Britt pose ses collages féministes à travers l’Europe (District 13)

Rencontrée à l’occasion du District 13 ( du 13 au 16 janvier 2025, Drouaut), Britt est une street artiste lyonnaise collant ses images dans des villes françaises et européennes (de Lyon à Marseille, en passant par Naples et Barcelone). Baptiste Le Guay est allée à sa rencontre pour comprendre ce qui se cache derrière l’image d’une jeune fille figée sur les murs.

Britt, Still punk, acrylique sur photo colorée et cadre vintage, photo Baptiste Le Guay

Singular’s : Comment ce personnage de petite fille est apparu et devenu récurrent dans vos collages ?

Britt : J’écoute beaucoup la radio. A l’automne 2019, j’entendais un ou deux féminicides tous les jours. C’est parti comme ça pour les dessiner, sans vraiment y penser. Ensuite c’est mon fils qui est allé les coller dans la rue. Au début c’était mon colleur, il court plus vite que moi (rires). Je colle aussi maintenant, mais lui il peut me les coller beaucoup plus haut et longtemps car il escalade.

Britt, Stay Punk, acryliquecollage et résine sur toile, photo Baptiste Le Guay

Pourquoi vos fonds, au second plan de l’image, sont déjà un mélange de plusieurs affiches collées ensemble ?

Les panneaux d’affichage font déjà un tableau lorsque nous arrachons leurs images. Tous les restes d’affiches collées ensemble, nous pouvons voir les traces de colle, d’arrachage et des transparences. Je fais mon fond avec toutes ces affiches, montrant souvent des annonces de festivals ou de pièces de théâtre. Je les arrache toutes d’un coup ce qui fait un gros paquet d’affiches et je sélectionne celles qui m’intéressent. Parfois il faut un cutter pour l’arracher, d’autres fois elle s’arrache facilement. Je fais mon personnage à l’acrylique ensuite sur le fond.

J’ai utilisé les affiches car je voulais reproduire ce qui se passait sur les panneaux d’affichage. Ce mélange avec des lettres, j’aime ce qui est déchiré.

Pourquoi avoir fait le choix, suite aux féminicides, d’une petite fille plutôt qu’une femme ?

Je trouvais l’image d’une petite fille plus impactant dans ce que je voulais faire passer comme message. Notamment concernant l’écologie et l’héritage que nous laissons aux nouvelles générations. C’est la planète que nous leur donnons en héritage.

Britt, Tante Marguerite – Punk is not dead – Adèle, acrylique collage et résine sur toile, photo Baptiste Le Guay

Britt, Cosmic girl & Miss Amazonia II, collage acrylique résine sur toile, photo Baptiste Le Guay

En parlant d’héritage, ces cadres ovales font office de photos de famille à l’ancienne. Comment vous ai venu cette idée ?

Je cherchais des cadres ovales et en les chinant j’ai trouvé des vieilles photos à l’intérieur. Ce ne sont donc pas des personnes de ma famille mais j’ai peint sur ces anciennes photos. J’ai trouvé ces clichés dans une brocante, c’étaient des photos de communion.

Sur cette photo (ci-dessus), c’est la photo originale sur laquelle je peins. J’ai fait des portraits également où je peins leur tête.

D’où vient cette « obsession » du collage, notamment reprendre des images papiers dans la rue ?

Britt, Fish balloon, acrylique sur photo colorée et cadre vintage, photo Baptiste Le Guay

J’ai toujours aimé regarder les panneaux d’affichages lorsqu’ils sont tout arrachés avec les restes d’affiches. Pour moi, cela constitue déjà un tableau en lui-même. Dans la rue, lorsqu’ils restent des petits morceaux de couleurs d’affiches déchirées, ça peut constituer déjà un tableau sans rien à voir à faire ou ajouter.

J’ai utilisé les affiches car je voulais reproduire ce qui se passait sur les panneaux d’affichage. Ce mélange avec des lettres, j’aime ce qui est déchiré.

Propos receuillis par Baptiste Le Guay le 15 janvier 2025