50 ans dans l' œil de Libé, de Lionel Charrier et Charlotte Rotman (Seuil)
Libé enterre en grande pompe…
Ces Unes plein pot, sur les morts et les trois ou quatre mots qui les accompagnent en couv sont des petits bijoux qui subliment le drame ! Ce sont les seuls numéros que je garde précieusement ! Une coupe du monde, perdue ou gagnée finira dans la caisse du chat, mais les morts célèbres, je les empile sur mes étagères, avec un soin et une émotion qui m’épate ! J’ai une étagère cimetière dans ma bibliothèque. Division H, allée 3 …
J’ai toujours aimé le tragique ! Rien de mortifère, là-dedans ! La mort fait sortir l’amour du bois !
Les défauts, nombreux, un temps prudemment s’effacent, tandis que les qualités, beaucoup plus rares, s’exposent sans retenue, ni pudeur ! Les morts sont des tous braves types disait Brassens ! Il avait raison ! Faut-il être mort pour être aimé ? La mort est indulgente, elle pardonne, et surtout nous rend tous égaux enfin… devant l’effroi !
Mais Libé n’aime pas que les morts, Libé aime aussi la photographie …
Cela tombe bien, moi aussi ! Et là avec ce pavé, on est servis !
Avant l’analyse des évènements, dans leur perception Libé a accordé une place déterminante à la photo ! Elle donne le ton, la note, le la…mais pas n’importe quelle photo. La photo hors clichés… Sous l’impulsion de July, Libé a fait sortir la photo de son cadre habituel dans la presse. Libé a décadré… en privilégiant le hors champs !
La photo de presse est devenue photo d’art qui ne se contente pas d’illustrer l’article,
mais ambitionne de le nourrir !
C’est l’image qui ouvre en grand, la porte du texte.
C’est l’image qui déclenche l’émotion qui t’amènera au texte. La Une de la mort de Chirac est magnifique, celle de Jean Paul II sublime dans le tragique ! !
Ce bouquin se feuillette comme un album de famille.
Avec le même plaisir et le même pincement au cœur face à l’allure soutenue du temps qui passe. Manifs, guerres, grèves, mode, littérature, ciné, enterrements, élections, sports, 50 ans d’actualités mondiales qui page par page, photo par photo, défilent et que tu dévores !
Les petits textes, drôles souvent, étonnant parfois, des photographes ou de Christian Caujolle nous révèlent les dessous de la mise en scène. Depardon, Cartier Bresson, Martine Franck, Salgado y avaient leur place…