[Cinéma en salle] DRUNK, de Thomas VINTERBERG (2020)
En salle à partir du 19 mai 2021 – 1h55
Cinéphiles, n’oubliez pas qu’il vous faut réserver pour rentrer dans une salle (à cause d’une jauge imposée de 35%, masque inclus). Par où commencer parmi les 30 films annoncés (sic) ? DRUNK, Oscar du meilleur film étranger et César du meilleur film étranger. Le film signé du danois Thomas Vinterberg (Festen)avec le très tendance Mads Mikkelsen est un hymne au lâcher prise. Bon début de reprise en somme
Enfin un film sur les difficultés (et échappatoires) des hommes à être des Hommes
Depuis les origines du cinématographe, le Danemark s’est octroyé une place de choix dans la cinématographie mondiale. De Carl Theodor Dreyer à Lars Von Trier en passant par Billie August, ce petit pays a su produire un cinéma puissant et exigeant.
Thomas Vinterberg n’est plus un nouveau venu, à ses débuts légèrement cantonné dans l’ombre de l’ogre Lars Von Trier il a très rapidement imprimé nos rétines. Son deuxième film, “Festen” Prix du Jury au Festival de Cannes 1998 ex aequo avec “La classe de neige” de Claude Miller a été le premier à suivre les règles jansénistes du Dogme95. Comprenez une série de 10 principes destinés à viscéralement s’opposer aux grosses productions en particulier Hollywoodiennes afin de ne pas dénaturer la réalité et son propos.
Heureusement, Drunk, (Druk en danois, pour bourré ou saoul en bon français) n’a pas été tourné suivant les règles du Dogme. Il réussit pourtant très bien à nous immerger au cœur de la vie de quatre hommes dont le métier est l’enseignement et la transmission.
Quatre alter egos qui viennent de passer la crête de la force de l’âge, l’un d’entre eux fête ses quarante ans, et qui se retrouvent face à l’inexorable moment de leur vie à se demander ce qu’ils bien foutrent là (en danois dans le texte). Martin est professeur d’Histoire, incarné par un Mads Mikkelsen toujours admirable de justesse, il se traîne ce que nous pouvons appeler une grosse dépression. Sa vie n’est plus qu’un long cheminement vers un néant sans fond. C’est au cours du repas d’anniversaire que le tout frais quarantenaire propose d’expérimenter les théories d’un philosophe norvégien qui édicte le postulat que dans tout homme il manque 0,5 gramme d’alcool dans le sang. Grâce à ce postulat aux relents d’hédoniste de comptoir, se pose la question: que sont devenus les hommes dans une société aseptisée? Une réponse jouissive au politiquement correct sociétal actuel. Une démarche philosophique saugrenue et les verrous sautent. Nos quatre compères vont expérimenter la passation de la bonne vieille crise de la quarantaine au travers de vapeurs d’alcool salutaires. Jouissif, drôle souvent et par moment profondément émouvant Drunk est peut-être le meilleur film de Thomas
Le réalisateur qui au bord du tournage a vécu un drame sans précédent, puisqu’il a perdu sa fille dans un accident de la route. Cette tragédie a-t-elle irradié son film ? Nous ne le savons pas. En revanche, il s’agit bien ici d’une renaissance, de la renaissance d’hommes égarés au fond d’une masculinité percluse d’une culpabilité non dite d’être simplement des hommes.
PS: et si vous l’avez aussi raté, courez voir Josep le magnifique (voir chronique), film français d’animation autour des réfugiés espagnols de la guerre d’Espagne et en particulier de l’histoire méconnue du dessinateur Josep Bartoli.