Auteur : Patrice Gree
Article publié le 24 novembre 2024

Malgré la labélisation « Plus beaux villages de France » et « Station verte« , Aubeterre-sur-Dronne a su conserver une authenticité que ces appellations prestigieuses ont malheureusement souvent dérobée aux heureux élus, réduisant la vie de ces merveilleuses bourgs patrimoniaux à un décor marchand pour touristes sans entrain. Échappant au revers de la prestigieuse médaille touristique, cette paisible « cité de caractère », riche de 322 habitants, cache au sens propre un reliquaire exceptionnel. Cette petite perle charentaise incontournable dans sa découverte brille pour Patrice Gree au firmament sud, sud-est des Charentes.

vue d’Aubeterre-sur-Dronne, village charentais préservé photo Gregory Cassiau, Agence Les Conteurs

A moins d’une heure d’Angoulême

Perchée sur sa falaise verdoyante, fière de son histoire, heureuse de son présent, vigilante sur son avenir, A Aubeterre-sur-Dronne, pantalon relevé mi-mollets, pieds nus dans la Dronne, contemple sa ravissante petite plage de sable fin, aménagée pour la plus grande joie de sa population et des touristes de passage. La rivière bucolique, où flottent des kayaks multicolores, chahutent des enfants rigolards, et pêchent d’innocents pacifistes, lui donne d’avril à fin septembre des airs d’août, des airs de grandes vacances.

La balade dans ses ruelles pentues, est un ravissement, offrant une vue magnifique sur les toits de tuiles du bas-village !

Les rues d’Aubeterre-sur-Dronne, une petite perle charentaise préservée photo Patrice Gree

La place d’Aubeterre-sur-Dronne, en Charentes a gardé sa tranquillité photo Gregory Cassiau, Agence Les Conteurs

Les rues sont entièrement bios.

Pas de commerces envahissants, mondialisés, pour venir troubler l’identité des lieux.
Mais si, c’est incontestablement la douceur du paysage qui a fait son agrément, sa singulière église Saint Jean s’est chargée de sa réputation nationale.

Imaginez une église, non pas élevée au ciel, mais creusée dans le sol.

Cette église en grotte a quelque chose de fascinant ! À peine visible de l’extérieur, taillée dans la roche, l’église troglodyte interroge le pèlerin, autant qu’elle fascine le mécréant. Au XIIe siècle, Pierre de Castillon, vicomte du coin et propriétaire du château local, décida d’édifier son église à deux pas de ses appartements.

Mais au lieu de monter des pierres, comme tout le monde, le vicomte inspiré creusa un trou, privilégiant ainsi…l’ombre à la lumière.

Pourquoi pas ?

Inspiré du Saint-Sépulcre de Jérusalem, le reliquaire de l’Eglise Saint Jean d’Aubeterre-sur-Dronne photo Patrice Gree

Après tout, pour accéder à la lumière, divine ou pas, ne nous faut-il pas d’abord, plonger dans nos ombres  ? Et bien pas du tout ! L’explication n’est pas hautement spirituelle, comme aime à le croire le poète amateur, mais beaucoup plus trivial. C’était pour une histoire de gros sous ! D’un côté économiser des deniers…et de l’autre en gagner ! Creuser coûtait moins cher, qu’élever. Et en plus on pouvait revendre les gros cailloux. Pas bête : Le Malin était donc dans l’église…comme la lettre volée, à sa place habituelle. Le chantier dura 20 ans et dégagea 9000m3 de pierre soit l’équivalent de trois piscines olympiques.

Directement inspiré du Saint-Sépulcre de Jérusalem, un reliquaire de 6 mètres de haut, bijou de l’art roman, taillé d’un seul bloc, justifie à lui seul la visite de cette incroyable église.

Ne pas oublier de prendre de la hauteur en affrontant courageusement les 76 marches creusées dans la pierre, pour admirer, à près de 17 mètres, l’ensemble de l’œuvre architecturale.

Il est strictement interdit d’admirer La Rochelle, de barboter à Ré, de pédaler à Oléron et de lire des BD à Angoulême…d’ignorer Aubeterre-sur-Dronne!

#Patrice Gree