Au printemps, visite ce qu’il te plait : de Ramsès à Basquiat

Un printemps incroyable d’abondance culturelle pour les Parisiens ! La plupart des musées viennent d’ouvrir en quelques jours une dizaine d’expositions importantes, inventives et stimulantes. Derrière le « match des siècles » : Manet/Degas (Orsay) vs Warhol/Basquiat (Fondation LVHMPhilharmonie de Paris), Matisse, année 30 (Orangerie) vs Picasso par Paul Smith (Musée Picasso), le public peut découvrir Ramsès et l’or des pharaons, à coté de 100% L’Expo (La Villette), Songlines (Quai Branly), Surréalisme au féminin (Musée de Montmartre), ou Françoise Pétrovitch : Aimer. Rompre (Musée de la Vie Romantique)… de quoi nourrir toutes les curiosités !
Ce n’est pas l’habitude de Singular’s de survoler l’offre muséale parisienne, mais cette semaine est à marquer d’une pierre blanche tant ce printemps est fertile. Plus d’une dizaine d’expositions importantes viennent de débuter, toutes passionnantes qui hissent par leurs qualités Paris, en capitale des arts.

A tous seigneurs

Manet/Degas (Orsay) vs  Warhol/Basquiat (Fondation LVHMPhilharmonie de Paris)

Qui de ce « match des siècles » l’emportera, les pionniers de l’art moderne, ou les trublions de l’art contemporain ? Manet/Degas vs Warhol/Basquiat, ce sont quatre stars de l’histoire et du marché de l’art, incarnant en leur temps la modernité et la rupture.

Femme au tub selon Degas et Manet (Musée d’Orsay) Photo OOlgan

Hasard des programmations, ses duos d’avant-gardes dans leur collaboration, leur rivalité ambivalente ou leur admiration réciproque sont en regard à un siècle de distance dans deux institutions parisiennes. Leurs moyens exceptionnels leur permettent grâce à des prêts internationaux de concentrer le plus emblématiques des artistes. Attention les yeux et la densité des parcours !

Manet, Course à Longchamps et Degas, Course hippique (Musée d’Orsay) Photo OOlgan

Confronter l’art de Manet et Degas, c’est à la fois l’aboutissement de tout commissaire d’expositions surtout quand on réussir à réunir les plus grands chefs d’œuvre grâce aux prêts publics et privés du monde entier, en particulier américains (une quinzaine du MOMA), c’est aussi un risque, celui de voir l’un débordé par l’autre. Difficile ici de trancher même si l’histoire de l’art l’a fait au profit de Manet (L’Olympia, Déjeuner sur l’herbe), car Degas au fil des salles, et des thématiques intimes (tub, ) ou extérieurs (plages, course de chevaux, …) dans le médium (pâte ou pastel), la construction, les tons sur les toiles : le visiteur aiguise son regard, au fil des rejets des canons académiques, l’art moderne prend pâte et force avec ces deux amis-rivaux, mais qui reste au final l’une des relations les plus mystérieuses de l’histoire de l’art. jusqu’au 23 juillet 2023

Basquiat x Warhol A quatre mains (Fondation LVMH) Photo OOlgan

Basquiat x Warhol A quatre mains (Fondation LVMH) Photo OOlgan

Pas de risque de duel entre Jean-Michel Basquiat (1960-1988) et Andy Warhol (1928-1987), puisqu’ils réalisent à quatre mains environ 160 toiles ensemble de 1984 à 1985. Pour Dieter Buchhart, commissaire des deux expositions, c’est « certainement la plus réussie des collaborations de l’histoire de l’art entre deux grands artistes, jamais égalée à ce niveau et dans ce laps de temps » C’est aussi la naissance de la dynamique de l’art contemporain, en genre propre.

Le ‘mix’ comme on dit d’une musique qui « sample » ou d’un cocktail roboratif fusionne la « rage et de l’engagement de Basquiat à faire exister la figure noire » avec l’ironie  « plus distanciée, de Warhol, et qui a cassé beaucoup de règles, inscrivant l’art populaire dans la modernité classique » selon la commissaire Suzanne Pagé. Le visiteur est happé par le malstrom de signes et des gestes, jette sur d’immenses toiles, happant tout sur son passage, marques, visages et références de la pop culture.

Basquiat Soundtracks ou la bande son de Basquiat (Philharmonie du Paris) Photo OOlgan

Dans ce voyage un rien nostalgique dans le New-York des années 80, finalement très West Side (Fondation LVHM jusqu’au 28 août 2023) et East Side (Basquiat Soundtracks), les visiteurs découvrent que voir quelques 80 œuvres de Basquiat en musique – celle qui écoutait ou faisait – est une expérience sensorielle puissante ! Dans cette plongée immersive avec Basquiat, Singulars vous recommande de commencer d’abord par le bois de Boulogne pour ensuite  se rendre à la Philharmonie de Paris au 30 juillet 2023. Sinon la fondation LVMH vous semblera bien froide !

En embuscade pour le titre de champion de la modernité

Matisse Cahiers d’art (Musée de l’Orangerie 2023) Photo OOlgan

Matisse. Cahiers d’art, le tournant des années 30 (musée de l’Orangerie)

En panne d’inspiration et de radicalité, à l’approche de ses 60 ans, Matisse se met en vacances, il part à Tahiti pour d’autres cieux et rencontres (celle de Murnau). Le fauve a besoin de se réinventer. Grâce aux Cahiers d’Art dont les reportages rétrospectifs le stimulent, à la rivalité stimulante avec Picasso et la commande du Docteur Barnes de ce qui va devenir après multiples recherches, la Danse, il revient dans le jeu de la modernité. Passionnante, ramassée, cette quête de sens et de sensualité est retrace magnifiquement avec des œuvres essentielles et aveuglante de beauté.
Jusqu’ au 29 mai 2023

Célébration Picasso, par Paul Smith (Musée Picasso)

Le 8 avril 2023 marque le cinquantième anniversaire de la disparition de Pablo Picasso. Sa directrice Cécile Debray a donné carte blanche au designer Paul Smith pour un nouvel accrochage « une invitation ludique et joyeuse à redécouvrir tous les domaines de création de Picasso, peinture, sculpture, céramique et arts graphiques, à travers l’œil affuté et espiègle d’un grand créateur contemporain ». Le moins que l’on puisse dire et que la rencontre casse les conventions , très spontanée, sans lien avec l’histoire de l’artiste pour r aborder ce patrimoine sur le mode visuel que n’aurait renier Picasso.
Jusqu’au 27 aout 23.

Ramsès et l’or des pharaons (La Villette)

Ramsès et l’or des pharaons (Grande Halle Villette)

En attendant que le Grand Musée national d’Egypte s’ouvre, c’est une expérience inédite explorant la vie de Ramsès, son règne et sa postérité qui est proposée à la Grande Halle. Le voyage commence par un film aux vues panoramiques spectaculaires, puis se poursuit ensuite à travers tous les trésors amassés et la momie découverte en 1881 d’une cachette de la nécropole thébaine. Depuis sa dernier venue en 1976, le savoir comme les moyens muséaux ont fait d’immenses progrès, qu’il s’agit de découvrir.
 Jusqu’ au 6 septembre 2023.

Plus d’une cinquantaine d’artistes illustrent Surréalisme au féminin, combien de connues ? (Musée Montmartre) Photo OOlgan (1)

Surréalisme au féminin (Musée de Montmartre)

Plus de 50 artistes féminines souvent négligés par l’histoire de l’art qui ont participé au mouvement surréaliste sont (enfin) présentées. Le parcours invite à constater non seulement à l’ambivalente position des femmes dans le surréalisme, mais aussi à l’ ‘incapacité’ d’un des courants majeurs du XXe siècle à y intégrer du féminin. Mais il y a encore tellement à faire pour mettre plus de lumières sur leur travail souvent mis de côté. C’est aussi en se dégageant de ce qui devint parfois une doxa surréaliste qu’elles s’affirmèrent. « Tout contre » le surréalisme, c’est ainsi que Fanny de Lépinau, directrice du Musée définit leurs positions diversifiées et complexes à l’égard du mouvement.
Jusqu’au 10 septembre 2023.

L’Argent dans l’Art (Monnaie de Paris)

Qui mieux que la Monnaie pouvait faire cette exposition sur les rapports rarement abordés entre l’art et l’argent ? « L’art et l’argent partagent une origine sacrée, tous les deux fascinent et sont objet de sublimation. rappelle Jean-Michel Bouhours le commissaire qui a rassemblé plus de deux cents représentations de l’argent, depuis les maîtres de l’Antiquité jusqu’au NFT. L’enjeu est d’ engager une réflexion très intrusive dans les mécanismes de l’argent, dès lors que ceux-ci sont immanents à l’œuvre d’art. Les thématiques telles que « La morale chrétienne de l’argent », « Le monde de la finance », « Que vend l’artiste ? » ou encore « L’Argent exhibitionniste » appellent à la réflexion.
Jusqu’ au 24 septembre 2023

Songlines, chants des pistes du désert australien (Quai Branly) Photo DR

Songlines, chants des pistes du désert australien (Quai Branly)

Immersion en plein cœur du monde aborigène. Transmises de génération en génération, ces songlines – littéralement « chants des pistes »* – guident les pas des Aborigènes à travers le territoire et tout au long de leur vie, comme une véritable carte. Bien plus que des récits légendaires, ce sont de véritables corridors de savoirs, des chemins tracés au fil des millénaires qui renferment les règles fondamentales de la cohabitation sociale, et des connaissances écologiques, astronomiques ou géographiques essentielles à la survie.
Jusqu’ au 2 juillet 2023.

François Petrovitch, Aimer.Rompre (Musée de la Vie romantique) Photo OOgan

Françoise Pétrovitch : Aimer. Rompre (musée de la Vie Romantique)

Fidèle à ses propres recherches (paysages et entre-deux), Françoise Petrovitch nous fait passer de l’autre coté du miroir du romantisme, où l’amour et la rupture se déploient son rythme selon des espaces du musée : « Pour les paysages de la salle dans laquelle j’ai peint des îles, il me semblait important de travailler avec les lavis d’encre, qui permettent de dessiner des endroits, comme la forêt ou l’eau, d’indécision ou de perte de visibilité. Cette technique se dilue et se conduit seule, aussi ; c’est presque quelque chose qu’on laisse faire. On voit moins bien quand la forêt s’obscurcit ou quand on regarde son propre reflet dans l’eau. Par rapport au romantisme, cela m’intéressait de me situer dans ces zones de provisoire. Je comprends profondément les romantiques quand ils évoquent les paysages comme étant de grands réservoirs d’imagination. »
jusqu’au 10 septembre 2023.

Sans oublier

Léon Monet, Frère de l’artiste et collectionneur (Musée du Luxembourg)

À la fois chimiste en couleurs, industriel rouennais et collectionneur, Léon Monet (1836-1917), le frère ainé oublié de Claude (1840-1926). joua un rôle décisif dans la carrière de son frère. En fondant la Société industrielle de Rouen, au cœur de la fabrication des couleurs chimiques, l’entrepreneur décide d’apporter un soutien actif à son frère et ses amis impressionnistes tant dans les recherches qu’en les collectant.
Jusqu’au 16 juillet 2023

Germaine Richier (Centre Pompidou) Photo OOlgan

Germaine Richier (Centre Pompidou)

« Plus je vais plus je suis certaine que seul l’Humain compte » : Appuyée sur près de 200 œuvre, nourrie de recherches inédites, cette rétrospective passionnante démontre combien Germaine Richier (1902-1959) passionnée de la figure humaine, des visages et des corps dans leur vérité, occupe une position centrale dans l’histoire de la sculpture moderne, comme un chaînon entre Bourdelle et Rodin et le premier César, le trait d’union entre deux moments et deux conceptions de la sculpture, à savoir le modelage et l’assemblage
Jusqu’au 12 juin 2023.

quelques chemins de traverse

  • Métamorphoses (Cité des Sciences et de l’Industrie), jusqu’au 24 novembre 2024
  • Des cheveux et des poils (musée des Arts décoratifs), jusqu’au 17 septembre 2023
  • Végétal (Institut culturel bulgare) à travers le regard de la photographe et directrice artistique bulgare Youlia Nikolova, jusqu’ au 19 mai !
  • Paris, capitale de la gastronomie (Conciergerie), du 13 avril au 16 juillet 2023.
  • Mini-monstres (galerie de Géologie du Muséum d’Histoire naturelle), jusqu’ au 23 avril 2023.

et les belles images en musique des « shows » immersifs :

  • Eternel Mucha et l’Art nouveau (Grand Palais Immersif jusqu’au 5 novembre 2023),
  • Harry Potter, l’exposition (Porte de Versailles du 21 avril au 1er octobre 2023)
  • Paul Klee, peindre la musique (jusqu’au 7 janvier 2024) – Tintin, l’aventure immersive (du 22 avril au 7 mai 2023) – Atelier des Lumières

Singular’s reviendra en détail sur l’essentiel de cette offre, quand il aura repris a respiration

#Olivier Olgan