Opéra : La Belle Hélène d’Offenbach, Bloch, Rougerie [Les Nuits d’été ONL]
Alexandre Bloch Direction, Lionel Rougerie Livret & mise en scène,
Distribution :Gaëlle Arquez Hélène, Cyrille Dubois Pâris, Éric Huchet Ménélas, Aliénor Feix Orest, Marc Barrard Agamemnon, Philippe Ermelier Calchas, Raphaël Brémard Achille, Sahy Ratia Ajax I, Florent Karrer Ajax II, Marie Lenormand Bacchis, Camille Poul Léæna, Pauline Texier Parthénis, Léna Dangréaux Vénus. Chœur de Chambre Septentrion – Orchestre National de Lille.
Offenbach peut tout supporter surtout quand on le dépasse en verve. Le metteur en scène Lionel Rougerie a cru bon de réécrire une partie des dialogues avec des clins d’oeil à l’actualité. Mais sans réelle impertinence, il ne se hisse pas au niveau du génial compositeur de la Belle Hèlene. Le spectacle est heureusement sauvé par une géniale Gaelle Arquez à la tête d’une distribution dotée d’un vrai de brin de folie soutenue par le choeur de Chœur de chambre Septentrion.
Une Belle Hélène « revisitée »
Le défi était lancé, dans le cadre du Festival Les Nuits d’été de l’Ochestre National de Lille (ONL), le metteur en scène Lionel Rougerie promettait de ‘revisiter’ le livret des deux auteurs Ludovic Halévy et Henri Meilhac. Il a tenu sa promesse en réécrivant une partie des dialogues, se permettant des libertés qui sont toujours stimulantes … quand elles sont pertinentes ! Si la différence majeure avec le livret original réside dans la prise de parole de Vénus (Gaëlle Arquez), hélas le résultat n’a pas ni la verve ni la géniale impertinence d’un Laurent Pelly avec Felicity Lott et Yann Beuron, dans l’inoubliable production de 2001 dirigée par Marc Minkowski, cd Virgin). Circonstance atténuante, la configuration de l’auditorium n’y aide pas.
Une mise en scène inégale
Toute représentation d’un opéra au Nouveau siècle pose un problème : est-ce une mise « en espace » ou une mise « en scène » ? A s’approprier les codes du théâtre, de l’opéra et du concert, le spectacle ne brille finalement dans aucune des catégories. La première partie tombe à l’eau entre les ajouts de la mise en scène et le jeu théâtral de chanteurs lyriques laissant à désirer. La représentation manque de la respiration et du rythme nécessaire à rendre le comique léger. Quelques références à l’actualité peu justifiées et l’ajout d’une catégorie dans le concours des rois où le chef d’orchestre réside, puis Alexandre Bloch se lance dans une parodie de chant qui laisse plutôt froid.
Gaëlle Arquez sauve la barque
Heureusement après l’entracte, le chef retrouve un bon souffle et l’orchestre répond au doigt et à l’œil dans un cadre sans prétention qui soutient avec brio la prise de parole de la fantastique Gaëlle Arquez. En 2015 déjà elle incarnait avec succès Hélène dans la production de Pierrick Sorin et Giorgio Barbiero Corsetti, un coup de maître compte tenu de l’historique du Châtelet sur cette œuvre. Dans cette nouvelle production, Gaëlle Arquez propose une lecture différente mais complémentaire de la plus belle femme du monde, grâce à sa diction exemplaire et son timbre remarquable doublée d’une projection surprenante.
Une distribution dotée du brin de folie nécessaire
Le reste de la distribution se marie joliment dans les arias en cœur, tandis que l’on découvre au fil de l’histoire leurs caractères lyriques. Le trio Loeena, Parthénis, Oreste est ainsi très réussi sur le plan musical. Le Chœur de chambre Septentrion est ici remarquable par sa puissance et sa richesse, et ceci d’autant plus que les artistes y figurant sont masqués pendant la représentation.
La seconde partie assume l’idée d’un récital qui emprunte au théâtre, plutôt qu’un opéra sans mis en scène.
Résultat : l’humour, plus proche du texte (très moderne pour l’époque), fait mouche, et laisse un souvenir ému entre rires et moment de grâce – la clé d’une œuvre réussie d’Offenbach.
#Olivier.LauriotditPrevost