Voyages

Venise, comme une gourmandise

Auteur : Thierry Dussard
Article publié le 14 octobre 2020

C’est maintenant qu’il faut aller, ou retourner, à Venise, délivrée du flot des touristes. D’autant que l’Italie, et surtout la Vénétie, résiste avec succès à la pandémie. Les musées sont ouverts, et la ville aux cent clochers, aux canaux innombrables, garde un charme inouï.

A gauche le Bauer Palazzo, et à droite le fameux campanile de la place Saint Marc Photo ©Thierry Dussard

Aborder Venise, par la mer bien sûr. Que l’on y arrive par le train, ou en avion, la ville amphibie que l’on surnomme la Sérénissime reste avant tout l’insubmersible. Elle résiste aux siècles, aux marées qui viennent mordiller les marches de ses palais, et même aux vagues de touristes. Leur reflux offre aux amateurs d’art la chance de pouvoir apprécier les variations de vert – amande ou émeraude – qui font miroiter ses eaux, et chatoyer les tableaux de Véronèse.

Une chapelle à donner le tournis dans l’église San Giacomo dall’Orio © Thierry Dussard

Le grand coloriste de la Renaissance excelle dans l’immense tableau de la Gallerie dell’Accademia, Le Repas chez Lévi, ou au plafond du palais des Doges, dans Le Triomphe de Venise. Trop académique, tout comme la Pietà du Titien ? Alors savourez La Création des animaux du Tintoret, en vous demandant ce que peut bien faire cette licorne en haut de la toile. Encore trop classique ? Il suffit alors de remonter le grand canal, vers la collection Guggenheim, et de se laisser séduire par Picasso, Chirico, et Rothko. Ou par la tête de lit sculptée par Calder pour Peggy Guggenheim, dont les cendres reposent dans le jardin sous des cyprès en compagnie de ses chiens.

L’art contemporain trouve un peu plus loin, à la Douane de mer, un écrin à sa mesure avec la collection Pinault. De cette proue de pierre blanche, la vue est somptueuse sur l’île de San Giorgio Maggiore, avec son campanile au toit de cuivre vert. La promenade se prolonge au bord du canal de la Giudecca, sur les quais des Zattere jusqu’à l’église des Gesuati, où chaque dimanche après-midi un récital d’orgue fait vibrer les voûtes. D’autres passants – plus nombreux – vont s’attabler chez Nico, le fameux glacier. Parfum pesca o caffé, pêche ou café, selon l’humeur.

Venise par temps gris avec ses gondoles houssées garde un charme inouï Photo © Thierry Dussard

Au pont Lungo, marchons vers le petit canal San Trovaso, où un chantier de réparation de gondoles fait face à une multitude de bars, et de petits restos. C’est l’heure du spritz, couleur soleil couchant. Piazza Saint Marc au café Florian, ou chez Paolin place San Stefano, tout Venise pétille aux bulles du prosecco. Dans cette « ville chérubinique », dixit Philippe Sollers, tout est à boire et à croquer. Même le marbre des églises semble comestible, tel un nougat pistaché, torrone morbido, ou comme une mortadelle rose.

Seppie al nero, o Tagliatelle a la busera, pâtes à l’encre de seiche ou aux langoustines, les fruits de mer de la lagune se substituent avec bonheur aux lasagnes et aux pizzas. Mais les festins vénitiens ne surgissent pas des assiettes, on mange ici avec ses yeux et ses oreilles. Les ocres des palais, le vibrato d’un vaporetto, tout est un régal. « Pourquoi le bruit des moteurs, qui est une nuisance ailleurs, est-il poétique à Venise ? », se demande Jean-Paul Kauffmann. Seul le voyageur qui en revient connaît la réponse.

@ThierryDussard

Venise pratique

Y aller : par avion Air France, ou Vueling, au choix. Le train Venice-Simplon-Orient-Express ne reprendra qu’en mars prochain, si tout va bien. www.belmond.com

Prévenir : Indossare la mascherina, il faut porter un masque, même en dehors du carnaval. Et parfois réserver par internet l’entrée de certains musées (Guggenheim, Querini Stampalia…).

Dormir dans un hôtel moyen à Venise, c’est une vraie faute de goût. Le caviar ne se prend pas dans une assiette en carton… il faut donc choisir une adresse d’exception : le Bauer Palazzo est idéalement situé sur le grand canal, face à la Salute et à la Douane de mer, à deux pas de la place Saint Marc. Apéritif sur le roof top au 7ème étage, le septième ciel ! Puis au dîner scaloppina al limone, avec un vin blanc pinot grigio servi au verre, al calice. Chambre Double Deluxe avec vue à 400 €, – 20% à partir de trois jours.   booking@bauervenezia.it

Vue du Canal depuis la Terrasse du Bauer Palazzo © Thierry Dussard

A table : Al Theatro, pizzeria et pasticceria face à la Fenice, délicieuse lasagne (12€) info@altheatro.it , Trattoria al ponte del Megio, le long d’un petit canal, tagliatelles tomates et ricotta (13€), tél 041 719 777

Lire : Venise à double tour, par Jean-Paul Kauffmann, éd. Equateurs. Un livre délicieux où l’auteur déverrouille des églises fermées, avec Sartre, Lacan, et Hugo Pratt pour compagnons de route (22 €). voir présentation par l’auteur

Cette carte de 1511 indique l’emplacement du Bauer, au-dessus du mot duana © Thierry Dussard

 

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