Cinéma en salles : Ambulance de Michael Bay (2022)
Avec Ambulance, Michael Bay, cinéaste de la démesure exubérante, gonfle aux stéroïdes une série B danoise (Ambulancen de Laurits Munch-Petersen sur Netflix), et emporte le morceau en produisant un film à l’outrance survoltée assumée aux effets spéciaux bien réels.
L’artificier en chef du cinéma d’actions
Depuis Bad Boys (1995), son premier film (et premier carton au box office d’une longue série), Michael Bay est globalement la tête de turc préférée de la critique mondiale. Il faut bien le dire, le réalisateur (entre autres) de The Rock (1996), d’Armageddon (1998) et des quatre épisodes des Transformers (2007-2017) est épris d’une pyrotechnie visuelle bien réelle, mâtinée d’une mise en scène à la truelle qui fait passer la naufrage du Titanic pour un sommet d’austérité.
Entre une myriade de très gros plans enchâssés à la mitrailleuse au milieu de plans larges épileptiques, une musique orchestrée au rouleau compresseur et des intrigues qui ne mâchent pas leurs péripéties plus échevelées les unes que les autres.
En raccourci, le cinéma de Michael Bay est clinquant, ronflant, assourdissant et caricatural. Malgré ce pedigree qu’il traîne pour certains comme une casserole brinquebalante et bruyante, l’artificier en chef reste un homme de spectacle qui veut et réussit à en mettre plein la vue. Avec des recettes explosives très terre à terre loin des effets immersifs digitaux. L’expression, excusez l’anglicisme, bigger than life, tient pour lui de profession de foi.
Un sous-genre du film noir, le braquage foiré
Ambulance, son dernier opus propose une version d’un sous-genre fertile du film noir, le braquage foiré.
Au cœur de Los Angeles, la ville de toutes les excentricités, Bay nous entraîne dans une rocambolesque course poursuite entre une armada de forces de Police et une ambulance transportant deux braqueurs, une infirmière et un jeune policier grièvement blessé. Filmé et mis en scène à la façon d’une apocalypse guerrière, Michael Bay continue de faire ce qu’il sait faire le mieux. Avec des personnages à la psychologie taillée à la serpe, des séquences de flingage à faire passer le débarquement pour un duel de rue, sans oublier un nombre incommensurable de véhicules envoyés à la casse et d’explosions ad hoc sans oublier une pointe de gore bien sentie, il réussit à nous faire manger notre pop corn sans quitter l’écran des yeux.
Un trio d’acteurs
Au casting Jake Gyllenhaal (Donnie Darko, Le Secret de Brokeback Mountain, Zodiac, Source Code) continue sur sa lancée d’acteur de blockbusters en incarnant un braqueur vociférant.
A ses côtés, une nouvelle figure féminine au caractère trempé en la personne de Eiza Gonzalez, apparue dans I Care a Lot sur Netflix, Godzilla vs King Kong, future héroïne de la très attendue adaptation en série du best seller de science fiction chinois Le Problème à Trois Corps. Mentionnons, enfin le vrai faux frère du personnage principal en ex Marine à la recherche d’une rédemption et surtout d’une solution au cancer de la mère de son fils, incarné (assez sobrement du coup) par Yahya Abdul-Mateen II (Les Sept de Chicago (sur Netflix), Matrix Resurrections en Morpheus jeune, et le réussi remake de Candyman).
Une affaire de taille d’écrans
Quand certains prédisent la mort du cinéma (c’était déjà le cas dans les années 70 avec la multiplication des téléviseurs), il est bon de rappeler qu’un film de cinéma peut aussi être un pur spectacle de divertissement et que lorsqu’il est filmé à la tronçonneuse extra large et au mortier détonnant, il est difficile de vraiment en profiter sur un écran de télévision aussi proéminent soit-il. Amen.