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10 conseils de lecture de Singular’s et de My Fair Book (mai 2025)

Publié par Redaction Singulars le 27 mai 2025

Les conseils de lectures de la rédaction de Singular’s et de My Fair Book gardent le cap : assumer l’éclectisme, et la découverte d’auteurs, de genres et de styles.
Avec une stimulante vigie, l’invitation à la curiosité : Mehdi Ikaddaren (La Chambre des somnambules), Tonino Benacquista (Tiré de faits irréels), Louis Aragon, Essais littéraires (La Pléiade), Dominique Mérigard (Le dernier homme), Carole Naggar (Obscura), Grégoire Godinaud (La Chanson blanche), Daniel Saldaña Paris (Plier bagage), Gaëlle Josse (Un été à quatre mains), Dawn Dumont (Les Poules des prairies partent en tournée) et José Rodrigues Dos Santos (L’homme de Constantinople & Un millionnaire à Lisbonne). Bonnes lectures

La Chambre des somnambules, de Mehdi Ikaddaren (Zonaires), variations sur le thème de la hantise

(Artistes inspirants) Ses textes sont publiés dans différentes revues. Mehdi Ikaddaren se consacre exclusivement au genre de la nouvelle. La Chambre des somnambules, son premier recueil individuel (Zonaires éditions) est conçu « comme un exercice de variations sur le même thème : la hantise » indique l’avant-propos.

Exercice réussi. En neuf nouvelles denses et envoûtantes, qui souvent se défient de la  frontière entre rêve et réalité, l’auteur fore au cœur de la peur, et porte haut un genre en pleine forme au sens propre et figuré. Anne-Sophie Barreau salue aussi la belle initiative de la Société des Gens de Lettres (SGDL) qui, sous le titre « En bref », lance un cycle de rencontres dédiées aux textes courts dont la prochaine table ronde se tient le mardi 10 juin.

Lire plus par Anne-Sophie Barreau 

Tiré de faits irréels, de Tonino Benacquista (Gallimard), ode à la grandeur de la littérature

Le dernier roman de Tonino Benacquista est une ode empreinte de mélancolie à la grandeur de la littérature. Entre hérissement et désenchantement, ‘Tiré de faits irréels’, constat sans appel face au narcissisme ambiant et son corollaire la frivolité, nous enjoint à résister et continuer à célébrer la force tranquille des livres.

Dans un style qui cultive la décence de phrases sans déchets tout  en préservant l’élégance, Tonino Benacquista livre un combat contre sa propre irritation à rejeter notre époque.

Parsemé de déférences littéraires, il nous offre un sincère hommage à la probité créative.

Lire plus par Calisto Dobson

Louis Aragon, Essais littéraires (La Pléiade Gallimard), virtuose immense lecteur et généreux préfacier

Regrouper les Essais littéraires d’Aragon, en un fort volume de la « Pléiade » est doublement intéressant. Sur le plan littéraire d’abord, car le poète du Fou d’Elsa et le romancier de La Semaine sainte fut tout autant poète et romancier dans ses réflexions littéraires.

Mais aussi parce que le lecteur a envie de comprendre comment le compagnon de route d’André Breton, prolixe et doué, a pu s’arranger avec ses contradictions entre Surréalisme et Réalisme soviétique…

Si bien qu’ouvrir ses Essais Littéraires, reconnait Jean-Philippe Domecq, c’est autant essayer de comprendre comment fait un tel virtuose, immense lecteur et généreux préfacier d’œuvres à découvrir (de Kundera à Guillevic) et dépasser les contradictions de ce Janus qui se lisent autant contre lui et contre soi-même. Loin de laisser indifférent.

Lire plus par Jean-Philippe Domecq

Le dernier homme, de Dominique Mérigard (éditions La Grange Batelière), livre de mémoires

Nombreux et nombreuses sont les auteurs qui ont essayé de retracer leur vie au sein d’un ouvrage. On trouve de tout, de l’excellent qui forge les premiers souvenirs de lecture au tristement banal et creux. Il faut tout de même reconnaître que l’entreprise a son charme dans tous les cas.

Le dernier homme, de Dominique Mérigard se situerait plutôt dans la catégorie des très bons livres de mémoires.

« La maison, comme le jardin, sont une source inépuisable de découvertes et de réminiscences. Tout ici me ramène à mon enfance. »

Ici, c’est le numéro 7 du lieu-dit Le Beauséjour sis au sein des méandres de la Creuse tourangelle. C’est en ce lieu que Dominique Mérigard, connu jusqu’à présent pour ses travaux photographiques, passa son enfance et son adolescence.

Lire plus par Frédéric Martin

L’homme de Constantinople & Un millionnaire à Lisbonne, de José Rodrigues Dos Santos (Pocket)

Le nom de la ville de Lisbonne accrocha mon regard sur la couverture, le nom de l’auteur aussi, J.R. Dos Santos. Je commençai à lire Un Millionnaire à Lisbonne m’apercevant qu’il y avait un tome 1, L’homme de Constantinople, que je m’empressais d’acheter.

Bien qu’il s’agisse d’une œuvre de fiction, ce dytique s’inspire de faits réels prévient l’auteur en début du livre. Il s’agit en effet de la vie de Calouste Gulbekian (1869-1955), industriel et mécène dont le nom se prolonge  à travers sa fondation éponyme portugaise qui présente sa prodigieuse collection d’art et de multiplies actions artistiques, poursuivies par sa famille, son fils notamment

Ici rebaptisé Kaloust Sarkisia, José Rodrigues Dos Santos nous entraîne dans ce destin extraordinaire : fils d’un marchand de tapis arménien en Turquie, il va devenir un des hommes les plus influents de la première moitié du XXe siècle en Europe ; la naissance de l’industrie du pétrole, la création du Ritz à Londres, la première guerre mondiale jusqu’à l’horrible tragédie du génocide arménien.

Mais l’homme d’affaire était aussi un esthète qui toute sa vie à voulu répondre à une question : « Qu’est-ce que la Beauté ? »

« Rien de tel que de passer de l’abondance à la déchéance la plus complète pour accorder leur juste valeur aux bénéfices induits par le progrès » constate son fils.

C’est l’Histoire qui passe sous la plume alerte de l’auteur.

lu par Patricia de Figueiredo

Obscura, de Carole Naggar (Atelier de l’agneau éditeur)

Avec Obscura, paru chez Atelier de l’agneau éditeur, Carole Naggar chante l’exil et la mémoire, les mondes disparus, oubliés, l’histoire, aussi, de celles et ceux qui les ont traversés et n’en sont pas revenus.

Le recueil ouvre sur un long texte, une prose poétique, s’articulant autour des albums de famille. Les images naissent des images, les souvenirs des souvenirs. L’écriture est précise, photographique (n’oublions pas que Carole Naggar est aussi photographe) et construit une généalogie enfouie dans les exodes, les sables des déserts, la chaleur du Caire.

Des ailleurs si nombreux et variés que la mémoire ne suffit pas à la mémoire.

Puis, ce sont des fragments, des jours de marche, des maisons, la Shoah, Venise et les eaux de la Méditerranée changées en « Plomb liquide/griffé de reflets », plus loin encore le Japon. Instantanés poétiques, polaroïds mémoriels, chaque texte renferme son propre univers qui s’insère dans l’univers.

Une vie mise en abyme de la Vie.

Lire plus par Frédéric Martin

Les deux livres conseillés par Patricia de My Fair Book

La Chanson blanche, de Grégoire Godinaud (Éditions du Gros Caillou)

Quatre ans après le crash mystérieux d’un avion au large des côtes islandaises et la disparition de ses 480 passagers, des éléments nouveaux relancent l’enquête. Alors que ni boite noire, ni débris n’avait été retrouvés à l’époque, le sac à dos étanche d’une des victimes, Raphaël, vient d’être repêché… Une partie de son contenu semble faire de lui le responsable de cette tragédie. Persuadé de son innocence, Tom, frère jumeau de Raphaël, va reprendre l’enquête, épaulé par son amie Ariane. Un fil rouge va peu à peu se dessiner entre certains des passagers…

Construit avec des allers et retours dans le temps, entre l’enquête en 2019 et des chapitres relatifs aux passagers en 2015, ce livre est un sacré puzzle qui nous a tenus en haleine jusqu’à la dernière page. Grégoire Godinaud distille des indices qui pourraient paraitre insignifiants mais qui finissent tous par être interconnectés. Les chapitres courts rendent la lecture d’autant plus addictive et l’on s’approprie rapidement les nombreux personnages qui sont souvent plus complexes qu’il n’y parait de prime abord.

Certains pas de côté (ou pas !) par rapport à l’intrigue de départ nous documentent sur différents sujets, en particulier, sur les troubles du spectre autistique, sans rien enlever au suspens.

Ce thriller rythmé qui nous fait voyager entre la France, Manhattan et Boston mérite vraiment le qualificatif de page turner !

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Plier bagage, de Daniel Saldaña Paris (Métailié)

1994, Mexico, un garçon de dix ans voit sa vie basculer lorsque sa mère quitte la maison en lui laissant un livre sur les origamis et une lettre pour son père. Ce départ, nimbé de silences, fracture l’équilibre familial : sa sœur aînée l’ignore, son père peine à combler le vide.

Seul à plier maladroitement du papier, l’enfant s’évade dans ses livres d’aventure, observe les premiers émois adolescents de sa sœur, combat ses angoisses sans faire de bruit. Poussé par l’espoir, il entreprend un voyage à travers le Mexique en direction du Chiapas avec l’espoir de retrouver cette mère qu’il imagine combattre aux côtés des rebelles. Il découvre alors un monde à la fois cruel et rempli d’humanité.

Le texte touche aussi du doigt la condition des femmes mexicaines dans les années 90 et la lutte de l’Armée zapatiste de libération nationale, un mouvement indigène réclamant justice sociale et droits pour les peuples autochtones.
Ce roman poignant, tendre et brutal, explore avec finesse la perte de l’innocence.

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Les deux livres conseillés par Julie Rovero, de My Fair Book

Un été à quatre mains, de Gaëlle Josse (ateliers henry dougier)

C’est l’été, dans une demeure majestueuse au cœur de la campagne hongroise. Un compositeur, Franz Schubert, accepte un poste modeste : enseigner la musique à deux jeunes comtesses. Il s’attend à des jours paisibles, entre piano, partitions et silences feutrés de l’aristocratie viennoise.

Mais dès les premières notes échappées du clavier, un trouble s’installe.

L’une des deux élèves, Caroline, possède un talent rare. Plus encore : une sensibilité à fleur de peau, un regard qui devine, un silence qui dit tout. Schubert la reconnaît sans un mot : elle est de ceux qui voient le monde comme lui. Une âme sœur.

Les jours s’étirent, les regards s’attardent, les gestes se chargent d’une intensité nouvelle. Pourtant, tout les sépare : la naissance, le rang, le destin. Peut-on aimer sans se le dire ? Un frisson dans l’air suffit-il à écrire une histoire ?

Dans ce roman en clair-obscur, Gaëlle Josse nous offre un huis clos délicat et envoûtant, à la frontière de l’intime et du non-dit. Avec une écriture sensible et précise, elle explore les battements retenus du cœur, et interroge la beauté tragique des amours impossibles.

Un été suspendu, à quatre mains et à demi-mots. Un texte pudique et intimiste autour d’un compositeur majeur.

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Les Poules des prairies partent en tournée, de Dawn Dumont (Dépaysage)

Les Poules des prairies ne sont pas celles que vous croyez ! Loin des fameux gallinacés, il s’agit du nom d’une troupe de danseurs amérindiens. Recrutés à la hâte pour une tournée en Europe, ils vont nous emmener dans leur valise et nous faire vivre leurs aventures pittoresques au sein de festivals culturels autochtones. C’est donc parti pour quinze jours de péripéties aussi joyeuses que rocambolesques car, bien évidemment, rien ne va se passer comme prévu !

Le casting vaut le détour

Un danseur beau-gosse-cowboy-solitaire qui n’a pas dansé depuis des années ; Desiree, jeune fille ravissante de 19 ans, dotée d’une furieuse envie de séduction ; son chaperon, vieille tante bigote à la hanche arthritique ; et un jeune homme incontrôlable mais bon danseur…

On vous promet des étincelles en Suède, en Allemagne et en Italie, théâtres de leurs mésaventures.

Au fil du roman, les personnalités se font plus riches qu’il n’y parait et on rit jaune de ce retour dans les années 70 où stéréotypes et préjugés vont bon train. Mais au-delà de la comédie réjouissante, le fond soulève des sujets bien réels comme la négation de l’identité autochtone par les Nord-Américains.

Finalement, ces aventures improbables et savoureuses nous ont bien fait rire même si la critique sociale n’est jamais bien loin. Un récit rythmé, ponctué par des dialogues savoureux. Une vraie bouffée d’air frais… venue du Nord !

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