Cinéma en salles : Vampire humaniste cherche suicidaire consentant de Ariane Louis-Seize
Actuellement en salles
Alors qu’une litanie de comédies déferle sur nos écrans, de la plus moisie à la franchement surestimée, nous arrive du Québec une réjouissante variation du film de vampires. Original par son approche, drôle et touchant, engagé sans en faire tout un plat, « Vampire humaniste cherche suicidaire consentant » de la réalisatrice canadienne Ariane Louis-Seize est une réussite à saluer pour Calisto Dobson et à ne pas manquer en salles.
Depuis les origines du cinématographe, le vampire n’a cessé de hanter les écrans.
Des balbutiements d’une catégorie à elle seule, l’archétype aux crocs avides de sang frais aura même créé une descendance en tout genre.
Au travers de la multitude de films qui puisent son inspiration dans l’œuvre de Bram Stoker a fini par émerger une veine parodique baignant avec plus ou moins de bonheur dans la comédie la plus débridée.
De l’acte de naissance du genre en 1967, avec Le Bal des Vampires de Roman Polanski que nous pouvons qualifier de référence de la comédie horrifique en passant en 1980 par le « nanavrant » (pour n’en citer qu’un), Les Charlots contre Dracula de Jean-Pierre Desagnat et Jean-Pierre Vergne ou encore en 1985 le méconnu Séduction à pleine dents de Howard Storm avec Jim Carrey jusqu’à Dark Shadows de Tim Burton en 2012 avec Johnny Depp, les déclinaisons ne manquent pas.
Il fallait avoir suffisamment de ressources en 2024 pour nous en offrir une variation digne de ce nom qui associe originalité, drôlerie et propos intelligent.
Le premier long-métrage d’ Ariane Louis-Seize coécrit avec Christine Doyon coche toutes les bonnes cases.
Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, en dehors de son titre qui en dit long, est remarquable par bien des points.
L’originalité de son dispositif narratif en fait une comédie horrifique romantique drôle et touchante. Une mise en scène toute en retenue déploie une modestie de traitement qui vise juste. La relation entre une jeune vampire qui refuse la chasse suite à un traumatisme d’enfance (que nous dévoilerons pas car à lui seul il contient une savoureuse métaphore), avec un jeune homme dépressif (là encore ne disons rien), est particulièrement attachante.
L’air de rien, le discours de fond qui s’affiche dénigre nos appétits sanglants. Suivez mon regard, la génération végane n’a pas que ses thuriféraires radicaux. Par le biais de notre vampirette, nous comprenons tout en douceur que notre humanité n’est peut-être pas là où elle devrait être.
Quant au mal être de ceux qui ne rentrent dans aucune case, il ne saurait être mieux exposé que dans cette romance sanguinolente et séduisante.
La ravissante comédienne Sarah Montpetit incarne avec sensibilité une vampire contemporaine prise entre son besoin inhérent à sa condition et son dégoût de devoir tuer pour le satisfaire. Félix-Antoine Bénard tout en nuances et touches successives, impose un personnage lunaire prêt au sacrifice ultime de par son désintérêt pour l’existence auquel l’amour donnera un sens.
L’ensemble des seconds rôles est parfaitement au diapason, dont un Steve Laplante qui après On dirait la planète Mars de Stéphane Lafleur et Simple comme Sylvain de Monia Chokri (récemment récompensé par le César du meilleur film étranger), continue d’habiter d’une désarmante bonhomie ses personnages.
Il aura fallu neuf court-métrages à Arian Louis-Seize avant de parvenir à en réaliser un long.
Après ce petit coup de maître, sa carrière devrait être lancée, espérons que son prochain film bénéficie de la même fraîcheur.