[And so rock ?] Salut à Charlie Watts, le Buster Keaton des drums

Le batteur métronomique des Rolling Stones est mort. Entre un flegme et une élégance tout britannique, avec Charlie Watts (1941-2021), c’est un pan du panthéon du rock qui s’effondre.

Le métronome du plus grand groupe de rock’n’roll du monde

You’re never as good as your drummer” (tu n’es jamais aussi bon que ton batteur), il faut espérer que cette repartie toute en nuance rock’n’roll ne soit pas totalement vraie.
Car sinon les Rolling Stones ou du moins ce qu’il en reste, et disons-le d’emblée il en reste tout de même pas mal, peuvent se gratter le micro et la guitare. Car leur batteur historique, le Buster Keaton des drums, l’impassible Charles Robert Watts, dit Charlie Watts, est mort; paisiblement dans un hôpital de Londres ce mardi 24 août 2021 à l’âge vénérable de 80 ans. Drôle d’âge pour mourir alors qu’on a été le métronome du plus grand groupe de rock’n’roll du monde.
Nous ne reviendrons pas sur la carrière phénoménale de ce groupe, ça vous le trouverez partout.

 

et son point d’ancrage.

Juste deux ou trois toutes attentions pour rendre, non pas un hommage empesé, mais témoigner de l’élégance, du flegme et de la régularité imperturbable de l’homme derrière la batterie des Pierres qui Roulent.

En fin de compte au sein des Rolling Stones, Charlie Watts a toujours été une espèce de point d’ancrage. Son absence de frasques, mis à part une addiction à l’héroïne et l’alcool vite dissipées dans les années 80, en ont fait la caution british propre sur lui que ses camarades ont sans doute mis plus de temps à acquérir quoique Keef (Keith Richards pour les nons initiés, il y en a encore?), me foutrait une mandale dans la gueule bien méritée pour écrire un truc pareil.

Le jeu de Charlie Watts c’est d’abord la précision.

Et quand on est le patron du tempo c’est juste, comment dire, … fondamental. Même si au coeur du film One + One de Jean-Luc Godard, au cours duquel le démiurge de la nouvelle vague immortalise les Stones pendant l’enregistrement de “Sympathy For The Devil”; Jagger s’approche de Charlie et lui hurle dans les oreilles de se réveiller.

Charlie Watts n’a jamais fait défection, il a toujours été, quelles que ce soient les circonstances, la caution, la conscience en quelque sorte de ce groupe comme aucun autre. Parce que plus jamais un groupe de rock ne durera 60 ans.

Fan de Chuck Berry et de Charlie Parker

Rajoutons un détail qui n’en est pas un, Charlie était un batteur de jazz, ce qui a eu plus que son intérêt pour le groupe qu’il a accompagné pendant ces pratiquement six décennies. Il a d’ailleurs avoué publiquement que le seul rocker ayant une influence sur lui fut Chuck Berry, et non il n’était pas fan d’Elvis, ses potes non plus d’ailleurs lui préférant Berry bien sûr mais aussi et surtout les bluesmen ou James Brown pour Mick.

Charlie Watts lui, fut un fan absolu d’un autre Charlie, Parker celui-là. Et c’est à cause ou grâce au génial saxophoniste qu’il se mit en tête de devenir musicien. Le destin fit qu’il croisa la route d’une bande de dingue de blues. Il avait 22 ans. le reste s’inscrit dans l’histoire du Rock écrite par de jeunes gens aujourd’hui sexagénaires.

Après avoir réussi il y a 17 ans à survivre à un cancer de la gorge, Charlie Watts a continué à prendre la route avec les Stones. Il y a trois semaines, sans doute pour la première fois, toujours aussi circonspect, le métronome annonçait qu’il renonçait à la tournée prévue en Amérique cet automne pour se remettre d’une opération chirurgicale, nous aurions dû nous méfier.

Il doit y avoir ce soir de vieux hell’s angels plus bourrés que d’habitude.

#CalistoDobson