Exposition : Fake News - Art, Fiction, Mensonge (Fondation EDF)
Entrée libre sur réservation du mardi au dimanche, 12h à 19h
(sauf jours fériés) Tél. : 0140423535
Et si les artistes, experts à (se) jouer/fabriquer les frontières de la fiction, du mensonge et de la réalité, pouvaient contribuer au nécessaire recul sur les « fausses » nouvelles ? C’est le pari jubilatoire de l’exposition Fake news : art, fiction, mensonge : inviter dans un joyeux parcours à interroger l’impact des médias et des réseaux et à rentrer en résistance. Laure Kaltenbach, co-commissaire et présidente de CreativeTech révèle les ressorts de cette initiative collective à la fois éclairante et en abime…. et 100% d’utilité publique et esthétique !
Elle court, elle court la fake news.
« FLASH : le gouvernement annonce qu’il taxera désormais le bénéfice du doute » annonce encoreunestp. Ce n’est pas parce que l’Apocalypse cognitif comme le titre Gérald Bronner (parmi les témoins à la barre de l’exposition,) appelle une réponse sociétale à la hauteur de l’enjeu, qu’il ne peut pas être ‘investi’ au sens propre du terme de façon distancié par les artistes invités. C’est la force du parcours jubilatoire proposé de toucher toutes les ‘bonnes’ parties du cerveau, alors que la fake news ne se nourrie que de la plus obscure.
Quoi de plus roboratif de commencer le décryptage de l’information, seul barrage à l’hydre du mensonge en étant à l’écoute des questions que posent de façon décomplexée cette exposition 100% d’utilité publique.
3 questions à Laure Kaltenbach, Présidente de CreativeTech et co-commissaire
Quelles ont été les motivations du commissariat collectif à dédier une exposition d’art aux Fake news ?
L’idée était d’identifier un thème qui soit à la fois dans l’air du temps – le fameux Zeitgest- et qui permette une approche résolument artistique mais aussi pédagogique pour toucher différents publics – et notamment les jeunes générations. L’ambition de la Fondation EDF est en effet de décrypter des sujets d’actualité et d’éveiller les consciences à travers l’art contemporain.
Ce thème des Fake News intrigue autant qu’il fait sourire, effraie autant qu’il interroge. Le commissariat collectif a ainsi proposé de séquencer l’exposition en trois temps : la fabrication, la diffusion des Fakes News puis les remèdes et risques. Nous avons eu une grande chance de réaliser la majeure partie de la conception de l’exposition avant la Covid, ce qui a permis à tous les membres du commissariat collectif de bien se connaître et de créer une formidable alchimie de la complémentarité. Nous avons tous eu un grand plaisir à œuvrer ensemble.
A l’issue de votre quête, qu’est-ce qui distingue l’art d’aujourd’hui de la fake news ?
Notre parti pris était résolument international et multi-supports, avec une volonté de montrer comment les artistes s’emparent des fausses nouvelles, comment ils les créent, comment ils les décodent, comment ils les mettent en abîme, comment ils manipulent les images. Simple parodie, engagement politique ou poésie, les œuvres des 20 artistes sélectionnés sont autant de manières de s’interroger sur le vrai, le faux, le réel, la manipulation, la diffusion, la profusion des fake news. Et ce dans une variété de supports – peinture, photo, art digital, sculpture, sons, film, …- qui matérialise les fakes news : de la fausse Une – joyeuse – du New York Times des Yes Men aux images de guerre truquées sur le fond vert G255 d’Alain Josseau, des afronautes superbement poétiques de Cristina de Middel à la beauté hypnotique des soubressauts du monde de Samuel Rousseau, des faux tweets WeRfake de Patrick Suchet au karaoké sur le Poinçonneur de l’IA de Filipe Vilas-Boas (voir Singulars).
L’artiste peut-il contribuer à circonscrire la prolifération des fakes news ?
L’artiste peut faire réfléchir, interroger, faire sourire ou peur. Il provoque des émotions qui résonnent différemment chez chacun d’entre nous. Cette exposition est à la fois artistique et pédagogique. Nous l’avons vraiment conçue avec cette double volonté, nos choix ont été guidés par cette ambition de faire prendre conscience, sans être donneurs de leçon, que les fake news sont un sujet individuel et collectif, démocratique. La prise de conscience est un premier pas. Et, par le sourire ou par la réflexion, nous espérons contribuer à circonscrire cette prolifération.
Pour aller plus loin :
- le catalogue, Fake News: Art, fiction, mensonge, de Laurent Bigot, Editions LeBord de l’eau, La Muette
- les remarquables dossiers du CLEMI : Les artistes fabriquent-ils des fake news ?
- le livre Apocalypse Cognitif, de Gérald Bronner (voir Singulars),