(Musical) Edith Piaf, je me fous du passé (Studio Hebertot) – Bernard Dimey père et fille (Essaïon)
Édith Piaf, je me fous du passé, de Victor Guéroult
Entre fiction et biopic, par une astuce dramatique, et une variation sur la légitimité d’un sosie, Victor Guéroult trousse une pièce musicale rythmée. Il fait cohabiter Thérèse, admirative de Piaf, prête à toutes les impostures pour se hisser à l’affiche, et la vraie Môme qui suit l’ascension de sa doublure.
Sur fond de France en pleine reconstruction après la guerre, ce jeu d’identités multiplie les chasses-croisés temporels et biographiques, voire de croisements d’identités, il permet surtout de retracer la carrière et le destin tragique de Piaf, tout en se replongeant dans la magie de son répertoire.
Béatrice Bonnaudeau et Léa Tavarès n’ont pas seulement une capacité mimétique fascinante à incarner Piaf mûre et jeune, elles en ont aussi la voix a capella, l’émotion et la gouaille pour donner des couleurs à quelques-uns des grands succès de la Môme. Cette qui fait vite oublier les libertés avec l’Histoire pour jouer avec les forces intactes de la légende.
Mise en scène : Loïc Fieffé, Direction musicale : Lionel Losada
Avec Béatrice Bonnaudeau, Léa Tavarès, Lionel Losada, Gérald Cesbron, Franck Jazédé, Nicolas Soulié
Dernière parisienne le 4 décembre au Studio Hebertot (78 bis bd des Batignolles – Paris 17ème), puis tournée française jusqu’au Festival d'(Avignon.
Bernard Dimey père et fille, de Dominique Dimey
Qui connait encore Bernard Dimey ? Si Syracuse, créée par Jean Sablon, et reprise par son compositeur Henri Salvador, puis d’Yves Montand à Iggy Pop ! reste sa chanson la plus célèbre d’un parolier qui en a créé plusieurs centaines. Chanté par plusieurs générations d’interprètes, de Charles Aznavour à Serge Reggiani, Dimey incarne l’archétype du chantre bohème, pilier de rades et bistrots parisiens, artiste à ses heures, assoiffé de liberté tout le temps, un rien anar.
Avec une grande sobriété tant de mise en scène que de décor, le portrait à l’eau forte que brosse Dominique Dimey par touches successives de son père « inconnu » qu’elle se découvre sur le tard à 20 ans quasi fortuitement, est aussi pénétrant que tendre. Sur fond d’un Montmartre mythique où se côtoyaient artistes et poètes dans une convivialité enivrante de mots et d’alcools, désormais effacés au profit d’airb&b et du tourisme de masse…
Reste les souvenirs émus, entre balades et confessions, d’une jeune fille qui s’est frottée quelques années à une personnalité hors du temps et des conventions. Dominique sait tenir son public suspendu à son récit plutôt édifiant et ses chants vagabondes, par sa sincérité tendre et sans fard et les notes délicates de Laurent Derache à l’accordéon (en alternance avec Charles Tois au piano).
Tout l’esprit du jongleur de mots et d’émotions se libère de ce Bestiaire de Paris (composé de plus 66 quatrains) que Dominique projette au hasard d’un nom pioché dans un chapeau ! Ces petits précipité d’esprit poétique et de jeux de mots caustiques sont autant de petits bonbons pour l’esprit et le cœur. A savourer comme un bon vin tiré de dernière les fagots !
les mardis et mercredis à 21h, Théâtre de l’Essaion, 6, rue Pierre au lard, 75004 Paris
Mise en scène : Bruno Laurent, avec Dominique Dimey et Laurent Derache (accordéon) ou Charles Tois (piano)