Offenbach & Les Trois empereurs, de, par et avec Christophe Barbier (Poche Montparnasse)
Un argument efficace qui rebondit sur une fait historique
La recette est désormais bien rodée, parce qu’elle est fiable et bien exécutée. Christophe Barbier s’appuie sur un fait historique pour brosser le portrait d’un compositeur.
Le 7 juin 1867, au cœur de l’exposition universelle, Jacques Offenbach est convoqué au Café Anglais par le Ministre de l’Intérieur de l’époque, pour une mission périlleuse : il doit se produire devant « trois Empereurs » – mais lesquels ? -avec des extraits de ses œuvres dont notamment La Grande Duchesse de Gérolstein, une satire de la guerre et des militaires. Pour relever le défi, il fait appel à la célèbre cantatrice, Hortense Scheider (1833-1920), avec laquelle il a créée La Belle Hélène, un triomphe trois ans plus tôt. Tandis qu’un autre personnage surgit, se présentant comme le Tsar Alexandre II, qui va les accompagner au piano.
“ Offenbach et Les Trois Empereurs, c’est d’abord un moment joyeux et pétillant, la recette gourmande pour cuisiner le gâteau croustillant de la vie : avec un délicat nappage de philosophie et de médication... “
Christophe Barbier
Offenbach & Les Trois empereurs reforme le trio Christophe Barbier, Pauline Courtin et Vadim Sher de Mozart Mon amour. (Théâtre de Poche Montparnasse) photo Pascal Gely
Comédie et récital, un hybride pétillant
Comme pour le précédent « Mozart Mon amour » le récit-récital permet de retracer – en musique – des évènements saillants de sa vie et de son œuvre. Le compositeur et homme de théâtre – il a acquis le Théâtre des Bouffes d’Hiver qui deviendra les Bouffes-Parisiens– a su captiver ses contemporains et franchir les siècles. Barbier mène son enquête sur les secrets de fabrique de celui qui a plus d’un tour dans son sac à malices.. Et nous glisse en fin analyse politique qu’il est à la ville, ses hypothèses au fil du récit.
“S’il défie ainsi le temps, c’est aussi parce qu’il a compris quelques éléments fondamentaux de la nature humaine, notamment l’envie présente de légèreté, d’humour, de dérision, cette nécessité vitale d’user de tous les subterfuges pour échapper à la fadeur du quotidien et à la triste réalité de la destinée…”
Christophe Barbier
Christophe Barbier et Pauline Courtin se régalent dans Offenbach & Les Trois empereurs (Théâtre de Poche Montparnasse) photo Pascal Gely
Grimé en Offenbach, Christophe Barbier se régale
Prenant l’accent germanique forcé, l’auteur comédien révèle ici tout son potentiel comique notamment dans la scène de la mouche ou du général. Quant à Vadim Sher, le pianiste concertiste se montre aussi un excellent comédien. Mais c’est lui qui accompagne Pauline Courtin alias Hortense Scheider
Le trio nous sert un florilège d’airs sucrés qu’il fait relayer parfois par la salle comme l’Incognito de La Périchole, l’Amour de La Belle Hélène, les baisers d’Orphée aux Enfers, du Colonel de La Vie Parisienne, en tout un playlist somptueuse chantée avec esprit par la merveilleuse Pauline Courtin, piquante et mutine, avec une voix magnifique.
Avec gourmandise, Christophe Barbier a concocté un écrin à la mesure de cette cantatrice qui joue sur les plus grandes scènes françaises, du Châtelet, à l’Opérai de Bordeaux.
Pauline Courtin et Vadim Sher enchainent les tubes dans Offenbach & Les Trois empereurs, de Christophe Barbier (Théâtre de Poche Montparnasse) photo Pascal Gely
Quel est le secret d’Offenbach ?
Un autre hypothèse nous est confiée sur la belle postérité de celui si prompt à s’enivrer de frivolité et de modernité qui nous parle si bien aujourd’hui
S’il défie ainsi le temps, c’est aussi parce qu’il a compris quelques éléments fondamentaux de la nature humaine, notamment l’envie pérenne de légèreté, d’humour, de dérision, cette nécessité vitale d’user de tous les subterfuges pour échapper à la fadeur du quotidien et à la triste réalité de la destinée…
Christophe Barbier
En un peu plus d’une heure, les trois comédiens-musiciens nous font voyager dans le temps et dans un univers musical joyeux et coloré. Cette « recette gourmande pour cuisiner le gâteau croustillant de la vie ; avec un délicat nappage de philosophie et de méditation » est à recommander çà tous ceux qui n’osent franchir les portes d’un Opéra ou d’une salle de concert.
Offenbach & Les Trois empereurs, écrit et mis en scène par Christophe Barbier avec Christophe Barbier, Pauline Courtin (soprano), et Vadim Sher (au piano)
Jusqu’au 12 janvier 2025 du mardi au samedi à 19h – Dimanche 15h.`Théâtre de Poche -75 boulevard du Montparnasse 75006 Paris ( Tél.: +33 1 45 44 50 21
