Cinéma en salles : Vingt Dieux, de Louise Courvoisier

Ce n’est pas la presse, pour une fois unanime dans l’éloge, qui a donné envie à Patrice Gree d’aller voir « Vingt Dieux », mais les multiples interviews de la réalisatrice. Louise Courvoisier semble avoir 20 ans…et malgré le parcours du combattant que doit être la réalisation d’un premier long métrage, notre chroniqueur a été très agréablement surpris par sa légèreté, son enthousiasme, sa fraîcheur, sa spontanéité et cette intelligence à fleur de peau, qu’un sourire malicieux révèle avec bonheur, dès la première minute d’entretien. Et bien, son film tient cette promesse ! 

Pour dire les choses simplement, ce film appartient à la catégorie précieuse des films formidables !

Vingt Dieux, de Louise Courvoiser, avec Clément Faveau qui crève l’écran photo Laurent Le Crabe Agat films

Bien que Louise Courvoisier ne cache rien de la modestie des moyens employés, il n’apparait jamais bricolé, mais au contraire maîtrisé tant dans sa réalisation en grande partie familiale, que dans le jeu des acteurs non professionnels, tous habitants du coin. Ils sont tous juste parfaits ! Quelle aventure !

Totone (Clément Faveau) à peine sorti de l’adolescence, voit sa vie basculer… En fin de bal arrosé, son père producteur de comté, meurt dans un accident de voiture, le laissant seul avec une adorable petite sœur à charge pour unique héritage.

Pourquoi ce titre ?
Je l’ai choisi le jour où j’ai découvert comment on orthographiait cette expression si répandue dans ma région. Cette référence aux dieux au cœur du monde rural me plaît beaucoup !

Louise Courvoisier

Totone rentre par effraction, brutalement, par la petite porte de la vie adulte.

Vingt Dieux, de Louise Courvoiser, nous plonge dans le Cantal photo Laurent Le Crabe Agat films

Premiers amours compliqués à vivre et recherches de petits boulots pour survivre ponctuent les jours et les nuits de Totone. La vie va, entre bals, bières, boulots, bourre-pifs, dragues, comices agricoles et stock-cars…

Afin de mettre beaucoup de beurre dans le peu d’épinards, il décide de participer au concours du meilleur comté de la région, récompensé pour le premier prix de la rondelette somme de 30 000 euros. Totone y croit…

J’avais envie de filmer cette jeunesse peu représentée au cinéma, qui part dans l’existence avec moins de chance que beaucoup d’autres, et d’en faire un portrait « de l’intérieur » positif et nuancé. Le tout dans l’univers du comté !
Louise Courvoisier

Ce concours de fromage sera le fil conducteur d’un film qui raconte une autre histoire.

Louise Courvoiser porte le monde dont elle est issue, Vingt Dieux photo Laurent Le Crabe Agat films

La réalisatrice joue du contraste entre la douceur des paysages du Jura mis en valeur par sa caméra baladeuse, et la dureté de la vie des habitants de ce village. Dureté du travail des éleveurs, dureté des rapports humains…

Et pourtant, et pourtant le miracle de ce film qui échappe à la dépression attendue, tient à la poésie, à l’humour et au regard tendre que Louise Courvoisier porte sur ce monde dont elle est issue, qu’elle connaît bien, et qui amortissent la rudesse des vies à la campagne.

Si j’osais pour exprimer cette réussite, c’est une histoire si bien contée !

Patrice Gree

Réalisation : Louise Courvoisier, Scénario : Louise Courvoisier, Théo Abadie et Marcia Romano, Image : Elio Balézeaux, Montage : Sarah Grosset, Musique : Linda et Charlie Courvoisier
Avec : Clément Faveau,  Maïwène Barthélemy, Luna Garret, Mathis Bernard, Dimitry Baudry.