Cinéma en salles : Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson (2022)

Pour notre chroniqueur, il faut se précipiter pour découvrir (si possible au cinéma l’Arlequin 76 rue de Rennes à  Paris seule salle en France à le projeter en 70 mm),  Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson. Cette pizza au réglisse souvent douce parfois amère, du réalisateur américain à la filmographie sans aucun accroc, est un bonheur de film. Au prisme de tergiversations amoureuses, cet exaltant marivaudage au cœur d’un Los Angeles estampillé 70’s, interroge l’air de rien le bienfondé de ce qui dirige nos existences.

Un autre Il était une fois à Hollywood ?

Un ami très cher me faisait remarquer qu’autant il n’avait pas du tout (contrairement à moi), goûté le dernier film de Quentin Tarantino Il était une fois à Hollywood, autant il a adoré Licorice Pizza, dernier film de Paul Thomas Anderson. Cette considération pour m’expliquer à quel point il trouvait un cousinage entre les deux films particulièrement raté chez l’un et parfaitement réussi chez l’autre.

En dépit de l’évocation similaire d’un lieu et d’une époque (Los Angeles à quelques années d’intervalle de 1969 à 1973), ainsi que d’une nostalgique prosopopée hollywoodienne, il me semble pouvoir affirmer que les deux œuvres ne s’inscrivent pas du tout dans la même veine.
D’un côté nous avons le rachat d’un drame effroyable absolu (la folie meurtrière Mason) par un hommage au cinéma et à la création télévisuelle des 70′ et de l’autre, une histoire d’amour semée de petits cailloux aux relents sucrés doux amers.

Un marivaudage pop acidulé

Alana Haim et Cooper Hoffman illuminent Licorice Pizza d’Anderson.

Un jeune adolescent, acteur depuis l’enfance, déclare à une jeune femme croisée à l’occasion de la photo de classe pour l’album annuel du lycée, qu’elle est la femme de sa vie et qu’il va l’épouser.
Plus âgée d’une dizaine d’années, (il a 15 ans, elle en a 25), celle-ci dans un premier temps moqueuse se laisse peu à peu charmer par l’impudente ingénuité du jeune homme à l’assurance en bandoulière. L’amitié amoureuse qui va en découler aura quelques ratés avant de dérouler le tapis de son évidence.

Les deux rôles principaux Alana Haim (dont les sœurs avec qui elle forme le groupe de pop folk rock Haim incarnent sa sororité) et Cooper Hoffman illuminent l’écran de leur spontanéité. En seconds rôles savoureux Sean Penn, Tom Waits et Bradley Cooper incarnent trois personnages issus de cette folie excentrique que seule peut engendrer une ville telle que Los Angeles.

Admirablement filmé et mis en scène, la finesse de chaque séquence ne se dément pas.

À l’image nous retrouvons un grain qui rappelle certains tirages kodak eastmancolor. La bande originale concoctée par Jonny Greenwood guitariste du groupe Radiohead est parsemée de perles authentifiées d’époque qui pourrait en effet être aussi rapproché de celles que les films de Tarantino ont rendu célèbres. Enfin un casting d’une fraîcheur éblouissante font que Licorice Pizza est d’ores et déjà en lice pour la liste des meilleurs films de l’année.

#CalistoDobson