Allo Alice ? Sapritch à l’appareil ! de Benjamin Husson avec Marie Charlet (Théâtre de Nesle)
Alice Sapritch, une actrice singulière des années 70-80
Son nom résonne encore 30 ans après sa mort (1916-1990). Cette grande comédienne aux mythiques turbans et fume cigarette fait partie intégrante de l’univers du spectacle français et sa personnalité a marqué les esprits. Sa vie parsemée à la fois de combats constants et de coups d’éclat a interpellé Benjamin Husson. Admiratif de cette femme d’exception, il lui redonne vie avec son spectacle pétillant « Allo Alice, Sapritch à l’appareil » au théâtre de Nesle à Paris.
Une personnalité extravagante populaire
En ces temps où la différence ou la singularité est à l’ordre du jour, faire résonner le nom d’Alice Sapritch a tout son sens. De son physique singulier, loin des canons habituels, elle en avait une force comique, inénarrable duègne dans La Folie des Grandeurs ou dramatique : Folcoche dans Vipère au poing (avant Catherine Frot) ou celui de Marie Besnard (avant Muriel Robin).
Première grande star de la télévision
Son statut précurseur est reconnu pour son talent, ses saillies et sa volonté d’exister.
Pourtant, elle a dû toute sa vie lutter pour s’affirmer et s’imposer. Elle s’est battue pour devenir une vedette, elle l’est restée. Elle reçoit la distinction de Chevalier de la légion d’honneur par François Mitterrand.
Un moment délicieux qui ravive des souvenirs
Benjamin Husson nous emmène en octobre 1986, l’année où pour « L’affaire Marie Besnard » Alice Sapritch reçoit le 7 d’or de la télévision. Sans chercher à l’imiter, mais capter son esprit décapant, Marie Charlet incarne avec brio notre truculente vedette. Elle nous reçoit chez elle, au 14 rue Jean Ferrandi, au cœur du quartier st germain, son quartier fétiche, assise sur son légendaire sofa rouge, ses amis lui téléphonent pour la féliciter.
La quintessence comique des années 70-80
Grâce à la touche « haut parleur » ses entretiens sont partagés. Et comme la gloire amène la lumière, tous veulent l’avoir à leurs dîners ou soirées, réussite oblige. Jean Claude Brialy, Michel Galabru, Amanda Lear, Henry Chapier... merci et bravo aux voix d’Anny Duperey, Lio, Helena Noguerra, Patrick Adler, Didier Gustin, Sylvain Marceaux et Jérôme Guichard.
Entre deux coups de fil, elle nous raconte sa vie et ses embûches, ses craintes et ses souvenirs. Décédé 3 semaines après son 7 d’or, nous n’avons pas eu droit à l’appel de Thierry Le Luron, celui qui l’a tant bousculée par ses imitations outrées dans ses shows. Nous n’étions pas dans le bon timing.
Le légendaire Chéri, Chéri, qu’évoque avec sarcasme Marie Charlet dans la pièce est le « surnom » de notre humoriste pour notre actrice. Il aura fait grand bruit sans jamais plaire à Alice Sapritch.
De la lumière aux ombres
Sa vie a été une course, mais aussi une aventure pour atteindre son objectif, être reconnu dans son métier. Le cinéma, l’univers de référence à l’époque pour les acteurs n’a pas sourit à Alice. Mais rien n’arrête notre future star. A une époque où se produire à la télévision n’a pas bonne presse, elle ose pousser les portes des PDG des chaînes et devenir au fil du temps, la première star de la télévision. Elle remporta sur le petit écran succès et honneurs.
« Le chic, le chèque et le choc » était pour Alice, le bilan d’une opération réussie. Le cinéma a su la rappeler, même si elle avait déjà 50 ans.
« Ma vie ne commence qu’avec la télévision »
D’origine arménienne, même si elle née en 1916 à Istanbul, elle quitte la Turquie à 7 ans pour aller à Bruxelles chez sa grand-mère puis enfin Paris, son rêve et au quartier latin, qu’elle ne quittera jamais. Déjà petite fille, son père dilapidant la fortune familiale au jeu, elle avait compris l’importance du mot indépendance financière et liberté.
Restée marié plus de vingt ans, elle s’est forgée une vie à son image burlesque. Alice Sapritch avait cet air haut perché qui l’a finalement monté au sommet de l’affiche avec clairvoyance et parfois des rôles à haute-tension comme celui de Folcoche dans Vipère au poing.
Une admiration murement réfléchie
“Avec ses ailes de géante, Alice avait l’élégance de planer au-dessus de ceux qui ne voyaient en elle qu’un oiseau disgracieux, tout en ne percevant pas l’évidence : sa majesté d’Albatros, sa droiture, son avant-gardisme et surtout sa lucidité, dont l’acuité aussi brillante qu’implacable m’a profondément touché. C’est pour mettre en lumière ces éléments, ce qu’il y avait de l’autre côté du miroir d’Alice, que j’ai eu envie d’écrire un spectacle sur elle.”
Benjamin Husson, note d’intention
Le spectacle fait résonnance à cette admiration bienveillante pour celle qui a su conquérir son public, se faire un nom, faire partie intégrante du quartier Latin et du paysage audiovisuel français.
jusqu’au 23 novembre 2024, 17h, le samedi, Théâtre de Nesle, 8 rue de Nesle, 75006 Paris (France)
écrit et mis en scène Benjamin Husson,
Avec Marie Charlet. Avec les participations vocales de Patrick Adler, d’Anny Duperey, Jérôme Guichard, Didier Gustin, Lio, Sylvain Marceaux et Helena Noguerra.
Page Instagram du spectacle