Cinéma en salles : Spider-Man : Across The Spider-Verse de Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin K. Thompson (2023)
La multiplication de l’offre sur les plateformes ou ailleurs peut n’avoir pour seul intérêt que d’occuper l’espace, voilà qu’au cinéma en salles, le film d’animation Spider-Man: Across The Spider-Verse explose tous les codes graphiques et narratifs et réjouit nos mirettes extasiées. Spider-Man : New Generation, un premier épisode en guise de coup de semonce, avait déjà époustouflé Calisto Dobson et reçu l’Oscar du meilleur film d’animation, sa suite très streetdibility relègue avec sa inventivité et gourmandise la plupart des films de super-héros en recettes fadasses.
Une réjouissante réinvention
En 2018, apparaissait sur nos écrans un film d’animation consacré à une énième aventure du super-héros de Marvel, le virevoltant Spider-Man.
C’est avec une légitime circonspection, face à la multiplication d’épisodes de ce qu’il faut bien désormais appeler une saga, que nous nous rendions dans une salle de cinéma découvrir Spider-Man : New Generation. Et boum ba da boum ! Quelle ne fût pas notre ébahissement devant ce qu’il nous a bien fallu reconnaître comme le meilleur volet de tous les temps illustrant les péripéties qui parsèment les pirouettes et autres voltiges de l’homme-araignée.
En confiant la réalisation d’un film d’animation au triumvirat Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman, pour revenir aux fondamentaux stylistiques du comics, Disney propriétaire de la marque Marvel, avait réellement réussi son coup, couronné d’un Oscar mérité du film d’animation !
Le film plonge dans une réalité alternative une variation inventive et hallucinante du personnage de l’Araignée. Faisant fi du Peter Parker originel, une ribambelle d’avatars essaime toutes les époques prises dans les mailles d’un ‘multivers’. Nous y suivions les aventures d’un adolescent afro américain et portoricain du nom de Miles Morales, personnage créé dans la foulée de l’euphorie qui accompagna l’élection de Barack Obama, qui après avoir subi la piqûre d’une araignée radioactive se découvrait des super-pouvoirs. En rafraîchissant l’incarnation de l’homme araignée, l’affaire relevait sérieusement le niveau.
https://youtu.be/RTr-lnUgoHY
Une suite relève le défi
Spider-Man : Across The Spider-Verse est la suite des déboires de Miles Morales, désormais nouvelle identité du tisseur de toile. Comment le trio renouvelé de réalisateurs Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin K. Thompson, allait-il s’y prendre pour réussir à égaler l’ampleur de la révolution artistique qui émanait de l’épisode précédent.
Attention divulgation : le trio n’a pas réussi à l’égaler, il l’a surpassé !
Et de quelle façon, plus vite, plus fort, plus drôle et encore plus dense et pénétrant. Encore plus imprégné si c’était possible de tout ce que draine la culture urbaine à coup de références manga mâtiné d’une veine hispanique, cet opus opère une mue esthétique à ciel ouvert. À un tel point que l’épisode précédent a presque l’air d’une esquisse.
Bien plus qu’un film d’animation
Graphiquement chaque scène se démultiplie en une série de tableaux, alliant street art, peinture figurative et bien évidemment animation échevelée. Idoine la musique qui l’accompagne se balance entre la partition originale conçue par Daniel Pemberton, dont le CV déjà bien achalandé garantit un savoir faire cousu main et une bande originale mutante, nourrie d’électronique, de hip-hop aux contours de metal ambient, le tout agrémenté d’orchestrations subtilement ourlées.
Une streetdibility pop gourmande
Spider-Man : Across The Spider-Verse est une œuvre nourrie de ce qu’il y a de plus contemporain. Une contre-plongée au cœur d’une culture métissée abreuvée de tout ce que le genre pop charrie, allant même jusqu’à défier un fond métaphysique sur son terrain. Plusieurs apartés, moments de respiration dans un tourbillon d’images survoltées, font que le propos dessine un portrait convaincant de l’adolescent d’aujourd’hui. Plus avide de liberté, plus précoce dans ses interrogations et bien plus tourmenté que ce que l’on croit.
Le tout acquiert définitivement ses galons de streetdibility.
Sans révéler ce que la fin réserve, la suite promets.