Vins & spirits

Benjamin Kuentz, alchimiste français de whiskys single malts

Auteur : Thierry Joly
Article publié le 29 novembre 2018 à 17 h 33 min – Mis à jour le 4 janvier 2019 à 12 h 43 min

La France compte aujourd’hui, comme l’Ecosse, l’Irlande, le Japon ou les Etats-Unis des assembleurs de whiskys talentueux et encore assez méconnus. Parmi eux Benjamin Kuentz, dont les single malts révèlent de l’élégance et une extrême finesse. En l’espace de deux ans, la marque française s’est déjà faite un nom chez les connoisseurs.

(D’un) Verre Printanier, Fin de Partie, Le Guip, Aux Particules Vines,….

Ces noms peu habituels dans l’univers des spiritueux sont ceux des whiskys élaborés par Benjamin Kuentz qui aime à se définir comme éditeur plutôt que producteur de whisky. Une dénomination qui, il est vrai, s’accorde bien avec sa démarche qui n’est pas sans rappeler celle de l’américain John Glaser assembleur renommés de single malts (1).
« J’ai commencer à déguster des whiskys à l’âge de 20 ans et j’avais depuis près de dix ans l’idée de créer une marque de spiritueux. A l’origine, je pensais m’associer à un distillateur mais en goûtant la production de diverses maisons je me suis rendu compte que je voulais faire des whiskys différents selon les lieux d’où ils provenaient », explique ce quadragénaire aux origines alsaciennes, bretonnes et berrichonnes qui a pour ambition de créer une gamme de single malts représentative de la diversité de la production et des terroirs français avec pour moto « Si les français avaient inventé le whisky, qu’est ce que cela donnerait ».

Benjamin Kuentz

Benjamin Kuentz en discussion avec un maître de chai de la distillerie Bayon / Lorraine. Photo © William Beaucardet

Collaboration et échanges avec les maîtres de chai

Puisant son inspiration dans des rencontres, des souvenirs, des envies, Benjamin Kuentz commence par écrire la « recette » du whisky qu’il a en tête, c’est a dire une description aussi détaillée que possible des arômes et des sensations gustatives qu’il souhaite retrouver au nez ainsi qu’en attaque, en milieu de bouche et en finale. Ceci fait il va dans les distilleries françaises avec lesquelles il travaille, pour l’heure Warenghem en Bretagne et Rozelieures en Lorraine. Là, il explique de manière aussi précise que possible au maître de chai ce qu’il souhaite obtenir et lui demande les distillats (1) déjà vieillis en fûts de bourbon et de cognac qui pourraient convenir. S’en suit un travail fait d’échanges, d’essais et de dégustations qui s’achève par l’assemblage de plusieurs fûts de single malts afin d’obtenir le résultat désiré.

Inspiré par les charpentiers de marine

Une exception : le Guip, sa troisième création, qui est un single cask (1) de 8 ans d’âge. « Il s’est avéré qu’un fût que j’ai goûté correspondait exactement à ce que je recherchais », explique Benjamin Kuentz qui nous propose là un whisky puissant iodé et tourbé avec des arômes de poire, de caramel, de beurre salé, de malt et un boisé discret. « Mon inspiration est venue du travail des charpentiers de marine du Chantier Le Guip à Brest, à qui j’ai voulu faire honneur, en reprenant des codes de leur travail pour le mettre en bouteille. Eux-mêmes travaillant le bois des chênes des forêts Colbert servant aussi bien à faire des tonneaux que des navires. J’ai donc voulu un whisky bien charpenté, droit et sec comme un bateau bien fait qui tient la mer, légèrement tourbé pour évoquer la nostalgie de la terre que peuvent ressentir les marins en mer et avec une pointe de salinité pour rappeler l’envie de prendre la mer », raconte Benjamin Kuentz pour illustrer son processus créatif.

La gamme des whiskys
La gamme des whiskys français Benjamin Kuentz. Photo © Thierry Joly

Whisky gourmands

Avec ses flacons précédents, il nous avait habitués à des whiskys plus gourmands, plus faciles à boire, mais néanmoins parfaitement équilibrés, complexes et subtils. (D’un) Verre Printanier, un assemblage de whiskys de 5 à 7 ans d’âge vieillis en fûts de cognac et bourbon au nez frais, floral aux notes de fruits frais et de poires avec en bouche du gras, des céréales, du fruit frais et une pointe d’épices.
Fin de Partie, un assemblage de whiskys de 6 à 9 ans vieillis en futs de cognac, de bourbon, d’oloroso et de Pedro Ximenez au nez de pain d’épice et de fruits secs avec en bouche des notes de frangipane, de fruits cuits et un léger fumé. « (D’un) Verre Printanier est un whisky d’avant repas, léger qui ouvre l’appétit et va très bien avec les huîtres », déclare-t-il. « Fin de Partie est plus conventionnel, subtil et aérien. Il a plus de « peps »(1) et réveille le palais après un bon repas tout en restant élégant ».

Benjamin Kuentz dégustant dans de la Distillerie du Vercors. Photo © William Beaucardet

Créer des whiskys de terroir

Sa dernière création, « Aux Particules Vines », est dans le même esprit et résulte d’une rencontre avec un vigneron. Laquelle lui a donné l’envie de faire un whisky avec un finish de 8-9 mois en fût de Puligny-Montrachet du domaine Chartron. Velouté, avec des notes de fruits secs, une pointe de miel et d’épices, légèrement fumé et beurré il est parfait avec un dessert ou après le repas. « Une expérience que je pense renouveler mais avec des finish dans des fûts d’autres domaines », précise Benjamin Kuentz qui depuis un an a ajouté une corde à son arc en faisant également vieillir des jus neufs dans ses propres fûts. Quand seront-ils commercialisés ?… « Quand je serai satisfait, peut-être pas avant dix ans ». Avec comme objectif ultime de travailler avec des agriculteurs, des céréales de lieux différents pour élaborer des whiskys de terroir. « C’est vers là que le whisky français doit aller et nous avons tout pour produire des bouteilles haut de gamme. De très bonnes céréales, une culture brassicole en plein renouveau avec les micro brasseries, un savoir faire ancestral en distillation, des tonneliers réputés et une expertise de l’assemblage ».

(1) Petit lexique :

Pure malt : Whisky obtenu uniquement à partir d’orge malté.
Single malt : Whisky issu de l’assemblage de plusieurs fûts originaires d’une même distillerie.
Single cask : Whisky provenant d’un seul fût.
Distillat ou jus neuf : Nom donné à l’alcool obtenu à la sortie de l’alambic avant son passage en fût.

Où trouver les whiskys Benjamin Kuentz, à quels prix…

whiskys Benjamin Kuentz 

Les prix :

  • Fin de Partie : 59 €
  • (D’un) Verre Printanier : 54 €
  • Le Guip : 75 €
  • Aux Particules Vines : 62 € (Bouteilles de 50 cl)

Où les…

whiskys Benjamin Kuentz 

Les prix :

  • Fin de Partie : 59 €
  • (D’un) Verre Printanier : 54 €
  • Le Guip : 75 €
  • Aux Particules Vines : 62 € (Bouteilles de 50 cl)

Où les trouver ?

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