Exposition : Caryopse, d'Anais Lelièvre (Chevilly-Larue)
Tél. : 01 56 34 08 37 e-mail : artsplastiques@ville-chevilly-larue.fr
Visite libre : Lundi, mardi : 14h-19h / Mercredi, jeudi, vendredi : 14h-17h30
Samedi : 14h-18h
Plus que quelques jours pour s’immerger dans Carypose, installation évolutive d’Anaïs Lelièvre que Singulars définit comme des ‘tracés systémiques ». Fidèle à sa démarche de se nicher littéralement dans la mémoire d’un lieu, Chevilly-Larue, l’artiste a puisé dans ses « dessins sources » issus de ses recherches menées en d’autres lieux au passé rural (Verrières-le-Buisson, Bourges-Le Subdray). C’est aussi l’occasion de se frotter aux inspirations de cette œuvre « sans limite » que vous pourrez poursuivre avec l’artiste le 13 novembre à 18h.
Sortir du cadre et tutoyer les nuages
« Comment définir un travail qui n’a pas de limite, qui commence dans un lieu et se termine dans d’autres comme Stratum (de Marseille à Paris) ? De la technique millénaire du dessin, Anaïs Lelièvre fait « autre chose », pas toujours simple à nommer : des sculptures dessinées, des explosions de collages en noir et blanc, des fragments de matière minérale ou végétale ? Tout son travail concourt à dépasser les limites du cadre, et sortir des architectures. » Lire plus sur cette subversion évolutive de l’espace d’exposition dans Singulars.
L’entrée par la terre comme matière
« L’entrée en matière, c’est-à-dire l’entrée dans un lieu par l’expérience physique, se fait sans préalable. Confiait dans un entretien dans la Revue Absolument en 2020Je ne me documente qu’après avoir vécu, éprouvé l’espace en question et avoir repéré, de manière intuitive, des récurrences, des particularités non prévisibles. Je repère quelque chose de l’ordre de l’infime qui nécessite de passer par un rapport direct pour comprendre l’histoire des formes repérées. Comme lorsque j’observe une pierre pour m’interroger sur les flux et les processus qui la traversent. »
Habiter l’espace
« Je crée un habiter qui ne correspond pas à un processus d’architecture, ni de dessins sur plan ; c’est le corps qui place les éléments, souvent à l’aveugle mais aussi dans l’expérience du proche et du lointain. poursuit l’artiste. Quand je fais une installation, je ne cesse d’aller dans l’espace et d’en sortir. Je dis que c’est le corps qui place les éléments dans l’espace à partir de l’expérience qu’il a vécue à l’extérieur, mais en même temps je ne fais que suivre la dynamique propre au dessin et à la pierre d’origine, en les déployant à toutes les échelles. Les installations que je réalise sont ainsi tour à tour stratifiées, feuilletées, éclatées ou poreuses… »
Quelques inspirations assumées
Yayoi Kusama (née en 1929) « Artistiquement parlant, j’ai été très impressionnée il y a de nombreuses années par une exposition de Yayoi Kusama, à la Maison de la culture du Japon, qui se présentait comme un enchainement de situations nous invitant à des bascules d’un mode d’espace à un autre« .
Jean Dubuffet (1901-1985): « J’ai aussi été très marquée par le cabinet logologique de Dubuffet au centre Pompidou ; le jeu des lignes et des renfoncements, celui des plans et des arêtes construisent dans ce lieu clos un espace d’une incroyable profondeur, curieusement tout en ouverture« . Anais Lelièvre.
Des références éclairantes
Kurt Schwitters (1887-1948) « Cette entreprise de déstabilisation, Anaïs Lelièvre l’avait d’abord engagée par une méthode d’accumulation qui n’était pas sans rappeler le mythique Merzbau hanovrien de Kurt Schwitters. Matériaux ‘pauvres’, objets de récupération, bois, carton et papier constituaient l’armature d’un espace aux angles aigus, relief accidenté, hérissé de surplombs et stalactites que le dessin venait couvrir en parachevant l’entreprise de déstabilisation par l’étirement de lignes vives. Ainsi à Naxos, dans sa résidence à la Bazeos Tower, au Centre d’art contemporain du Luxembourg belge et à Sion, la perte de repères, la métamorphose de l’architecture était obtenue par l’agencement oblique d’objets trouvés et par leur camouflage à partir d’un dessin-source déployé. Labeur acharné qui impliquait le corps de l’artiste dans une véritable construction, la charpente de bric et de broc disparaissant sous un travail de dentelière par le collage infiniment délicat des milliers d’impressions du dessin matriciel. »
Sol LeWitt (1928 -2007) « Naturellement, les pratiques contemporaines du dessin ont mille fois démenti cette vision persistante. Et pourtant, rare sont les artistes qui ont pleinement intégré le dessin à l’installation ou l’ont éprouvé à l’échelle architecturale. Sol LeWitt est notoirement de ceux-là ». Alexandre Colliex, texte sur Anaïs Lelièvre.
Difficile à ‘dé-finir’
« Comment définir un travail qui n’a pas de limite, qui commence dans un lieu et se termine dans d’autres comme Stratum (de Marseille à Paris) ? De la technique millénaire du dessin, Anaïs Lelièvre fait « autre chose », pas toujours simple à nommer : des sculptures dessinées, des explosions de collages en noir et blanc, des fragments de matière minérale ou végétale ?
Tout son travail concourt à dépasser les limites du cadre, et sortir des architectures. » lançe Singulars en guise d’invitation aux plongées d’Anaïs…