Les conseils de lecture de Singular’s : Rachel Cusk, Célestin de Meeûs, Charles Roux et Stéphane Lambert
Parade, de Rachel Cusk ou l’audace de la singularité (Gallimard, 2024)
Parade, le récent roman paru chez Gallimard confirme la singularité de cette romancière et essayiste anglaise. Audacieuse dans le choix de thèmes difficiles, tels que la création artistique ou la pénible expérience de la maternité ; audacieuse par sa manière de les traiter sans crainte de beaucoup (faire) réfléchir en racontant.
Rachel Cusk confirme qu’elle ne baisse pas pavillon depuis La dépendance qui l’avait fait connaître du public français et lui avait valu le prix Femina étranger en 2022.
Ce qui est intéressant, dans le point de départ de La dépendance, c’est que l’exil de Lawrence au Mexique avait déjà été illustré par son roman Le Serpent à plumes, où c’est une femme, veuve irlandaise désabusée par la rigidité des mœurs de son pays, qui comme Lawrence cherche et trouve la régénération dans la civilisation amérindienne.
Rachel Cusk opère un déplacement analogue en transposant l’écrivain en peintre. Lire plus par Jean-Philippe Domecq
Mythologie du .12, de Célestin de Meeûs (Éditions du Sous-Sol, 2024)
Récompensé à juste titre par le prix Stanislas 2024 du premier roman, Mythologie du .12 de Célestin de Meeûs (Éditions du Sous-Sol) de par l’apparente simplicité de son dispositif littéraire, propose une brillante variation de ce qui pourrait s’assimiler au dispositif d’une tragédie grecque.
Mythologie du .12 tire sa substance de la nuit des temps. Sans rien révéler d’une intrigue qui s’avance envers et contre tout sans que nous ne sachions ce qui va en empêcher le dénouement, nous nous trouvons saisis pris au sein d’une atmosphère surchauffée. Lire plus par Calisto Dobson
La (diabolique) maison de jeu, de Charles Roux (Rivages, 2024)
Dans la ville au bord de la mer où les établissements qui constellent la côte « orchestrent leur manège stroboscopique », Antoine, le personnage de La maison de jeu, cède à sa passion du jeu et, bientôt, à tous les excès.
Dans ce roman Payot-Rivages de la démesure, critique cinglante de la société de consommation, Charles Roux, entre conte amoral et fable fantastique, fait feu de tout bois.
Le décor est planté dès les premières pages.
Les digues qui maintenaient encore Antoine, le personnage de La maison de jeu, dans le monde, le vrai, ont cédé depuis longtemps. Il ne pense déjà plus à sa compagne – avec laquelle il vit une histoire « à la petite semaine » – et trépigne de rejoindre les membres de sa nouvelle famille. Lire plus par Anne-Sophie Barreau
L’Apocalypse heureuse, de Stéphane Lambert (Arléa, 2022)
Il est des événements qui brisent l’envol d’une existence. Et il est des milieux qui les favorisent. Qu’un père et une mère se taisent alors même qu’ils ont compris que leur fils était abusé est un acte incompréhensible. D’autres penseront peut-être secrètement : au contraire, c’est malheureux, mais c’est compréhensible. Autour de cette réalité à deux points de vue se dessine une trajectoire qui les rend irréconciliables.
Si j’aime l’écriture de Stéphane Lambert, L’Apocalypse heureuse c’est qu’elle requiert une force d’âme dont les êtres qui consentent et se taisent sont dénués. En énonçant cela, je forme un jugement de valeur. Et c’est précisément ce jugement de valeur qui permet de délimiter le moment à partir duquel le cheminement spirituel est possible. Lire plus sur le blog de Valérie Rossignol, Les Corps célestes