Cinéma en salles : Dernière nuit à Milan, de Andrea Di Stefano (2023)
A mille lieues des films d’amour souvent répétitifs, Patrice Gree a préféré un polar italien noir et puissant comme un kawa des Abruzzes filtré par une veuve sicilienne. Cette histoire de flics plutôt corsée réalisé par Andrea Di Stefano, un flic à la veille de son départ à la retraite cède à la corruption tourne au chemin de croix porté par un magnifique acteur Pierfrancesco Favino. Dans Dernière nuit à Milan, les dernières heures de la nuit réservent quelques surprises. Un très bon polar !
Ce film est un hommage à toutes les personnes qui ont pour seule ambition d’être des gens bien. Comme Franco Amore, comme mon père.
Andrea Di Stefano, Note d’intention.
Une histoire de flics
Parfois tu en as marre des histoires d’amour au ciné. Pire encore que celles qui finissent mal…celles qui se terminent bien ! Les premières te chagrinent, les secondes te dépriment. Les mêmes acteurs interchangeables dans des histoires identiques. Un terrible sentiment de répétition t’étreint et te rend muet ! L’amour est une pauvre chose indispensable mais tordue que tu sublimes pour le supporter ! L’homme n’est pas à la hauteur de l’amour…c’est ta conclusion du matin ! Du coup, tu vas chercher d’autres histoires, à mille lieues de l’amour !
Des histoires de flics, par exemple ! Ah, ça oui parce que les histoires de flics, ça oui, tu aimes ça !
Ça tombe bien, y’en a une à l’affiche et une bonne « dernière nuit à Milan ».
Je voulais réaliser un polar réaliste dans une Italie contemporaine, inspiré par l’amour que je porte aux films de Kurosawa et fasciné par les mécanismes du suspens propres à Hitchcock. Dès l’écriture du scénario, j’ai imaginé Franco Amore sous les traits de Pierfrancesco Favino.
Andrea Di Stefano, Note d’intention.
C’est un polar italien serré !
Noir et puissant comme un kawa des Abruzzes filtré par une veuve sicilienne qui, derrière ton dos, rumine un sale coup, pendant que tu fais le kéké dans le séjour ! Franco Amore – formidable Pierfrancesco Favino -flic tranquille, aimant, aimé, honnête et sympathique qui la veille de sa retraite, en rédigeant son discours pour le pot de départ, se félicite de n’avoir jamais tiré un seul coup de feu de toute sa vie de flic, ne sait pas encore le malheureux, qu’il vient d’écrire une grosse connerie ! Cette dernière nuit à Milan sera un enfer… pour une innocente petite faute !
Franco, pour mettre un peu de beurre dans ses épinards de flic mal payé, accepte innocemment la proposition simple du chef de la mafia chinoise-milanaise – reconnaissant de lui avoir quelques jours auparavant sauvé la vie in extremis – d’un petit boulot de 1 heure, ultra pépère qui consiste à aller chercher en voiture à l’aéroport de Milan une jeune Chinoise…
Il faut une certaine dose de courage et de sang-froid pour glisser un pistolet dans l’étui avant de commencer son service, le tout pour 1 800 euros par mois. J’ai écrit ce film en m’aidant du vécu de certaines personnes. Je voulais raconter, avec le plus grand respect, leurs faiblesses, traumas, rêves et histoires d’amour.
Il n’aurait pas dû !
Ce trajet en bagnole sera son chemin de croix. Le bon flic mal payé est tombé dans un piège où son chargeur se videra à plusieurs reprises. Le bon flic sympa devra affronter de nuit sur l’autoroute, ses collègues intrigués de la police, la mafia chinoise pas contente du tout, et sa femme beaucoup plus vénale qu’il ne l’aurait imaginé.
Mais il devra aussi et peut-être surtout affronter l’image du flic honnête qu’un parcours sans faute lui renvoyait avantageusement…
Car le bon et gentil flic mal payé, après avoir traversé cette nuit de terreur se montrera plus retors qu’il ne l’imaginait !
On ne vous dévoile pas la fin totalement surprenante, immorale et donc jouissive.
Très bon polar !