Vins & spirits
Belargus, le renouveau des vins du Layon
Auteur : ISABELLE BACHELARD
Article publié le 18 janvier 2019 à 18 h 50 min – Mis à jour le 19 janvier 2019 à 23 h 06 min
Jo Pithon est une figure du vignoble français installé sur les coteaux qui bordent la rivière Layon, au sud d’Angers. Il a révolutionné l’Anjou au début des années 1990 en pratiquant une viticulture de précision d’où il résulta des vins de caractère, parfois extrémiste, qui enthousiasmèrent curieux et amateurs. Avec sa femme Isabelle Paillé, il a élargi son champ d’action et le domaine Pithon-Paillé est devenu une véritable référence pour les grands blancs, liquoreux comme secs, avec à la base LE cépage ligérien chenin blanc.
Des vins qui expriment un terroir
L’heure de la retraite approchant, Jo Pithon cherchait à passer la main, mais, bien sûr, avec tout ce qu’il avait mis de son travail et de son coeur dans le vignoble, il ne voulait pas vendre n’importe comment. Il avait bien vu de jeunes enthousiastes, mais auraient-ils les moyens de poursuivre son travail ? Ou des investisseurs qui exploiteraient la marque sans nourrir le produit ? La rencontre avec Ivan Massonnat a été décisive, car cet investisseur était tout autant un grand amateur de vin. Il avait déjà un pied dans la campagne de Chinon, mais pas d’idée arrêtée sur le vignoble où il s’installerait. L’important pour lui était de pouvoir y faire des vins qui expriment un terroir.
D’abord le Coteau des Treilles
Au contact de Jo Pithon, Ivan Massonnat a compris que l’Anjou était un terroir à la hauteur de ses ambitions. Il a acquis les 9 ha de son domaine en Coteaux-du-Layon au printemps dernier, dont la base est le fameux Coteau des Treilles, joyau du domaine Pithon-Paillé en Coteaux-du-Layon, un coteau de 3 ha exposé plein sud, qui avait été complètement abandonné à cause de sa forte pente (30 à 70%) et qu’il a patiemment replanté. Peu après, sont venus s’ajouter les 10 hectares du domaine Laffourcade, en remontant un peu la vallée du Layon, dans la micro appellation Quarts-de-Chaume, la seule à porter le titre de grand cru en Loire. Puis, en novembre, la collection s’est vue complétée avec les 45 ares du Clos des Ruchères en AOC Savennières.
Ce coteau abrupt de schistes pourpres, clos de murs, défriché et replanté il y a seulement une dizaine d’année jouxte l’appellation savennières-roche-aux-moines. Y est accolée une maison dotée d’une cave souterraine – rareté en sols de schistes – qui servira de lieu d’accueil et d’élevage. Le clos appartenait à la famille Taillandier qui lui cède un fermage de 2,5 ha sur la même appellation.
Respect des hommes et des lieux
A la tête d’un vignoble de 26 hectares, Ivan Massonnat a engagé une équipe jeune et très qualifiée pour travailler dans le respect des hommes et des lieux. « Je suis sensible à la diversité paysagère. Encore présente ici, elle a pour moi beaucoup de valeur, alors qu’elle n’existera plus jamais en Bourgogne et en Champagne » précise-t-il. Il veut maintenir la forme de nature dans le paysage qui trône dans le Layon. Il croit aux auxiliaires de culture, comme les chauves-souris qui se guident en suivant les haies par exemple. Le bio est aujourd’hui une évidence à poursuivre puisque « il y a beaucoup de bio sur Quarts-de-Chaume, 17 producteurs soit la moitié et encore plus à Savennières ». A terme, le domaine sera conduit en biodynamie et l’ancien vigneron de Muscadet Guy Bossard a été engagé pour mener à bien la conversion.
Le couronnement du chenin blanc
La dégustation des différentes cuvées de 2018, qui finissaient plus ou moins leur fermentation au début de l’hiver est instructive. Chaque barrique a son style, Les Ruchères de Savennières frappent par leur profondeur et feront un grand sec au terme de 18 mois d’élevage, Les Rouères, un des deux terroirs de Quarts-de-Chaume sur sol de poudingues affirme un caractère épicé, le Clos des Treilles impose sa richesse.
Jo Pithon a vinifié et demeure comme consultant, content de transmettre son expérience et de savoir que son vignoble est dans les bonnes mains. Car Ivan Massonnat est ambitieux – mais pas pressé : « Cela va prendre 20 ans pour que le chenin blanc soit reconnu comme les trois autres grands cépages blancs, chardonnay, riesling et sauvignon. Comme le pinot noir, le chenin est un vecteur de terroir. La Loire a été façonnée par le travail des moines, comme la Bourgogne. La coulée de Serrant a été plantée par les Cisterciens au XIIe siècle. Je n’ai pas de doute, il y a un moment où le marché nous suivra ».
En prélude au 1er Congrès International du Chenin Blanc qui se tient à Angers du 1er au 3 juillet, aura lieu au Château du Breuil la Paulée de l’Anjou noir, rendez-vous des vignerons avec les professionnels. Les organisateurs ont choisi le nouveau venu Ivan Massonnat comme président. Jo Pithon avait bien jugé quand il disait de son acheteur : « Il a une vision collective et toute la région va en tirer profit »…
Pour en savoir plus
Il faudra attendre, car le site du domaine Belargus est en construction : –>welovechenin.com
A la suite des gels de 2016 et 2017, il y a peu de vins à la vente au domaine, d’autant plus que…
Il faudra attendre, car le site du domaine Belargus est en construction : –>welovechenin.com
A la suite des gels de 2016 et 2017, il y a peu de vins à la vente au domaine, d’autant plus que les quelques bouteilles restantes des grandes cuvées sont désormais conservées pour préserver la mémoire du domaine. Ils se trouvent chez les cavistes et dans les restaurants. En préambule aux grands 2018 qui se préparent.
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–Château de la Fresnaye
49190 Saint-Aubin-de-Luigné
(140€ la nuit, table d’hôtes)
Tél. : 02 41 78 61 78
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