoire du littoral, ce beau livre est écrit par Jean-Philippe Grillet, délégué du Conservatoire du littoral lorsque celui-ci acquit le Domaine du Rayol en 1989 et Gilles Clément, le jardinier-paysagiste qui imagina et développe Le Jardin des Méditerranées.

De 1900 à nos jours, c’est une plongée à la découverte des propriétaires du Domaine, de leurs rêves, utopies pour transformer ses hectares magiques de littoral varois. La dynamique du récit bien documenté est la capacité de la nature à se réinventer à chaque époque pour sublimer la beauté des paysages méditerranéens.

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