[Cinéma en salle] Titane, de Julia Ducournau (2021)
Actuellement sur les écrans.
Palme d’or créant une controverse dans la grande tradition du Festival de Cannes, Titane, déjà le titre sonne comme un coup de semonce impose la réalisatrice Julia Ducournau comme une titan dans le paysage du cinéma français de genre, pour ne pas dire dans le paysage du cinéma français tout court ! Mais exige d’assumer l’épreuve physique d’un trip qui selon notre critique s’il n’en est pas sorti indemne, transporte vers des rivages totalement incongrus.
Balayons d’emblée les faux procès
Titane n’est pas un film qui amalgame les références dans une poussée de fièvre à la façon dont on bombe le torse. Il s’agit d’une œuvre de cinéma à l’interpénétration de références digérées puis régurgitées au service d’un propos.
À l’aide d’une caméra confondante d’intensité, nerveuse, impudique et transgressive sans tomber aucune vulgarité poussive, Julia Ducournau trimballe le malaise de notre époque en le cognant contre ses murs.
À tous ceux qui ne voit qu’une boursouflure éhontée de vacuité, nous plaidons que seule la fiction et d’autant plus le cinéma et son intelligence de l’image qui bouge, a le pouvoir de nous emmener sur des rivages totalement incongrus afin de crever les abcès qui obstrue la conscience que nous pouvons avoir de nous-mêmes, des autres et de nos interactions.
Sur ce terrain, Julia Ducournau après son déjà hors norme Grave, récidive. Son cinéma a la force du courage pour gratter, triturer et perquisitionner le fond de nos psychés qui ne demandent qu’à rester au fond de leurs certitudes.
Assumer une épreuve physique
Sans faire l’exégèse pseudo maline des émotions qui nous traversent de part en part dans ce film, la réalisatrice réussit son objectif ; dans une de ses déclarations d’intention de “faire un film…/… qui soit avant tout une expérience dont on sort comme d’une épreuve physique”. N’est-ce finalement pas un succédané de ce qu’est une existence ?
Dérangeant, violent, obscène, dégoûtant, le trip amphétaminé sans conteste bouscule certains spectateurs pris de vomissements, ou s’évanouissent, paix aux âmes fragiles non averties. Titane secoue, vraiment. sinon à quoi serviraient certaines œuvres innovantes ? Seulement à impressionner ? À se raconter le nombril comme il y en a tant ?
N’oublions pas enfin, que le film offre à la comédienne aux multiples casquettes Agathe Rousselle de prendre enfin la lumière et permet un rôle de transfiguré dans tous les sens du terme à Vincent Lindon.
Rien n’est dû au hasard ou à un envie de provocation gratuite dans le choix du président Spike Lee qui, contre toute attente, épaulé de son jury a offert une Palme suprême d’un Festival de Cannes post ou pas pandémique éminemment historique.
#Calisto Dobson