20e édition Jardins, jardin : du festival de la nature aux jardins thérapeutiques (parc de la Villa Windsor)
La nature est à la fois source d’inspiration et source de vie. Elle est admirée, transcendée par les artistes et par tout un chacun qui y puise énergie et réconfort. Elle est aussi façonnée, structurée à la main des paysagistes, jardiniers, pour abriter, nourrir, rafraîchir.
Xavier Laureau, co-fondateur de Jardins, jardin
Les organisateurs l’affirment, le salon présentera des jardins extraordinaires, des exposants engagés, un véritable marché aux plantes, le tout dans un climat n’excluant ni les tendances ni les innovations.
Il y a bien un art de vivre exceptionnel au cœur du jardin.
En témoigneront ceux qui le créent, ceux qui le font vivre et l’entretiennent. Dans des sociétés en quête de mieux-être, il y a aussi ceux qui conçoivent le jardin comme un élément du parcours de soins, telle le Docteur Thérèse Rivasseau-Jonveaux pour qui le jardin devient thérapeutique dès lors qu’il instaure « une aide au processus de soin ».
Il se trouve que Jardins, jardin fête cette année son vingtième anniversaire, tout comme l’association Jardins & Santé qui y sera présente et dont l’objectif depuis sa création est d’accompagner les institutions et les établissements médicaux ou médico-sociaux dans l’implantation en leur sein de « jardins à visée thérapeutique ».
Le jardin thérapeutique est le croisement idéal de l’espace, du temps, de la vie.
L’espace est celui que l’on idéalise comme le recours heureux à un environnement et à ce qu’il produit, le temps est celui notamment du rythme circadien et de son inscription dans les saisons, la vie est celle qui nous relie à l’autre dans la force ou la fragilité. Pour autant, associer jardin et soin appelle nécessairement des contributions spécifiques et des adaptations particulières afin justement que la visée thérapeutique soit atteinte.
D’une manière générale, l’ambition est d’offrir, en parallèle des soins requis par l’état de santé du patient ou du résident, un maintien au lien vital que représentent les attaches avec la nature. C’est pourquoi de tels jardins sont conçus et se déploient avec des caractéristiques à la fois générales aux espaces verts et spécifiques à leur mission d’accueil de personnes en situations particulières. Ces situations sont diverses et couvrent un large spectre depuis les troubles moteurs, les accidents cérébraux, les maladies mentales, elles incluent également les personnes souffrant de pathologies somatiques aigües comme le cancer ou porteuses de troubles psychiques ou psychiatriques, …
Autant de cas dans lesquels le jardin joue un rôle composite d’accueil et de repos, d’apaisement mental mais aussi d’influence positive à côté du parcours de soins stricto sensu.
Les personnes âgées devenues dépendantes ou le devenant, frappées par l’une ou l’autre des dégénérescences (comme la maladie d’Alzheimer) que le grand-âge induit dans la vie de l’être humain sont tout particulièrement bénéficiaires du jardin qui leur permet de continuer de vivre le trait d’union avec la nature mais aussi de connaître un espace de partage avec les proches notamment dont les visites sont agrémentées d’un « extérieur » accueillant.
Toutes n’ont pas attendu la maladie ou la vieillesse pour avoir un lien avec le jardin, mais ce lien prend un sens vital ou revitalisant lorsque la maladie survient où que l’automne de la vie change les perspectives ou les moyens.
Leur parcours dans un jardin thérapeutique va de la déambulation ou de la station à la participation à l’entretien, à sa vie qui concourt à la vie du patient. Ce dernier n’est pas l’usager isolé du jardin, les soignants, les familles ou les proches sont autant de bénéficiaires de son implantation au sein d’un établissement accueillant des malades ou des résidents souffrant de troubles.
Le jardin thérapeutique a pour objectif un « mieux vivre et (un) mieux soigner »
Soutenue avec force par Jardins & Santé, Le jardin thérapeutique maintient une connexion continue avec les cycles du temps et des saisons. Cette dimension temporelle ou saisonnière s’accompagne bien entendu d’une approche des composantes locales du terrain et de son environnement. Les choix des végétaux sont ainsi intimement liés aux propriétés physiques et chimiques des sols afin non seulement d’en respecter les dynamiques propres mais aussi d’optimiser ce qui, entre sollicitations et stimulations, va émerger du parcours d’un patient dans le jardin.
Il est nécessaire aussi de souligner l’élaboration proprement architecturale d’un jardin thérapeutique tant la coexistence de toutes ces qualités repose sur une pensée structurante de l’ordonnancement des choses : accès, circulation, revêtements, insertion dans le paysage bâti, modalités d’entretien. Ce sont-là autant de requis étroitement imbriqués dans la logique des soins et de l’usage des lieux.
Le jardin thérapeutique ne saurait se limiter à consister en un espace vert.
Espace de travail également, terrain de jeu et d’échange, territoire de pratique d’activités physiques et horticoles, lieu de paix en famille, entre amis, entre patients aussi, tous les dialogues peuvent s’y instaurer et prospérer sous la bienveillante présence des plantes.
A côté des humains auxquels il offre en silence ses capacités soignantes, le jardin s’inscrit dans le paysage de tous comme un médiateur à part entière au cœur des enjeux partagés dans le cadre des visites des proches et des amis, des soins apportés par les différentes familles de thérapeutes engagés auprès de leurs patients, également dans le contact avec des professionnels de la nature, contacts par lesquels tous s’enrichissent du rapport à l’autre dans un contexte sans paradoxe actif ou passif au choix.
Il est difficile de faire un choix parmi la centaine de projets soutenus, notamment financièrement, par Jardins & Santé, citons l’« Art, mémoire et vie » du CHU de Nancy, pensé et porté principalement par Thérèse Rivasseau-Jonveaux, neurologue citée plus haut, véritable pionnier par ses innovations en biodiversité et authentique espace de recherche sur les relations croisées nature et santé.
Citons également le jardin à visée thérapeutique du Courbat dédié à l’accompagnement des personnels de la police, de la gendarmerie, des unités de pompiers dans le cadre d’une prise en charge orientée vers le retour à l’autonomie ou à la vie sociale et professionnelle après, par exemple, un burn-out*. Notons qu’en France le Plan Alzheimer 2008-2012 a élevé au rang d’obligation l’existence d’un jardin au cœur des unités cognitivo-comportementales et les USR (unités de soins renforcés).
Une mission médiatrice et interactive
S’il reste un espace vert aménagé comme nous en connaissons beaucoup, le jardin thérapeutique relève d’une structuration paysagère, esthétique et scientifique particulièrement adapté à sa mission médiatrice et interactive. Avec un sens de l’espace « autre » qu’il déploie au sein d’espace plus technologiques par essence, le jardin thérapeutique allie la liberté que l’on sent moins dans une conduite des soins médicaux à un lieu de vie et d’échange dont la qualité première est certes le bien-être mais également, pourquoi pas ? la bienveillance que la nature propose avec constance à l’humain.
Autant de raisons de se rendre dès le 30 mai prochain au Jardins, jardin dans le cadre somptueux de la Villa Windsor.
* Un prochain article sera consacré au jardin thérapeutique en établissement de santé mentale.