Auteur : Robert Mauss
Article publié le 20 octobre 2024

L’Histoire affirme que Nissan en voulait beaucoup à Renault pour l’avoir empêché de commercialiser la Twizy sous sa marque. Moralité, le géant japonais s’est tourné vers une startup espagnole Silence connue pour ses scooters électriques, et maintenant pour ses nanocars. Robert Mauss a testé pour Singular’s la Silence  S04 L6E, modèle que Nissan a choisi de commercialiser en France. Son avis est contrasté.

Qu’est qu’une nanocar ?

Il s’agit d’une toute petite automobile que les pouvoirs publics considèrent comme un quadricycle. Le premier avantage de cette réglementation est qu’il est possible de conduire dès l’âge de 14 ans, avec une formation adéquate. A condition de ne pas rouler sur une autoroute ou sur le boulevard périphérique d’une grande ville.

Robert Mauss au volonat de Silence S04 L6E Photo Robert Mauss (4)

Singulars au volant de la Silence  S04 L6E

Plusieurs constructeurs réputés s’intéressent à ce type de véhicule en les dotant d’une motorisation 100% électrique. Nissan s’est rapprocher de la startup espagnole Silence un jeune industriel catalan connu pour ses scooters électriques pour commercialiser sa SO4 en France.
Avec 2,28m de long sur 1,27m de large, cette voiture fabriquée en Espagne correspond bien à la réglementation. La marque a d’ailleurs repris un principe de fonctionnement en assortissant les roues arrière d’une motorisation électrique. Et surtout de manière originale, cette S04 L6E est équipée de batteries amovibles que le conducteur peut extraire assez simplement et transporter comme une valise à roulettes. Une batterie pèse tout de même 41 kilos.

Une ou deux batteries

Cette Silence est proposée en deux versions : avec une seule batterie pour une autonomie annoncée de 75 kilomètres ou avec deux batteries pour une autonomie doublée. La puissance de chaque batterie s’élève à 5,6 kW/h. Le projet industriel de Nissan et de son partenaire est d’installer des points d’échange de batteries un peu partout, à la manière du loueur de scooters électriques Zeway pour  permettre à ses clients de procéder à un échange depuis des armoires spéciales placées dans de nombreux points de vente.

Les batteries extractibles de la Silence S04 L6E transportables avec un diable à roulettes sont placées sous le plancher Photo Robert Mauss

En attendant la consolidation du réseau, les utilisateurs de la S04 L6E devront se brancher leurs batteries sur le secteur depuis une banale prise électrique. Il faudra compter selon les chiffres du constructeur entre sept et neuf heures de recharge par batterie.

Un équipement rudimentaire

L’intérieur du quadricycle est plutôt austère composé de plastiques durs. Le constructeur a opté pour un équipement plutôt modeste. Le constructeur et son passager peuvent profiter d’une ventilation conditionnée, d’un volant multifonction et du Bluetooth. L’écran conducteur affiche les informations principales comme la vitesse et l’autonomie des batteries. Les rétroviseurs externes sont électriques. On peut tout de même s’étonner de la taille très modeste du miroir central. La S04 L6E possède également des vitres électriques, ce qui n’est pas le cas de toutes les voitures de cette catégorie.

La grande sobriété du tableau de bord de la Silence S04 L6E Photo Nissan Silence

La nanocar peut se démarrer à l’aide de son smartphone via l’appli My Silence Photo Nissan Silence

Pas de GPS ni même de radio.

Il faut poser sur smartphone sur un rangement prévu à cet effet à droite du volant et le relier au système Bluetooth de l’auto. Le constructeur offre tout de même des câbles de branchement USB. Le smartphone fait ainsi office de radio ou de GPS. Nous n’avons pas pu tester l’application censée piloter la voiture. Selon le constructeur, elle permettra d’ouvrir et fermer la voiture, de mémoriser un lieu de stationnement et le niveau des batteries. Dont acte.

Faite pour la ville.

Silence S04 L6E taillée pour la ville Photo (1)

Soyons clair, s’il est techniquement possible de parcourir quelques kilomètres sur la route, cette S04 L6E maniable et légère s’épanouit en ville (avec sa limitation à 50km/h). La direction est précise. Les freins sont d’autant plus satisfaisants qu’ils profitent d’un vrai frein moteur.
La voiture passe les obstacles, y compris ces nouveaux gendarmes couchés qui transforment les rues des villes en gymkhana. Sauf que  les suspensions bien dures font de l’auto un vrai tape-cul. Enfin, il est bien possible d’être à deux, à la condition expresse d’afficher les mensurations d’un mannequin vedette. Le conducteur a le choix entre trois modes de conduite, éco, city et sport, limités à 50!

Dernier regret et non le moindre : le prix.

La S04 L6E équipée de deux batteries que nous avons essayée est vendue 15 000 euros. La version plus simple, 12 000 euros. Samedi soir, nous avons payé 12 euros une course en taxi. Même si l’acheteur peut profiter d’une subvention de 900 euros, avant d’effectuer un millier de courses et davantage, l’eau aura coulé sous les ponts de la Seine.

Robert Mauss