(Blu-ray 4KHD Critérion) Hommage à Repo Man, de Alex Cox (1984)
40 ans après sa sortie Repo Man de Alex Cox, reste un métre étalon de la série B des années 80. Puisant ses inspirations aussi bien dans les films noirs de l’âge d’or de Hollywood que dans la contre-culture des années 60, ce premier film resté en marge de la cinéphilie mondiale peut se targuer pour Calisto Dobson d’avoir eu un temps d’avance sur le cinéma de genre à venir. Critérion vient de le ressortir restauré dans une version 4K Ultra HD approuvée par le réalisateur et bourrée de bonus.
Une sortie en catimini
Lorsque Repo Man, premier film de Alex Cox, jeune cinéaste inconnu de 29 ans, sort en catimini le 2 mars 1984 aux États-Unis, sa distribution française n’en est pas encore assurée.
Les deux têtes d’affiche du film, Harry Dean Stanton (malgré son rôle quelques années plus tôt de mécanicien de l’espace je m’en foutiste dans Alien de Ridley Scott), n’a pas encore la notoriété mondiale qu’il obtiendra avec Paris Texas, de Wim Wenders, quant à Emilio Estevez, son apparition enfant dans La Balade Sauvage de Terrence Malick auprès de son père Martin Sheen et son rôle d’adolescent dans Outsiders de Francis Ford Coppola n’ont pas encore vraiment marqué la rétine des spectateurs. Même si ce sera chose faite un an plus tard avec Breakfast Club de John Hughes et St Elmo’s Fire de Joel Schumacher, deux films emblématiques sur le passage à l’âge adulte des années 80.
C’est dire si cette série B a sans doute bénéficié d’un alignement des étoiles pour arriver jusqu’à nous.
Un film culte de cinéphiles
40 ans après sa sortie, Repo Man, continue de n’être qu’une de ces productions passées à l’as et reste dans l’ombre certes valorisante d’un culte de cinéphiles obsédés mais à l’écart du grand public. Un chargé de récupérer des voitures dont les crédits n’ont pas été honorés prend sous son aile un jeune glandeur sans avenir. Et lui enseigne le vol de voiture légal.
Entre punk, science-fiction de série B et film noir
Le sous-titré La Mort en Prime n’échappe pas à des influences bien marquées et cependant judicieusement digérées. Qu’il s’agisse du contenu du coffre d’une voiture (clin d’oeil à l’un des plus célèbres fil rouge de l’histoire du cinéma tiré de En Quatrième Vitesse de Robert Aldrich), du pittoresque duo mené par Stanton et Estevez ou encore de leur parcours en forme d’odyssée bancale, tout nous rappelle quelque chose déjà vu et pourtant ces éléments scénaristiques semblent complètement neufs.
La fraîcheur du traitement que ne renierait pas l’esprit du Do It Yourself, la simplicité qui entoure le mystérieux macguffin du film, font que le charme juvénile qui s’en dégage opère.
Un genre de nouvelle vague foutraque
Et de même qu’il est impossible que Quentin Tarantino n’ait pas vu ce film, il apparaît que la sortie la même année de Stranger Than Paradise de Jim Jarmusch Caméra d’Or au Festival de Cannes ne soit pas juste une coïncidence. Une concomitance qui nous révèle un genre de nouvelle vague foutraque, entendez plutôt punk, revue et corrigée par une bande de faux dilettantes qui embrasse tout un pan de la contre-culture en la démantibulant au gré d’un désœuvrement massif.
Repo man avait deux décennies d’avance et personne ne l’a vu venir. Ce n’est certainement pas par hasard qu’il existe une édition au catalogue de la Rolls des Blu-ray 4K Criterion.
Une acuité libertaire
Tout autant que l’intrigue du film menée par cette voiture que tout le monde recherche ou vole sans savoir de quoi il en retourne, sa galerie de personnages bien sentis, ainsi que des dialogues philosophico inénarrables, Repo Man séduit par l’acuité libertaire du regard posé sur son époque.
Quatre décennies plus tard, un parfait exemple de petite série B réjouissante.
avec Harry Dean Stanton, Emilio Estevez, Tracey Walter. 92 mn
Les bonus de la Special edition Critérion Blu-ray 4K HD:
- couverture de Jay Shaw & Tyler Stout; design de Rob Jones
- Commentaire audio avec Cox, le producteur exécutif Michael Nesmith, la directrice de casting Victoria Thomas et les acteurs Sy Richardson, Zander Schloss et Del Zamora
- Entretiens avec les musiciens Iggy Pop et Keith Morris et les acteurs Dick Rude, Olivia Barash et Miguel Sandoval
- Scènes supprimées
- Table ronde sur la réalisation du film, avec Cox, Richardson, Rude, Zamora et les producteurs Peter McCarthy et Jonathan Wacks
- Conversation entre McCarthy et l’acteur Harry Dean Stanton
- Version télévisée « nettoyée » du film par Cox
- Un essai du critique Sam McPheeters, un historique de la production illustré par Cox et une interview de 1987 avec le receleur Mark Lewis