Cinéma en salles : Misanthrope (To Catch a Killer), de Damiàn Szifron (2023)

avec Shailene Woodley, Ben Mendelsohn, Ralph Ineson – 118 mn
En salles depuis le 26 avril 2023 et encore 129 séances prévues.

Après Les Nouveaux Sauvages, et sa galerie de personnages peu recommandables, il y a presque 10 ans,  le réalisateur argentin Damiàn Szifron nous offre avec Misanthrope (To Catch a Killer) un thriller de haute volée qui brouille les codes hollywoodiens du genre. Pour Calisto Dobson, cette pépite brossée par deux acteurs convaincants  (Shailene Woodley et Ben Mendelsohn ) est d’ores et déjà classer dans les meilleures réussites d’un genre qu’il renouvelle.

On produit des films sur le diable, sur des espèces extraterrestres,
mais le danger réel, ça fait très longtemps que je ne l’ai pas vu au cinéma.

Damiàn Szifron, réalisateur de Misanthrope

Il serait amusant de dénombrer les films qui commence sur une vue d’ensemble de buildings au cours d’un feu d’artifice de Saint Sylvestre. En revanche la séquence d’ouverture du Misanthrope, (en bon anglais pragmatique To Catch A Killer), le nouveau film de Damiàn Szifron (membre du jury 2023 à Cannes), provoque un certain effroi, habilement construit par le réalisateur argentin. Au travers des prouesses pyrotechniques des artificiers, un tueur cible des fêtards. Avec près d’une trentaine de victimes sur le tapis, le FBI est sur les dents. L’enquête est confiée à une pointure magnifiquement incarnée par l’acteur australien Ben Mendelsohn, souvent confiné dans des rôles de salopards. Son personnage, du fait de ses méthodes et sa personnalité, se démarque de ce que nous avons pu voir à l’écran dans le genre.

Misanthrope (To Catch a Killer), de Damiàn Szifron brouille les codes du genre Photo Metropolitan FilmExport

Au premier plan c’est Shailene Woodley (récemment vue dans Désigné Coupable de Kevin Macdonald et bientôt dans Ferrari de Michael Mann), qui prend enfin toute la lumière dans le rôle principal. L’actrice de 31 ans (par ailleurs co-productrice du film), interprète avec intensité une jeune flic en uniforme recalée par le Bureau Fédéral. Affligée de perturbations psychologiques que nous ne dévoilerons pas, son profil en fera une collaboratrice de choix pour notre policier passé maître dans l’art de traquer un tueur et d’identifier des potentiels prometteurs.

Shailene Woodley dans Misanthrope, de Damiàn Szifron Photo Metropolitan FilmExport

L’écrivain Aldous Huxley a dit un jour : « Il est parfois plus intéressant de regarder un héros se reposer que de le voir au milieu de l’action. » C’est plus poétique et ça dit beaucoup de choses du personnage.
Damiàn Szifron, réalisateur de Misanthrope

Au premier abord tout a l’air dans ce film de dérouler une enquête lambda. Il n’en est rien, une élégance cinématographique, une narration originale de par son scénario qui déploie un discours sous-jacent bienvenu de messages subliminaux distillés toute en finesse. Sans oublier  ses personnages au profil singulier en font une réussite à saluer.

Sans vous en dire plus, nous avons affaire à une de ces réalisations qui nous réconcilie avec le genre standardisé du thriller à l’ancienne. Vous voilà prévenus.

#Calisto Dobson