Amazon VOD : Planetarium de Rebecca Zlotowski (2016)
Disponible sur Amazon Prime Video
Fin des années trente, deux sœurs américaines médiums donnent en Europe leurs dernières représentations. Fasciné, un producteur leur propose d’en faire un film. “Planetarium” est une évocation troublante d’une période prise entre passions et montée inexorable d’un antisémitisme mortifère.
Allier raffinement et affliction.
Il n’est pas difficile de pénétrer dans l’univers de “Planetarium” de la réalisatrice française, après Belle Épine (2010) et Grand Central (2013) et avant la série Les Sauvages (Canal Plus). Pourtant malgré de bonnes, voire de très bonnes critiques à sa sortie, il n’a pas trouvé son public.
Envoûtant par sa beauté picturale
Nimbé d’un léger voile de mystère, comme souvent les belles œuvres, il ne faut pas s’arrêter aux premiers éléments du récit, et accepter de se laisser porter dans un voyage visuel initiatique.
Certains plans sont tout simplement époustouflants de cette quintessence qui éblouit depuis les origines du cinématographe.
Un acte de foi en la magie poétique du cinéma
Le parcours narratif de Planétarium a de quoi fasciné. Il nous dénonce avec une élégance rare et sans aucune véhémence, ce qui la rend d’autant plus émouvante, et efficace, certaines monstruosités racistes qui égrènent jusqu’à aujourd’hui encore l’histoire de notre pays. Ce qui à mon sens aurait dû valoir une standing ovation aux scénaristes Robin Campillo (réalisateur de “120 Battements par minute”),et Rebecca Zlotowski.
Une allégorie en abîme du et de cinéma
De cette histoire de sœurs américaines spirites entraînées dans le tournage d’un film dans une Europe au bord du gouffre, les deux scénaristes tirent une superbe allégorie. Cette période de la fin des années trente autorise à la direction artistique le déploiement d’un glamour magique et mêlé d’une candeur funeste. La mise en scène n’omet pas de faire pointer son pendule sur ces troubles de la passion qui rendent aveugles et sourds aux circonstances lugubres.
Un casting sur le fil du sensible
Revoir enfin Emmanuel Salinger dans un rôle à sa mesure est particulièrement réjouissant. En incarnant un producteur, il met en lumière la mémoire de ce grand homme oublié du cinéma français, Bernard Natan (1886-1942). Son destin tragique occulté (il est mort en déportation à Auschwitz), pendant de longues décennies, trouve ici une belle réhabilitation.
Bien sûr Natalie Portman (Jackie) est une grande actrice est-il encore besoin de le souligner. Quant à la fille “deux” (je veux bien évidemment parler de Lily Rose Depp), bien qu’elle dispose d’un personnage cousu main à même sa personne, elle est parfaite.
Au travers de sa beauté formelle, Planetarium dégage une mélancolie insidieuse qui ravira les esthètes, et interpellera les humanistes.